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Elevage ovin

Maîtrise du parasitisme au pâturage

La maîtrise des infestations parasitaires est incontournable en élevage ovin tant l’impact zootechnique et économique peut être important. Le GDS 71 poursuit sa série d’articles sur les principaux parasites en élevage ovin : ce deuxième article aborde les parasites du tube digestif autres que les strongles (vus dans l’article la semaine précédente).
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Le ténia, Moniezia
C’est un ver plat qui peut mesurer de 1 à 6 m de long, dont les adultes sont localisés dans l’intestin grêle. Ils ont un corps segmenté, chaque segment contient des appareils reproducteurs mâle et femelle. Les œufs sont donc formés dans ces segments qui sont excrétés dans le milieu extérieur avec les crottes. Le développement se poursuit chez un hôte intermédiaire, l’oribate, un acarien vivant dans le sol des pâtures, qui ingère les œufs. Plusieurs stades larvaires se poursuivent. Les ovins ingèrent l’oribate avec l’herbe, la larve est ensuite libérée dans l’intestin grêle, où elle se fixe à la muqueuse et poursuit le cycle.
Les animaux de première année d’herbe sont les plus sensibles. C’est au printemps et au début de l’été que l’infestation se réalise. Les autres catégories de moutons ont développé un état immunitaire qui réduit, voire supprime, l’infestation des animaux.
Diagnostic : la présence d’anneaux blanchâtres de Moniezia dans les fèces peut s’observer 4 à 6 semaines après une primo-infestation. On peut également observer les œufs de Moniezia dans les excréments (coprologies), mais l’excrétion étant irrégulière, on peut avoir des faux-négatifs.
La prévention : la suppression des oribates dans le sol est impossible. La prévention thérapeutique consiste à traiter les jeunes animaux de première année d’herbe.
▶ Le contrôle de l’infestation des agneaux d’herbe nés en fin d’hiver et sevrés fin juin peut se concevoir avec deux traitements au minimum. Un traitement 1 mois et demi environ après la mise à l’herbe et un second début juillet.
▶ Pour les agneaux et agnelles de renouvellement élevés avec leur mère et pâturant toute l’année sur les mêmes parcelles, il peut y avoir un traitement à 1 mois et demi après la mise à l’herbe, avec une répétition des traitements toutes les 5 à 6 semaines jusqu’en août ; puis un traitement en automne.
▶ Pour les agneaux nés en fin d’été début d’automne, qui sont engraissés en bergerie, il faut effectuer un traitement en octobre si les animaux étaient en pâture depuis août, ou à la rentrée en bergerie.
Pour éviter la contamination des prairies par l’expulsion d’œufs, il faut maintenir les animaux 12 heures au minimum en dehors du pâturage après un traitement.

Les paramphistomes
Parasites du rumen, les larves migrent dans la caillette et le duodenum. Les symptômes sont peu caractéristiques. On observe de la diarrhée et une perte d’état corporel.
Les œufs sont rejetés dans le milieu extérieur avec les fèces. En présence d’humidité au sol et d’une température de 10 à 15 °C, minimum, l’œuf évolue en miracidium, qui se déplace dans l’eau à la rencontre d’un hôte intermédiaire, un escargot aquatique. Il y a ensuite un développement au sein du mollusque, en sporocystes puis en cercaires. Les métacercaires quittent l’escargot et se fixent à l’herbe. Les ovins s’infestent en ingérant les métacercaires avec l’herbe. Le paramphistome peut vivre plusieurs années dans le rumen.
Diagnostic : examen coprologique en fin de saison de pâture sur les différents lots.
Prévention : la prévention agronomique consiste à supprimer les sources d’infestation dans les prairies. L’assainissement de la zone d’infestation, l’ouverture de fossé ou la captation d’une source est le seul moyen approprié. Une autre possibilité est d’empêcher les animaux d’accéder à ces zones à risque. La seule molécule active sur les paramphistomes est l’Oxyclosanide à utiliser en automne ou à la rentrée.

La coccidiose
Cette pathologie est plus courante sur les agneaux en bâtiment mais des systèmes herbagers pratiquant le surpâturage peuvent également être atteints de coccidiose. La maladie est provoquée par la multiplication dans les cellules épithéliales de l’intestin de coccidies (Eimeria). La multiplication du parasite provoque une destruction des cellules, puis une altération de la muqueuse intestinale. Les animaux ont une diarrhée hémorragique, ou noirâtre ou une constipation dans certains cas. Les agneaux malades présentent une laine sèche et un ventre rentré. La mortalité est assez fréquente lors de traitement tardif.
Les coccidies libèrent des ookystes dans le milieu extérieur avec les crottes. L’ookyste peut survivre plusieurs mois en milieu humide contre 3 à 5 jours en milieu sec. Il se fixe à la litière, aux murs, aux mangeoires et aux râteliers. C’est l’élément infestant des moutons.
La première infestation a lieu dans les jours qui suivent la naissance, les agneaux vivent avec une infestation de coccidies. Cette infestation sans symptôme apparents entraine un ralentissement de la croissance des agneaux ce qui allonge les durées d’élevage. Certains agneaux peuvent développer une coccidiose clinique suite à un stress (changements alimentaires, écarts de température). Après un an d’âge et sur les brebis, l’infestation est moins importante et l’excrétion d’ookyste est fortement réduite.
Diagnostic : mise en évidence d’ookystes par examens coproscopiques. Un diagnostic thérapeutique peut être pratiqué. Il consiste à traiter quelques moutons malades avec un anticoccidien et d’observer si la guérison est obtenue les 3-4 jours suivants.

Prévention :
la destruction des ookystes dans les bâtiments, s’obtient par une désinfection avec un ookysticide ou à l’eau bouillante à haute pression. Le sol, les râteliers, les murs jusqu’à 1 mètre de hauteur sont à pulvériser. Pour les agneaux de bergerie, l’anticoccidien peut être distribué avec l’aliment. Pour les agneaux d’herbe, les traitements peuvent être effectués aux différentes périodes à risques.