Le lactocorder
Un nouvel outil d’analyse de la traite

Publié par Cédric Michelin
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Le Spel du Rhône propose depuis un an et demi des visites à la traite avec un nouvel appareil de mesures, le lactocorder. Une cinquantaine de visites ont déjà été réalisées.
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Gilles Collier est éleveur laitier aux Sauvages, près de Tarare, et exploite une SAU de 50 ha. Il possède trente-huit vaches laitières de races montbéliarde et prim’holstein pour une production annuelle de 227.000 l de lait livrés à la coopérative Sodiaal. Il y a trois semaines, Gilles a dû enclencher un plan mammites. Hervé Despinasse et Christian Plasse, conseillers élevage au Spel du Rhône, se sont rendus chez lui pour une visite à la traite, munis d’un nouvel appareil de mesures : le lactocorder. Il s’agit d’un outil d’analyse destiné aux éleveurs laitiers qui rencontrent des problèmes de mammites, de cellules ou souhaitent tout simplement étudier leur performance à la traite. Hervé Despinasse, qui est responsable du déploiement de ce nouveau service auprès des éleveurs du Rhône, a installé chez Gilles Collier un lactocorder par poste de traite, soit six appareils. Pendant toute la durée de la traite, le boîtier a enregistré pour chacune des vaches : la quantité de lait ; son débit ; sa température ; la fin de traite et le niveau de cellules. À la fin de la traite, le lactocorder poursuit ses enregistrements durant toute la phase de nettoyage : quantité et température de l’eau ; quantité de lessive utilisée ; durée du lavage et turbulence. Les données collectées sont ensuite extraites et analysées, puis interprétées.

Décortiquer les étapes de la traite



« Les résultats sont globalement bons », notait Hervé Despinasse au terme de sa visite chez l’éleveur des Sauvages. Dans le cadre d’un plan mammites, le lactocorder permet de décortiquer chaque étape de la traite et de faire ressortir, à la lecture des mesures effectuées, les éventuelles défaillances. « La préparation de la mamelle, par exemple, nécessite de respecter un délai minimum de 30 secondes entre le pré-trempage à la mousse désinfectante et l’essuyage ; il faut ensuite attendre 1 min 30 s entre l’essuyage et le branchement de la griffe », explique le technicien. Ce laps de temps est nécessaire pour que la vache ait le temps de sécréter l’ocytocine, l’hormone de déclenchement du lait. Un manquement à cette recommandation se traduirait par l’enregistrement dans le lactocorder de courbes bimodales de débit au démarrage de la traite, effet d’un branchement trop rapide de la griffe.
Le diagnostic des pratiques à la traite fait partie des actions à mener dans le cadre d’un plan mammites. Il vient compléter le dispositif d’étude plus global de conduite du troupeau laitier, qui peut se doubler, comme c’est le cas chez Gilles Collier, d’une réforme des animaux incurables, d’une modification des protocoles de soin ou du nettoyage et du curage de l’aire de logement des vaches.

Une cinquantaine de visites réalisées



Depuis le lancement du service, Hervé Despinasse a réalisé une cinquantaine de visites à la traite dans le département. Les réseaux de conseil élevage de la Loire et du Rhône se partagent treize lactocorders, qu’ils utilisent à tour de rôle sur leurs secteurs respectifs. Parmi les principaux problèmes que le conseiller a rencontrés à la traite, la préparation et la stimulation insuffisantes de la mamelle reviennent dans 55 % des cas. La surtraite est également importante, surtout pour des installations sans décrochage : elle intervient dans plus du tiers (35 %) des visites. En ce qui concerne le lavage, dans huit cas sur dix la température de l’eau n’est pas assez élevée. Et pratiquement une fois sur deux (45 %), on note une anomalie sur un ou plusieurs postes de traite. Enfin, dans 30 % des exploitations, le lavage manque de turbulence et la quantité de lessive est insuffisante.