Fabien Coulon
« Au service des éleveurs »

Elu président du GDS 71 à seulement 31 ans, Fabien Coulon prend sa nouvelle responsabilité au moment où le groupement de défense sanitaire se voit contraint de toujours faire plus, mais avec moins de moyens… Une véritable quadrature du cercle dans laquelle le jeune éleveur entend sauvegarder l’essentiel.
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Depuis l’année dernière, Fabien Coulon est le nouveau président du GDS 71. Âgé de seulement 31 ans et père de deux enfants, Fabien est l’un des associés du Gaec de la Gravaise à Montbellet entre Val de Saône et Mâconnais. Diversifiée de longue date, cette structure fondée par le père et l’oncle de Fabien est atypique en Saône-et-Loire : elle compte en effet pas moins de cinq ateliers avec des vaches laitières, des vaches allaitantes, des chèvres, une fromagerie avec vente directe et des grandes cultures. De quoi occuper aujourd’hui sept personnes, dont un salarié et deux apprentis. La prise de fonction de Fabien au GDS intervient à un tournant dans la vie du Gaec. Si la structure a atteint sa vitesse de croisière sur le plan technique, en revanche, elle vient de vivre le départ en retraite de l’un de ses pères fondateurs. Un associé de moins qu’il a fallu remplacer par un ouvrier et un second apprenti. Associé du Gaec, le papa de Fabien assurait notamment toute la gestion administrative de la structure, la gestion des appros, l'élevage caprin… Une charge que Fabien reprend en partie, cédant certaines de ses prérogatives au salarié.
Le jeune agriculteur reconnaît volontiers être le plus « éleveur » du Gaec. Alors que les autres membres sont plus spécialisés dans la transformation fromagère et la vente directe (comme Fabienne) ou au contraire être très polyvalents (comme Pierre-Marie), Fabien avoue être le seul à être « tout le temps dans les vaches ». S’il ne s’occupe pas de l’alimentation, du paillage ni des choix génétiques - c'est là le domaine d’Hervé -, en revanche il gère le sanitaire des trois types de ruminants (vaccination, déparasitage…), la reproduction, le bien-être et veille à la bonne productivité des animaux.

Pionniers du suivi de reproduction


A l’installation de Fabien en 2004, le Gaec avait été l’un des premiers à entamer un suivi de reproduction sur son troupeau laitier. Avec la clinique Optivet dans l’Ain, leur cabinet vétérinaire, qui développait alors une nouvelle méthode en la matière, les associés ont été parmi les pionniers de cette approche préventive. En 2007, ils en faisaient de même avec leurs vaches allaitantes puis, « pour des raisons financières », le Gaec s'est tourné à partir de 2012 aussi vers Elva Novia qui proposait à son tour cette nouvelle approche de la reproduction.
Très pointu sur la question, Fabien détaille volontiers le protocole appliqué au Gaec de la Gravaise (lire encadré). « Le but de ce suivi est d’augmenter le taux de vaches pleines à la première insémination artificielle, de diminuer le nombre de vaches vides et de réduire l’intervalle vêlage-vêlage. C’est aussi avoir moins de réformes de vaches vides ; choisir ses réformes plutôt que de les subir », argumente posément Fabien.
C’est cet avant-gardisme en matière de prévention dans la reproduction qui a valu au jeune éleveur d’être repéré par le GDS. Dès 2007, Gilbert Bontemps venait le chercher pour prendre une place directement au conseil d’administration.

Nouvelle approche de la prévention


« A l’époque, trois quarts des administrateurs du GDS avaient plus de 50 ans ! Il y avait un gros besoin de renouvellement », se souvient Fabien. Souhaité par les responsables du GDS, le rajeunissement s’est opéré de façon sensible et cinq des onze membres du bureau ont environ trente ans aujourd’hui. Des jeunes qui, comme Fabien, sont arrivés avec une approche rénovée de la prévention. Une prévention qui ne repose plus uniquement sur de la vaccination, mais sur une conduite optimisée de la reproduction ou encore une amélioration de l’ambiance des bâtiments… C’est d’ailleurs là le véritable cheval de bataille du nouveau président du GDS. « La conjoncture a bien évidemment sa part de responsabilité dans les résultats économiques des exploitations, mais il est des pertes qui ne devraient pas exister », argumente Fabien qui estime qu’il est du devoir du GDS que de faire prendre conscience de ces pistes de progrès. D’autant que, selon lui, prendre soin des vaches taries est plus une question d’organisation que de coûts avec, à la clé, un gain de productivité de 4 ou 5 veaux, donc du revenu supplémentaire, analyse-t-il.
Passionné de technique, le nouveau président du GDS martèle que la prévention avant vêlage est un enjeu majeur en Saône-et-Loire et il en donne les étapes clés : « déparasitage des animaux, préparation de la vache, concentration de la ration, correction des carences par la réalisation de profils métaboliques, maintien d’une minéralisation correcte et, si besoin, vaccinations. Un protocole indispensable qui garantit un bon colostrum, un veau vigoureux à la naissance et, in fine, moins de travail pour l’éleveur ».
Même conviction pour la prévention des maladies respiratoires, lesquelles sont le plus souvent liées à un problème d’ambiance de bâtiment et pour lesquelles le GDS propose des audits gratuits.

Ne pas perdre l’essentiel


En ouvrant son propos par de telles mises au point, Fabien Coulon tient à ne pas faire perdre l’essentiel au GDS 71. « Au regard des crises sanitaires successives et des réformes administratives qui obligent à devoir toujours faire plus, mais avec moins de moyens, il faut veiller à préserver la notion de service rendu aux éleveurs », défend le nouveau président. Un trésor de guerre qui passe par « un personnel consciencieux et compétent ainsi qu’une filiale, Sanhy Services, délivrant une expertise technique et des services à moindre coûts ».
C’est avec cette conviction chevillée au corps que Fabien Coulon aborde chacun des nombreux dossiers auxquels le GDS 71 est confronté. Et il faut bien cela face à la tournure des évènements qui semble tout faire pour asphyxier la mobilisation collective et le mutualisme local. A peine élu, le jeune président devait affronter un nouvel épisode de FCO… Une énième crise dans laquelle le GDS n’a pas ménagé ses efforts et qui s’est pourtant soldée par la déception de ne pas avoir vu fusionner les zones actuelles, laissant ainsi un commerce entravé depuis la zone règlementée vers les zones indemnes.
Parmi les gros dossiers sanitaires, l’IBR qu’on ne parvient pas à éradiquer et pour laquelle « un arrêté ministériel obligera bientôt les cheptels à devenir indemnes et limitera les mouvements des bovins positifs afin que les éleveurs aient pour objectif d'obtenir la qualification indemne pour commercer plus facilement », informe Fabien Coulon. L’éradication du BVD est également dans les tuyaux au niveau national, mais « avec quels moyens ? Qui paiera ? », interroge le nouveau président qui rappelle que la Saône-et-Loire est à la fois acheteuse et vendeuse d’animaux, ce qui complique grandement la gestion des maladies. Et cela « alors que la vaccination reste un moyen peu coûteux, peu contraignant et très efficace », ajoute Fabien.

Les financements fondent et la régionalisation avance…


La question du financement préoccupe beaucoup les responsables du GDS. Comme d’autres acteurs du milieu rural, la fameuse « loi Nôtre et sa déclinaison nous font peur », confie Fabien Coulon. Cette année, l’aide de la région a fondu comme neige au soleil et « le conseil départemental vient de nous priver de son aide via la caisse Coup dur », informe-t-il amer.
Tout cela intervient au moment où l’Etat, qui se désengage à tout va, continue de déléguer certaines de ses missions « moyennant finances », pourrait-on croire… Sauf que, désormais, pour se voir confier ces nouvelles missions - « qui n’apporteront rien aux éleveurs » -, les GDS devront se faire accréditer. Une nouvelle disposition contraignante qui va induire un substantiel surcoût. « Du temps et de l’argent pour lesquels, nous ne toucherons que des miettes », résume le président.
L’autre fléau qui ébranle les organisations attachées aux territoires est la régionalisation. « Au GDS, on ne parle pas de fusion totale », tente de rassurer Fabien Coulon. « Nous souhaitons garder nos entités départementales pour préserver la proximité. Il faut travailler en grande région pour ce qui concerne le financement et la gestion de certaines maladies, IBR, BVD notamment, mais il faut aussi être capable d’être sur le terrain. Le dossier de la régionalisation a son importance car son enjeu est que les GDS soient forts et reconnus », insiste le président avant de faire comprendre qu’au national, soucieux de faire tourner leurs boutiques, certains verraient bien les compétences des GDS rattachées à d’autres structures…
Pour conclure sur une bonne nouvelle, les éleveurs de toute la zone réglementée FCO qui ont eu des animaux bloqués devraient malgré tout se voir verser une aide du Fonds de mutualisation sanitaire et environnementale (FMSE). A suivre...



Suivi reproduction appliqué au Gaec de la Gravaise


Examen post-partum vingt à quarante jours après vêlage pour vérifier l’état des ovaires, détecter les éventuelles métrites, l'involution utérine, l'état des animaux, le remplissage du rumen… Si aucune chaleur n’est observée 60 jours après vêlage, un nouvel examen des ovaires intervient. Si la présence de corps jaune est avérée, un traitement hormonal (prostaglandine) est administré pour provoquer la chaleur.