Vignerons des Terres secrètes
Garantir une trésorerie sereine

Publié par Cédric Michelin
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La cave des Vignerons des Terres secrètes vient de mettre en place un nouveau dispositif d’aide à l’installation à destination des adhérents ou futurs. Premier à en bénéficier, Christophe Corsin à Verzé a ainsi pu consolider son parcellaire pour passer un cap et devenir chef d’exploitation. En plus de la transmission du foncier, la nouvelle démarche se veut sécurisante économiquement puisqu’elle vise à rétribuer les vignerons avant même leur première récolte.
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A 32 ans, Christophe Corsin vient de franchir un nouveau cap. Ce salarié viticole à mi-temps ne pouvait pas pleinement vivre de ses 2,6 ha. Le groupe Jeunes des Terres secrètes entend parler l’an dernier d’un coopérateur décidé à prendre sa retraite ; mais « sans forcément de succession », explique Emeline Meyer-Favre, responsable Vigne et Terroir, qui a suivi ce dossier.
L’occasion pour la cave de se reposer la question de la transmission du foncier. « Nous avons alors décidé de mieux nous structurer pour être actifs, créer un service sur la transmission du foncier et ainsi ne pas laisser partir de surfaces », se souvient Sébastien Malherbe, président du groupe Jeunes. Le conseil d’administration décide alors de « remodeler » son dispositif d’aides, précise Olivier Dufossé, le directeur opérationnel à Prissé.

4.000 € maximum par hectare



Entré à la cave en 2013, Christophe Corsin est ainsi le premier à en bénéficier. Comme il reprend en production 4 hectares 4 ares 65, la cave lui versera en mars une première partie de l’aide. L’aide maximale est de 4.000 €/ha, sans intérêts, dans la limite des surfaces reprises en production. Mais son originalité vient du fait que cet argent est versé en amont de la première récolte. « Cela va vraiment m’aider en mars et en septembre car il y a beaucoup de factures en début de période végétative et lors des vendanges », se réjouit-il.
Mais ce n’est pas tout. Toujours dans ce même souci que la reprise de foncier ne provoque pas « de trous » dans la trésorerie, la rémunération de sa récolte interviendra en décembre de l’année même, alors qu’habituellement la rémunération “classique” s’effectue au mois d’août, une année après les vendanges (N+1). Les acomptes sont étalés sur 14 mois, au lieu de 12, pour pouvoir revenir à une situation de paiement "normale" au bout de quatre ans.

Trésorerie sécurisée
Avec de telles avances, le banquier de Christophe Corsin n’a pas hésité à lui prêter l’argent complémentaire nécessaire à l’achat de foncier. « La trésorerie est sécurisée. La rémunération est constante de l’année 1 à 5 et après elle augmente », selon les simulations comptables de la cave. Pour la coopérative, l’intérêt évident est de maintenir ses volumes, même si ce rôle d’intermédiaire l’expose aussi « à se porter garant auprès des propriétaires ».
C’est pourquoi, en contrepartie, Christophe s’engage sur plusieurs points. L’obligation d’assurer toutes ses surfaces avec l’assurance climat groupée de la cave tout d’abord. Ensuite, un suivi technique “personnalisé” avec Emeline qui inspectera « tous les ans pendant 5 ans » l’intégralité de son parcellaire. Des visites qui n’ont pas l’air d’effrayer Christophe, bien au contraire. « Ce suivi, comme les discussions avec les 18 exploitants du groupe Jeunes, permet d’être rassuré sur cette étape délicate car ce n’est pas pareil de gérer maintenant une exploitation de 7 ha », explique Christophe. Emeline rassure également, pas question pour l’heure de “charger” les visites. L’idée étant un accompagnement progressif – mais complet - pour arriver tranquillement jusqu’à la démarche Vignerons en développement durable (VDD) dans un dernier temps.

Motiver tout le monde



Le conseil d’administration de la cave a également décidé de « ne pas démotiver les coopérateurs en place ». « Ceux qui veulent s’agrandir (dossier de + 20 % de leur surface) pour gagner en efficience pourront rester compétitifs », rajoute Olivier Dufossé. L’aide passe alors à 2.000 €/ha. Ils ont en effet moins besoin d’investir dans du matériel. Hors retraités, l’âge moyen des coopérateurs des Terres secrètes est de 48 ans. Donc plein de projets à venir, comme un prochainement en métayage. Ainsi, tous les vignerons sont éligibles et ce, sans limite d’âge. Le conseil d’administration veille juste à ce que l’aide intervienne bien dans un délai de sept ans maximum suite à l’installation et s’assure que l’aide financière soit effectivement remboursée dans un délai maximum de 5 ans. Les Terres secrètes comptent également attirer au-delà des professionnels ou des étudiants. « Trop se disent qu’ils ne pourront jamais être vignerons car ils n’ont pas de famille dans ce milieu mais la coopérative est une sorte de famille et elle peut les mettre en contact avec ceux qui arrêtent », conclut Sébastien Malherbe, confiant.