Flavescence dorée
Lutte expérimentale en Bourgogne

Publié par Cédric Michelin
-
La Bourgogne se veut en pointe dans la lutte contre la flavescence dorée. Les résultats de ces dernières années semblent lui donner raison. Le nombre de foyers est en baisse et la dispersion de la maladie semble contenue. Et ce, en grande partie grâce au travail de toute la profession qui prospecte sans relâche l’ensemble du vignoble chaque année. Les vignerons respectent ensuite l’arrachage obligatoire des pieds infestés et suspects, tout en plantant ensuite des pieds sains, traités d’abord à l’eau chaude.
131488--Flavescence_doree_cicadelle.jpg
Mais la filière bourguignonne est allée plus loin. Depuis deux ans, après chaque prospection, les pieds suspects font l’objet de prélèvement de feuilles pour savoir s’il s’agit de pieds infestés par le phytoplasme de la flavescence dorée. Au laboratoire départemental de Saône-et-Loire, l’analyse peut se révéler négative ou positive. Lorsque l’échantillon est confirmé positif, il est alors envoyé à l’INRA de Bordeaux pour faire l’objet d’une deuxième analyse et ainsi déterminer le génotype du phytoplasme en présence. Le BIVB finance ces recherches menées à l’INRA de Bordeaux.

Quatre génotypes principaux



En effet, les scientifiques savent qu’il en existe plusieurs types. Quatre grands génotypes ont été répertoriés pour l’heure : FD1, FD2, FD3 et PGY, ce dernier ayant été identifié en Allemagne pour la première fois. FD2 est la forme la plus épidémique. Il s’agit de celle à l’origine du foyer de Plottes par exemple. Le génotype de ce phytoplasme lui permet en effet d’être très facilement vectorisé par la cicadelle Scaphoidus titanus. Elle est donc capable de transmettre la maladie, et les insecticides préconisés dans les plans de lutte la prennent pour cible, faute de savoir comment soigner les pieds infestés directement.

Davayé et Saint-Aubin



En attendant de plus amples solutions, l’an dernier, à Davayé et à Saint-Aubin (Côte d’Or), des pieds isolés positifs ont été diagnostiqués comme étant infestés par le phytoplasme présentant un génotype de type PGY à Davayé et FD1 à Saint-Aubin.
Difficile donc de savoir comment ils ont pu être contaminés puisque les scientifiques ne sont pas sûrs que les cicadelles de la flavescence dorée soient en mesure d’accueillir ces génotypes et donc de transporter ces phytoplasmes. Une chose semblait sûre, le risque épidémique de diffusion aux alentours était moindre. En accord avec le SRAl et la préfecture, la profession (CAVB, Fredon, BIVB) a mis en place des zones à zéro traitement insecticide autour de ces deux foyers. Une prospection "renforcée" a été faite pour valider l’expérimentation et prévenir toute contamination. Il s’agit d’une expérimentation inédite en France.

Autres insectes et autres habitats



Pour résoudre le mystère de l’arrivée de ces pieds isolés, l’Inra étudie maintenant la piste d’autres cicadelles (et fulgores, insectes proches), se nourrissant également d’autres plantes - sauvages - en plus de la vigne. Ce qui expliquerait une transmission inter-espèces végétales. Sans en être définitivement sûr, des soupçons pèsent sur deux plantes hôtes pour ces insectes : l’aulne et les clématites. Sur Davayé et Saint-Aubin, avec l’aide des techniciens des chambres d’Agriculture et de la Fredon, les vignerons ont référencé les clématites pour permettre d’analyser et de simuler les déplacements et contaminations possibles.
Tout ceci a un coût collectif mais cela a permis d’éviter des traitements là où cela n’était pas nécessaire, malgré la présence de pieds positifs, mais non contagieux. Et la Bourgogne fait avancer les connaissances sur cette maladie et sa transmission pour le bien de tous, y compris de l’environnement. Ce qui est bien dans l’objectif de son Plan Bourgogne 2020.