Open agrifood Orléans 2015
L’occasion d’un partage

Publié par Cédric Michelin
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La deuxième édition du Forum Open Agrifood aura lieu ces 18 et 19 novembre 2015. Pas moins de 1500 personnes par jour sont attendues pour tenter ensemble de réenchanter l’agriculture de demain. Interview d’Emmanuel Vasseneix, vice-président d’Open Agrifood
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Comment vous est venue l’idée de porter ce projet ?
Emmanuel Vasseneix : Florence Dupraz est venue vers nous pour nous proposer l’idée. Je suis moi-même quelqu’un qui réfléchit beaucoup aux questions de nutrition, d’alimentation et des évolutions de consommation. En fin de compte, c’est un mélange de problématiques personnelles et d’entreprise, de conviction en tant que citoyen français et père de famille, qui naturellement m’amène à m’investir dans ce projet. C’est tout ce mélange-là qui me fait dire que nous devons faire un forum comme celui-là. Il y a une vraie frustration de voir qu’on est, en France, une terre d’excellence agricole , agroalimentaire et gastronomique , et en même temps que tout cela soit à tel point bafoué sur l’autel du productivisme sans partage .

Quel est le but de ce forum ?
EV : Ce forum a pour ambition de réunir les gens autour de la table. Le mot « open » est un mot fort, avec des acteurs économiques, des ONG, des groupes de consommateurs présents à cet évènement. Ce que l’on vit aujourd’hui, et moi-même dans mon entreprise, c’est cette recherche permanente d’amélioration de la qualité de nos produits. Et le paradoxe, c’est qu’on n’a jamais été autant décrié par rapport à ce que nous faisons, ce n’est pas juste de la faire sans savoir.

Qu’est ce qui fait, selon vous, que le secteur agricole soit autant décrié ?
EV : Plusieurs choses. Le domaine de la fraude, avec le scandale de la viande de cheval notamment, ne permet pas de donner confiance au consommateur. Rappelons tout de même que l’agriculture est moins décriée que l’industrie agro-alimentaire. La transparence est devenue inéluctable. Il faut continuer à aller vers plus de transparence. Pour le vivre au quotidien, quand on va voir les gens pour leur expliquer nos métiers, par les biais d’internet ou via des ONG comme Greenpeace avec lesquelles nous travaillons, l’impact est toujours positif.

Qu’est-ce qui vous touche actuellement ?
EV : La problématique du gaspillage alimentaire est réelle. Nous sommes des gens qui avons des problèmes de riches dans nos pays. Près de 90% de la population mondiale mangent pour s’alimenter. Nous, nous avons une vision gastronomique de notre alimentation. C’est tout ça l’open. C’est de pouvoir comprendre des modèles de production mis en place ailleurs dans le monde. Ce qui est riche c’est le partage. On ne va pas révolutionner les choses non plus mais à la veille des élections présidentielles, on peut tracer un vrai programme entre consommateurs, industriels, distributeur et agriculteurs. Il y a 60 ans, on a demandé à l’agriculture d’après-guerre de produire pour nourrir. Retravaillons maintenant sur les modèles de qualité. Utilisons la technologie comme outil de progrès nutritionnel et sanitaire, un exemple, nous avons divisé par dix l’utilisation de pesticides.

Est-ce que des propositions concrètes vont être soumises à la suite de ce Forum ?
EV : On va écrire un livre blanc, de manière très interactive, à destination de la Cop21 en présence de grands industriels qui proposeront des idées innovantes. J’espère qu’on va produire des idées à mettre en application.

Qu’est ce qui avait abouti de la première édition ?
EV : À la suite de la première édition, une enquête avait été commandée auprès des différents secteurs de l’agriculture en ciblant les préoccupations d’approvisionnement et de qualité des matières premières. Des groupes de travail se sont ainsi formés avec la production d’idées et de résultats. C’est ça qui est formidable dans l’Open Agrifood. Le quotidien est « touché » un peu partout. Je me bats également pour une éducation alimentaire équilibrée. Il faut savoir, par exemple, qu’on a enregistré une baisse de 29 % de consommateurs des petits déjeuners en 10 ans.