Parcelles de vignes gelées
Chaque grappe compte

Publié par Cédric Michelin
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Sur la Côte chalonnaise, entre autres, Mercurey et Rully ont vu une partie de leurs vignobles geler au printemps. Avec des concentrations rapides, les vendanges ont débuté milieu de semaine dernière, obligeant à parfois bouleverser l’ordre habituel des récoltes. Les effectifs de vendangeurs ont été souvent revus à la baisse. Mais pas question, vu la qualité des raisins, sains et matures, de laisser une seule grappe. Car, les rendements sont en chute libre… Une nouvelle fois malheureusement. Et les questions sont nombreuses en termes de trésorerie et de commercialisation futures déjà.
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Heureusement que le soleil presque estival faisait du bien au moral après une année noire, comme la Bourgogne en avait rarement connue. Rien ne lui aura été épargné : gel, grêles, mildiou, oïdium… Cette arrière saison ensoleillée fait donc du bien aux raisins qui murissent et présentent la plupart du temps, une situation sanitaire saine. Dommage que les rendements des vignes gelées soient donc si faibles. Si la pluie du weekend du 17-18 septembre a fait du bien, « une semaine plus tôt aurait été mieux », explique un prestataire vendangeant à la machine des pinots noirs à Mercurey pour le compte d’un Domaine à Demigny. Mais c'est mieux que s'il n'avait pas plu, reconnaît-il.

Viser la qualité



Sur la parcelle au dessus par contre, l’équipe de Vincent Dureuil-Janthial ramasse une parcelle de chardonnay, « 100 % à la main » comme toutes celles du Domaine, explique Emilien, un permanent. « Il y a des beaux degrés », 13 ° potentiels ici, selon l’analyse au réfractomètre. Mais, les volumes seront faibles. Sur 20 ha de son parcellaire, 15 ont gelé. « Hier jeudi, sur 2 ha, nous avons récolté 50 hl au total », regrette-t-il. Et pourtant, ce n’était pas les vignes les plus fortement gelées apparemment. « On va vendanger la moindre grappe qu’on pourra ressortir », se motive-t-il. Les tables de tri (vibrantes et roulantes) permettront, lorsque l’état sanitaire le nécessite, de faire un tri « sévère » pour maintenir la qualité des vins.

S’adapter aux petits rendements



Un peu plus loin, de retour sur les terres de Mercurey, du Domaine Briday, Marie-Odile donne des conseils à sa vingtaine de coupeurs. « On ne vendange jamais en descendant une parcelle », explique-t-elle, se rappelant sa formation MSA sur le sujet. Là encore, « tout » sera vendangé à la main sur cette parcelle à moitié gelée. Néanmoins, « les grumes ont bien pris la pluie et le vent du nord mardi avec le soleil » a assaini les raisins. Sur les hauteurs de mercurey, Gilles et Nicolas Trémeaux, respectivement Père et fils du Domaine éponyme, ont décidé de vendanger en premier les parcelles gelées. 4 ha au total qui ne sortiront pas « 20 hl/ha », déplore Gilles, 55 ans, qui n’a « jamais connu » une telle campagne. « Il faut pas louper le raisin qui reste. On pourrait presque courir dans les rangs pour vendanger ». Lui et son fils ont salarié après « la grosse équipe » (35) pour continuer le reste des 10 ha du Domaine qui devrait néanmoins réussir à produire des vins de qualité.

Garder pour ses clients



Un autre sujet les inquiète déjà : la commercialisation. « Je vais faire un tri sévère. Il ne faudra pas vendre n’importe quoi », prévient-il. « Il va falloir que je garde mes clients », soit 250 hl en direct les années normales. L’autre moitié partant à des négociants. Des négociants qui font le tour. Les rumeurs vont bon train sur le terrain avec des prix montant à 1.800 € la pièce de mercurey. « C’est des on dit : les négociants ne vont rien trouver à acheter ». Le Domaine Trémeaux pense en effet finir avec une moyenne de 35-37 hl/ha. Ils sont malheureusement loin d’être les seuls dans ce cas.
Au milieu du village de Mercurey, dans une vigne particulièrement gelée, Stéphane, pour le Domaine Lacroix se désole : « on a fait appel à une équipe de vendangeurs au lieu de la machine. On a des super degrés. Mais il n'y a rien. On a rempli une benne (1,8 t) depuis ce matin ». Et il est déjà l’heure de finir cette journée de vendange, vraiment particulière. Plus de frais engagés et moins de produits. L'année sera dure.