Vœux 2016 des Jeunes agriculteurs
La nécessité de réformes structurelles

Publié par Cédric Michelin
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Les Jeunes agriculteurs - qui fêteront leur 50e congrès du 31 mai au 2 juin à Mâcon - ont dévoilé leurs objectifs pour 2016 en soulignant l’importance de mettre en place des orientations structurelles et non plus simplement conjoncturelles. Aussi, le syndicat a souhaité communiquer son engagement sur le sujet de l’installation des jeunes.
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« Après une année 2015 orientée sur plus de prix et moins de normes, les enjeux 2016 sont sur l’obtention d’avancées sur des sujets plus structurels », annonce Thomas Diemer, président des JA, le 21 janvier à Paris. Le syndicat souhaite ainsi, développer quatre axes prioritaires.
D’abord la coopération pour « remettre du lien entre le syndicalisme et les outils économiques », explique Florent Dornier, secrétaire général des JA, puis le volet de la contractualisation, « car on a besoin de se sécuriser et d’avoir de la visibilité » avec une signature tripartite entre producteurs, transformateurs et moyennes et grandes surfaces, dans un univers où la libéralisation des marchés va à grand train, rappelle-t-il. Le troisième volet concerne le regroupement de l’offre ou l’importance de raisonner en stratégie filière face à « l’hyperconcentration du secteur de la distribution ». « Je rappelle que quatre centrales d’achats représentent 90 % des achats alimentaires », précise Thomas Diemer. Le dernier point énuméré se rapporte à la valeur ajoutée. « Il faut arrêter de croire que l’agriculture française peut-être compétitive avec des pays comme le Brésil ou la Chine », interpelle Florent Dornier, faisant référence à la différence de taille des exploitations. Selon lui, il serait nécessaire de revoir les systèmes et privilégier le « manger français » en rendant l’étiquetage obligatoire par exemple dénonçant au passage le cercle vicieux du manger moins cher avec un produit à bas coût en intensifiant les productions. « Si on veut conserver une agriculture familiale et transmissible il faut qu’on s’oriente vers autre chose » insiste-t-il. « Certes, ces points structurels ne ramèneront pas de la trésorerie dans les fermes la semaine prochaine mais ces réformes nous paraissent inévitables », résume-t-il. En outre, les représentants des JA souhaitent améliorer les relations entre producteurs et coopératives qui rencontrent des difficultés de dialogue sans vouloir pour autant « faire des procès d’intentions », vis à vis des structures qui se projettent à l’international. « L’ambition des coopératives à l’export n’est pas incompatible avec les besoins des agriculteurs français mais peut-être le font-elles trop vite » mettant en garde le risque de ne plus « avoir de pilote dans l’avion » prévient Jeremy Decerle, vice-président des JA.

Les installations



Alors que les chiffres officiels pour l’année 2015 seront publiés pendant la période du Salon de l’agriculture fin février, la tendance générale suggère un recul du nombre des installations aidées. Principalement dû « aux difficultés administratives impressionnantes » souligne Jérémy Decerle. En effet, selon le syndicat, le « ping-pong administratif » entre l’Europe, les régions et le ministère de l’Agriculture a clairement retardé et même découragé l’installation de nombreux jeunes. Les premières dotations aux jeunes agriculteurs sont ainsi arrivées en juin 2015. A cela, s’ajoute la grave crise que traverse le secteur agricole, ce qui n’a pas aidé à attirer de nouveaux postulants. Concernant l’année 2016, il n’y aura « normalement pas de difficultés administratives prévues » commente prudemment Thomas Diemer, même si la conjoncture économique continue d’être particulièrement impactée. Pour information, le président des JA précise qu’en moyenne 11.000 installations, toutes confondues, se font sur le territoire chaque année, dont la moitié représente les installations aidées, éligibles selon plusieurs critères (âge, revenu, niveau de formation etc.).