Caves coopératives
Des pistes pour installer

Publié par Cédric Michelin
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Le congrès des caves coopératives, qui s'est tenu les 2 et 3 juillet à Perpignan, a mis au jour plusieurs plusieurs pistes pour favoriser l'installation des jeunes. Ces leviers sont notamment l'accès au foncier, une plus grande sollicitation des aides européennes existantes, une simplification des formalités administratives, et un effort accru de marketing.
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La CCVF a examiné pendant ses deux jours de congrès les éléments qui peuvent faire l'attractivité des caves coopératives : l'accès au foncier pour les jeunes viticulteurs, une meilleure utilisation des aides européennes existantes et une simplification des formalités administratives, toujours plus complexes, d'après Boris Calmette, président de la CCVF. Enfin, des actions accrues en marketing, indispensables dans la perspective de constitution d'un vignoble de vins sans IG (indications géographiques), comme l'a montré la table ronde de l'après-midi de clôture du congrès.

L'accès au foncier par les coopératives est un dossier général des coopératives françaises, pas seulement vinicoles, mais la CCVF porte haut ce dossier depuis plus d'un an. Dans sa réponse à Boris Calmette, Catherine Geslain Lanéelle, directrice de la DGPAAT du ministère de l'Agriculture (direction générale des politiques agricole, agroalimentaire et des territoires) a indiqué que la question du foncier agricole « a été prise en compte dans le projet de loi d'avenir, avec la possibilité donnée à toutes les coopératives agricoles d'être membres de groupements fonciers agricoles ».


Vers plus d'aides structurelles



Un levier important pour rendre les caves coopératives attractives est de renforcer leur compétitivité « par le haut » et non en étant moins-disant par rapport au concurrent sur le plan des prix, a souligné Boris Calmette. « Être compétitif, ce n'est pas sacrifier l'emploi, c'est trouver de nouvelles pistes pour assurer un revenu à nos coopérateurs tout en conservant nos valeurs », a-t-il développé.
Or, les caves coopératives sous-utilisent des outils qui sont à leur disposition, a signalé la directrice de la DGPAAT.
Les coopératives vinicoles sont invitées à utiliser davantage les aides structurelles européennes. D'une part elles n'utilisent qu'une faible part, moins de 20% des montants de soutiens européens, à la promotion des vins dans les pays tiers. Pourtant, la promotion est un levier de la visibilité des vins français. De même, elles ne sollicitent qu'un tiers des montants alloués à l'investissement. Là aussi, « ce soutien est un instrument central pour accompagner la stratégie, en particulier les regroupements par le biais de fusions ou d'unions », a précisé Catherine Geslain Lanéelle.
Gagner en compétitivité pour être attractif, « cela passe aussi par d'autres moyens, comme la simplification de la réglementation », a lancé Boris Calmette. Or, l'activité économique des 670 caves coopératives et unions « est freinée de plus en plus par une réglementation écrasante ». « Les mesures qui s'appliquent aux entreprises n'ont jamais été aussi complexes ». Pour le président de la CCVF, il existe un vrai potentiel de démantèlement de mesures non justifiées. Un exemple : les contrôles auxquels sont soumises les caves coopératives pour leurs instruments de pesage. « Il n'y a aucune transaction commerciale entre le coopérateur et sa coopérative ». Un tel contrôle « n'est pas justifié entre nous, coopérateurs, qui décidons ensemble de notre rémunération ».

L'effort doit porter sur l'aval



Enfin, la table ronde organisée en fin de congrès a clarifié les priorités à définir dans la commercialisation. L'effort doit porter sur l'aval, selon Gérard Bertrand, producteur, propriétaire de vignes et négociant, et à ce titre p.-d.g. du groupe Gérard Bertrand. Pour lui, la filière française, marquée par son savoir-faire, doit le faire savoir. Cela passe, pour les appellations et les IGP (Indications géographiques protégées) par du marketing axé sur les terroirs. Pour la production de vins sans IG que la filière française compte développer, il faut savoir à qui on le destine. « Aujourd'hui, vendre du vin est un véritable métier », remarque-t-il. Les vins sans IG peuvent servir de bases industrielles pour des vins mousseux, pour des vins aromatisés.
Gérard Bertrand a estimé que la filière a raté un virage en 2007, en n'ayant pas pris en compte les recommandations d'un rapport appelant à des actions de communication soutenues. Gérard Bertrand croit à l'effet multiplicateur de l'œnotourisme pour diffuser la notoriété des vins français.