Herbomètre
Un outil pour gérer l’herbe

L’herbomètre… Oh, chacun voit bien de quoi on parle, mais peu, trop peu, l’utilisent sur leur exploitation. Présentation et usage d’un outil dont chacun devrait s’équiper.
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Depuis quelques années, nous abordons la gestion de l’herbe en parlant de la hauteur disponible. A partir d’une hauteur connue, il est en effet possible d’avoir une notion chiffrée de la quantité d’herbe présente, exprimée en tonne de matière sèche par hectare. Cette information permet ensuite –en fonction des besoins des animaux– d’avoir une idée du stock d’herbe sur pied et donc des jours de pâture disponibles. En somme, c’est là un raisonnement qui est très proche de celui que l’on tient en réalisant un plan d’alimentation hivernal avec un stock dans les hangars et des animaux à nourrir sur une durée donnée.
Nous encourageons les éleveurs à s’équiper d’herbomètre, un outil très simple d’utilisation qui permet d’avoir une bonne appréciation de la hauteur d’herbe en instantané sur une parcelle. Il y a une lecture directe et un conseil de gestion qui en découle, fin de pâture, fauche conseillée…
Pourquoi faire des mesures ?
Pour continuer le parallèle avec un plan d’alimentation, quand les rations sont calculées, il convient de vérifier les quantités distribuées et surtout ingérées par les animaux, il y a donc une première approche théorique suivie d’une confirmation de terrain.
En pâture, c’est la même chose : une prévision d’allotement doit être réalisée en tenant compte du potentiel des sols et du type d’animaux considéré. Ensuite, il est nécessaire de se situer par rapport à l’année fourragère et c’est là que l’herbomètre donne des informations intéressantes : est-ce que je suis proche de ma prévision ? Ou bien suis-je en train de me faire dépasser ? Ou encore vais-je bientôt manquer d’herbe… ?
Cela permet d’anticiper les évènements et de mettre en place des stratégies d’adaptations : fertilisation d’ajustement, agrandissement, déchargement, retrait de surfaces…
Comment utiliser une mesure ?
L’herbomètre donne une hauteur d’herbe en tenant compte de la densité de celle-ci. Ceci est important car, parfois, on pense avoir de l’herbe, mais le faible nombre de pieds au m2 fait qu’en réalité la production et le stock sont très faibles. Cette hauteur est convertible en kg de matière sèche par hectare. De nombreuses références existent sur ce sujet.
Ainsi, une étude réalisée par la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire en 2015 et reconduite en 2016 a permis d’apprécier sur les parcelles du “Réseau de pousse de l’herbe” les variations de densité sur le printemps. Comme nous pouvons le voir dans le graphique ci-dessous la densité évolue sur le printemps, notamment en fonction de la matière sèche. Rappelons qu’en 2015 le mois de juin était particulièrement sec d’où la forte augmentation des densités à cette période. En année “normale”, cette évolution aurait été moindre. Ainsi, sur le début de printemps, les mesures varient-elles de 230 à 300 kg de MS/centimètre/ha mesurée à l’herbomètre. La moyenne se situant à 255 kg de MS/cm/ha.
Exemple : sur une parcelle de 8 ha, la mesure moyenne à l’herbomètre donne 12 cm. Toute l’herbe présente n’est pas disponible, les 5 premiers centimètres permettront à la plante de redémarrer ainsi seuls 7 cm sont exploitables, soit 7 cm x 255 kg = 1.575 kg/ha. Compte tenu de la surface de la parcelle, 8 hectares, cela donne 12.600 kg d’herbe disponible. Ceci représente le stock sur pied à l’instant t.

Apprécier un stock d’herbe d’avance


Le stock est à mettre en relation avec le besoin de mes animaux à ce même instant. En fonction du poids de ceux-ci une certaine quantité de matière sèche sera ingérée chaque jour.
Un bovin de :
- 700 kg ingère 14 kg de MS ;
- 500 kg ingère 11 kg de MS ;
- 400 kg ingère 9 kg de MS ;
- 200 kg ingère 5.5 kg de MS.
Exemple : toujours dans l’exemple précédent : une vache de 700 kg et son veau de 200 kg ingèrent 19,5 kg de MS. Si j’ai 16 vaches suitées sur les 8 hectares, la consommation journalière sera de l’ordre de 310 kg. Avec un stock de 12.600 kg d’herbe, cela représente 40 jours de pâture d’avance.


Interpréter les jours d’avance


Avec ce type d’outil chacun est à même de se faire ses propres références en partant d’une base chiffrée et non empirique, et peut ainsi mettre en adéquation sa gestion avec son potentiel et ses pratiques.
Les périodes clés d’usage de l’herbomètre sont :
- la mise à l’herbe avec 10 à 15 jour d’avance ce qui se traduit dans notre exemple par une hauteur d’herbe de 6,5 à 7,5 cm… Si on ne les a pas, on peut faire du déprimage, de mettre l’azote…
- début mai, avant les fauches précoces, avec 15 à 20 jours d’avance maxi. S’il y a plus, il faudra prévoir la récolte d’une parcelle en fauche précoce ;
- fin juin avec un stock sous les pieds, si il n’y a pas d’agrandissement, de 25 à 30 jour pour attaquer l’été sereinement.
A chacun dès lors de se faire ses propres repaires c’est un peu comme les stocks de fourrage, sous les hangars, à la mise à l’herbe tout le monde n’a pas le même jugement !





Des formations sur la gestion de l’herbe en production bovine, caprine et équine sont proposées chaque année aux éleveurs.





En savoir plus sur l’herbe…


Dans notre journal de la semaine dernière, nous avons consacré un dossier à la gestion concrète des ressources en herbe sur les exploitations. Un dossier à lire et à relire, parce que, plus que jamais, l’herbe se cultive.