Les nouvelles de Saône-et-Loire et limitrophes
Sept décennies au service de ses lecteurs

Alors que l’on est à une époque où fusions, OPA (comprendre Offre publique d'achat) et autres rapprochements sont devenus monnaie courante, certains tentent d’évoluer à contre-courant. Avec succès comme peut en témoigner Jean-Charles Sotty à la tête d’un journal qui a soufflé, il y a peu et comme L'Exploitant Agricole de Saône-et-Loire, ses soixante-dix bougies.
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Depuis qu'Internet a bouleversé tous les codes que l’on pensait pourtant immuables en matière de presse, les journaux sont en perpétuelle ébullition : arrêts de publication, passage du format papier au tout numérique, gratuité… sont quelques-unes des conséquences d’un modèle économique qui peine à trouver ses marques, et cela quelle que soit la taille, l’importance, la réputation ou le pays du média. Pourtant, ils sont encore un certain nombre à tirer leur épingle du jeu. Et ce, en jouant la carte de la spécialisation, de la proximité, de la qualité intrinsèque du support ou encore de l’hyper compétence de ses intervenants.

Un septuagénaire bon pied bon oeil


Affichant fièrement ses soixante et onze ans, tout comme L'Exploitant Agricole de Saône-et-Loire, Les nouvelles de Saône-et-Loire et limitrophes peuvent se targuer d’avoir déjà sorti 3.282 numéros tout au long des sept dernières décennies. C’est à Charles Sotty que l’on doit la création de ce journal après le second conflit mondial. A l’époque, cet imprimeur a allié le souhait d’informer ses concitoyens au pragmatisme de la gestion de son imprimerie car, alors, publier un journal permettait d’avoir plus facilement du papier, denrée précieuse dans l'immédiat après-guerre. Au fil des années, le format changera peu en dehors d’une réduction de taille et de l’arrivée des photos. Au départ, le journal était composé à la main, lettre par lettre. Un travail long et fastidieux. L’arrivée du linotype a simplifié la tâche puisque l’on pouvait dès lors confectionner des lignes entières de texte. La révolution prendra la forme de l’offset. Cela marque en effet le début de l’informatique. « C’était un investissement très coûteux à l’époque, précise Jean-Charles Sotty, l’actuel rédacteur en chef. A la même époque, nous avons commencé à insérer des photos ». Le début des années 90 a vu l’informatique s’imposer avec les logiciels de mise en page. « Cela m’a simplifié la vie pour réaliser le journal ».

La carte de la proximité


Loin de vouloir concurrencer certains quotidiens départementaux, Jean-Charles Sotty mise sur la proximité. « C’est vraiment de l’information locale. On y trouve aussi bien des sujets sur des manifestations d’importance que des articles sur des réunions de diverses collectivités, du sport… »
En noir et blanc, le journal se compose de six pages, toujours très attendues par des personnes extrêmement fidèles. « Bon nombre de mes lecteurs n’achètent que ce journal. Mon lectorat est essentiellement composé de personnes de plus de quarante ans ».
Quand on évoque avec Jean-Charles Sotty les anecdotes qui ont jalonné l’histoire de son journal « que je réalise en une journée et demi », il en est une qui l’a plus particulièrement marqué : « lorsque nous sommes passés à l’informatique, nous avons loupé la sortie du journal. Il faut dire qu’avant cela, je n’avais jamais travaillé sur ordinateur ». L’autre épisode épique aura pris la forme d’incendies criminels qui ont tenu en haleine les lecteurs pendant plus de six mois au gré des rebondissements de l’enquête. « Nous sommes toujours restés très artisanal car nous sommes avant tout imprimeur. Le journal n’est qu’un complément, mais que j’ai plaisir à faire ».


Un potentiel de développement


A l’heure où la majorité des journaux perd des lecteurs, Les nouvelles de Saône-et-Loire et limitrophes continuent à maintenir une audience fidèle. Tirant à quelque 2.500 exemplaires, il peut se vanter d’avoir un copieux noyau de six cents abonnés. Distribué dans les dépôts de presse, le journal est disponible selon les communes le jeudi ou le vendredi.
Actuellement présenté au seul format papier, il pourrait à terme trouver un prolongement sur Internet. Quant à la zone de couverture, elle concerne l’arrondissement de Charolles ainsi que Chevagnes dans l’Allier, soit une dizaine de villages. « Il y a un vrai potentiel de développement du journal que je n’ai pas vraiment exploité car j’ai déjà soixante-cinq ans. Mais j’aimerais vraiment que quelqu’un prenne ma suite. Je réfléchis aussi à une nouvelle maquette. »