Aménagement des territoires
Nouvelles fractures territoriales

Publié par Cédric Michelin
-
D’après France Stratégie, le Centre d’analyse stratégique travaillant pour le Premier ministre, sur la période 2006-2013, les créations d’emploi se sont concentrés sur les grandes métropoles, c’est-à-dire les aires urbaines de plus de 500.000 habitants, au détriment des villes moyennes, petites ou isolées. Après l’exode rural, l’exode se poursuit vers une urbanisation toujours plus grande. Ce qui pose question en Saône-et-Loire, avec ses villes moyennes et ses zones rurales, entre Lyon et Paris, surtout au moment où Dijon entre par la petite porte des nouvelles métropoles…
133530--ONLY_LYON_Place_Bellecour.JPG
Dans son étude « Dynamique de l'emploi et des métiers : quelle fracture territoriale ? », France Stratégie affirme enfin ce que tout saône-et-loirien pressentait : « la diffusion de la croissance des métropoles vers les territoires périphériques est incertaine ». Autrement dit, les richesses captées et créées dans les métropoles n’irriguent plus les territoires l’environnant. La métropolisation, qui se définit comme la concentration des activités économiques dans les plus grandes villes, est un processus inédit au regard de l’histoire. Porté par l’expansion du salariat, l’exode rural avait "profité" à toutes les villes, petites et grandes, estiment les experts, bien que cette vision soit contestable aujourd'hui. À partir des années 2000, en revanche, les dynamiques de croissance se différencient selon les territoires urbains. Les métropoles – aires urbaines de plus de 500.000 habitants – captent les créations d’emplois tandis que les territoires périphériques « décrochent ».
Pourtant, faute d’anticipation ou de volonté politique, ce mouvement de métropolisation devrait se poursuivre. Aujourd’hui, 46 % des emplois sont concentrés dans les métropoles. Par exemples, l’aire urbaine de Paris rassemble 22 % des emplois et les seize grandes aires situées en province en cumulent 24 %. À l’inverse, les villes moyennes, les petites villes et les communes isolées subissent des pertes d’emplois. Cette « métropolisation de l’emploi » s’appuie sur une concentration des emplois de cadres dans les métropoles de province.

Des gagnants ou tous perdants



Les villes petites et moyennes sont en retrait, note France Stratégie « car positionnées sur des métiers qui perdent des emplois au plan national ou sont peu dynamiques : ouvriers, employés, agriculteurs », jugent sévèrement les analystes de France Stratégie. Ils complètent d’ailleurs leurs analyses en remarquant que « la désindustrialisation a joué fortement sur ces petites villes » de moins de 100.000 habitants, tout de même. Autant dire que la Saône-et-Loire est particulièrement dans ce scénario avec ses villes industrielles comme Chalon-sur-Saône ou Le Creusot-Montceau.
A ce jeu de perdants-gagnants, les communes isolées souffrent certes aussi d’une diminution de l’emploi dans les métiers agricoles et d’ouvriers, qui y sont surreprésentés mais « en revanche, l’effet local y est positif : les métiers industriels résistent mieux dans ces communes, les professions de santé, les professionnels des arts et spectacles et les informaticiens s’y développent davantage », positive France Stratégie. On pense ici à Autun, Bourbon-Lancy...

Périphéries des métropoles



De plus, 5,9 millions d’emplois sont concentrés dans un rayon de 90 km autour des douze grandes métropoles de province, soit encore environ un quart de l’emploi national. Ces territoires périphériques sont plus agricoles et plus industriels que l’ensemble de la France et les métiers du BTP y sont surreprésentés. Ils apparaissent moins dynamiques que les couronnes périurbaines mais sont mieux lotis que le reste du territoire.
L’effet local est aussi inégal. Les métropoles de Nantes, Rennes, Montpellier jouent un rôle positif sur leurs pourtours mais pas autour de Lille et Rouen. Pour Toulouse et Bordeaux, seul le territoire situé dans un rayon de 60 km est plus dynamique sur la période 2006-2011. Lyon est un cas atypique : la métropole connaît une situation dynamique alors que les territoires situés à moins de 60 km sont globalement à la traîne. En clair, les villes de Saône-et-Loire, comme Mâcon, ne profitent qu’à minima de la proximité de Lyon…

Dé-métropoliser



Les douze métropoles régionales retenues dans l’étude en plus de Paris, bien qu’ayant des spécialisations économiques diverses, sont presque toutes positionnées sur des métiers structurellement dynamiques. Elles accueillent aussi davantage les métiers aux tâches non répétitives comme les ingénieurs en informatique ou en recherche-développement. Une dynamique qui n’est néanmoins pas systématique, nuancent les experts. Faute d’anticipation passée des politiques d’aménagement des territoires, la métropolisation devrait se poursuivre et même s’accentuer plus rapidement encore…
En effet, les métiers à fort potentiel de création d’emplois d’ici 2022 sont sous-représentés hors des aires urbaines et dans les aires urbaines de moins de 100.000 habitants et surreprésentés dans les métropoles. Ce qui n’augure rien de bon pour notre département, à moins que les métropoles ne décident de partager…