50e Congrès national des JA
L’invitation aux jeunes

Exploitant agricole en Gaec à Saint-Martin-du-Tartre, Benoit préside le comité de pilotage du 50e congrès des JA. Pour lui, « la venue de ce congrès en Saône-et-Loire est une chance ». Et de lancer une invitation à tous les jeunes. Rencontre à quinze jours du rendez-vous.
132091--2700_JA_50e_congres_Pingeot.JPG
« J’ai de plus en plus conscience que ce n’est pas rien d’accueillir le congrès national des JA dans son département, qui plus est un congrès électif, qui plus est encore le 50e, celui-là même qui ouvrira l’année commémorative des 60 ans des JA ».
La tenue les 31 mai, 1er et 2 juin du prochain congrès national des Jeunes agriculteurs à Mâcon est en effet un enjeu. Un enjeu pour le national, mais aussi et surtout « un enjeu pour la Saône-et-Loire, un enjeu aussi et bien entendu pour nous les JA 71 ». Lorsqu’ils ont décroché il y un peu plus d’un an l’organisation du 50e congrès national des JA, l’équipe conduite par Guillaume Gauthier et Damien Lemière, respectivement président et secrétaire général des JA 71, avait souhaité en déléguer l’organisation à un comité de pilotage. Ce même Copil, selon le jargon interne, qui est aujourd’hui présidé par Benoit.

Un travail de fond


Depuis des mois, le comité s’est attelé à la tâche avec l’équipe nationale des JA, rodée en la matière. « Nous avons souhaité mettre en avant les spécificités de l’Agriculture de Saône-et-Loire, département que beaucoup en dehors d’ici ne savent pas forcément placer sur une carte », note Benoit qui, agriculteur à Saint-Martin-du-Tartre, est fortement épaulé par Pierre-Edouard Hugon, installé aux portes de Mâcon. « On situe la Bourgogne, pas forcément la Saône-et-Loire », déplore le jeune qui observe tout de suite qu’en citant le charolais et les vins de Bourgogne, les choses se clarifient.
Alors, « accueillir un congrès, c’est forcément un pari un peu fou », mais c’est aussi « le moyen de promouvoir nos savoir-faire, nos produits, nos paysages exceptionnels, les hommes et les femmes qui, au fil des générations, en sont à l’origine ». La Ville de Mâcon l’a bien compris, elle qui a saisi l’occasion pour œuvrer au rapprochement entre les habitants et son agriculture. Un marché de producteurs sera ainsi organisé au Spot pendant le congrès et une séance de "sensibilisation" se tiendra le samedi 21 mai aux Halles Saint-Pierre pour en informer les Mâconnais. Le choix du traiteur, Mille et une saveurs à Mâcon, s’est inscrite dans cette logique. Et cela « d’autant plus, que nous lui livrerons bon nombre de produits qu’il aura à mettre en valeur ».
Autant d’occasions de mettre en avant le "Made in Saône-et-Loire" !

Un travail d’équipe


Pour autant, c’est surtout de la fierté que ressent Benoit. « Quand on a participé à un congrès national, on saisi à quel point cela est une chance que d’accueillir et d’organiser un congrès », soulève le président du Copil, qui se dit fier que la Saône-et-Loire ait enfin cette chance, fier au regard de l’histoire de ce département, fier au regard des territoires qui composent le département et fier au regard de la diversité et de la qualité des productions locales. Benoit, lui, a été marqué par le congrès de Saint-Brieuc en 2014, puis par celui du Mans en 2015.
Alors, organiser ces trois jours passe par de l’investissement, beaucoup d’investissement. Et manifestement, ni Benoit, ni l’équipe du Copil, ni d’ailleurs Jérémie Normand, le jeune qui est venu renforcer l’équipe administrative pour faire de ce congrès une belle réussite, ne rechignent sur le temps consacré. « J’aime le travail bien fait, mais je ne conçois le travail qu’en équipe », souligne Benoit qui, pourtant natif de la Somme, se sent plus Saône-et-Loire que nombre de Saône-et-Loirien, lui qui s’est ainsi impliqué dans l’équipe de rugby locale à Buxy. « Aux JA, j’ai trouvé les mêmes valeurs qu’au rugby : on est tous très différents, d’origine et de capacités physiques, mais c’est en équipe que l’on gagne ».

Une chance


Benoit le dit et le redit : ce congrès, c’est une chance pour le département. Et avant tout une chance pour tous les jeunes qui se demandent bien à qui cela sert, qui se posent des questions.
« C’est en assistant un peu par hasard au congrès de Saint-Brieuc que je suis "tombé dedans" », reconnaît-il, lui qui souligne avoir été marqué par les séances d’amendements du rapport d’orientation et le travail d’enrichissement que cela permet. « Les discours de François Thabuis m’ont marqué, tout comme quand Jérémy Decerle ou Yohann Dufour prennent la parole… Ce sont eux qui m’ont donné envie de m’engager ».
« J’espère que Mâcon permettra à des jeunes de venir voir, observer, comprendre ce qui se passe au cours de ces journées très, très intenses ». Et sans doute par la suite de s’engager dans le réseau des jeunes. C’est d’ailleurs sans doute là le vœu le plus cher de Benoit. Alors, vous savez tous quoi faire pour lui faire plaisir : venez à Mâcon au congrès des JA !



Bourguignon d’adoption


Arrivé à l’âge de 16 ans avec ses parents et ses deux plus jeunes frères de Picardie, Benoit Pingeot s’est rapidement plu en Saône-et-Loire.
« C’est très différent de la Somme où mes parents étaient quasiment les seuls éleveurs du canton », se souvient-il. « Ici, nous avons été très bien accueillis. Les gens sont ouverts, accueillants, ils étaient heureux de voir une famille s’installer et reprendre une ferme ». La famille est arrivée en 2009 alors que les Pingeot, alors éleveurs laitiers, étaient expropriés en vue de la construction du canal Seine-Nord. « Il n’est d’ailleurs toujours pas construit… », sourit un brin amusé le jeune agriculteur aujourd’hui âgé de 23 ans.
Après Fontaines où il passe son Bac, il poursuit sa scolarité en vue d’un BTS Acse au lycée des Sardières à Bourg-en-Bresse. En parallèle, Benoit donne dans l’équipe de rugby de Buxy, dont il apprécie les valeurs, la convivialité. « Je me suis installé à l’issue de mon BTS en apprentissage », alors qu’il y avait une cession de ferme à 2-3 kilomètres de l’exploitation de ses parents. Ainsi, le 1er juillet 2013, Benoit constituait-il un Gaec avec ses parents.
La ferme de Saint-Martin-du-Tartre est en polyculture élevage. Si la production laitière n’a pas suivie depuis la Somme, les Pingeot se sont mis aux couleurs locales avec un troupeau naisseur-engraisseur charolais de 160 vêlages, sur 160 hectares d’herbe. En parallèle 185 ha sont consacrés aux cultures, dont une partie est autoconsommée (pour 85 ha environ). « Nous commercialisons des génisses repoussées à 330 kg de carcasses ou 500 kg vifs ; les mâles sont engraissés en taurillons », présente Benoit.
Mais la particularité de l’exploitation est ailleurs : sur les 160 ha d’herbe, seuls deux sont conduits en foin, tout le reste est en ensilage. De même, l’assolement comporte 20 ha de pois protéagineux d’hiver. Ainsi, « nous sommes 100 % autonomes en protéines sur l’élevage ».

Autre particularité : « nous sommes 100 % en coop : avec Bourgogne du Sud pour les cultures et Feder pour l’élevage. Et en Cuma pour le matériel ». La Cuma Hardi qui, pour preuve d’intégration réussie, a porté il y a peu son père à la présidence. Et l’histoire ne s’arrête pas là quand on sait qu’un des frères de Benoit, actuellement en apprentissage à Buxy, ambitionne à son tour de rejoindre le Gaec familial…