Observatoire des inégalités
Davantage de pauvreté en ville qu’en milieu rural

Publié par Cédric Michelin
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Publié le 30 mai, le rapport de l’Observatoire des inégalités indique que les catégories de population les plus défavorisées sont concentrées dans les grandes agglomérations, ce qui n’exclut pas des difficultés spécifiques au milieu rural. 

Davantage de pauvreté en ville qu’en milieu rural

« Le discours sur la « France périphérique à l’abandon » semble avoir été partiellement abandonné », estime l’Observatoire des inégalités dans la partie Territoires de son rapport annuel, rendu public le 30 mai. A partir des données de l’Insee, l’organisation – apolitique – remarque que « les catégories populaires, les plus touchées par le manque d’emplois et la faiblesse des revenus, vivent en réalité principalement au cœur des grandes agglomérations ». Ce phénomène s’explique en partie par la masse importante de population habitant en ville ou à proximité des centres urbains. Ainsi, les banlieues regroupent huit fois plus d’habitants que les zones rurales isolées et au total, 57,8 % des Français habitent dans les grands pôles urbains, 19,6 % dans leur couronne, et seulement 5 % dans les territoires ruraux isolés. Les deux tiers des personnes dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté (60 % du revenu médian) vivent dans les grands pôles urbains : la part de population pauvre atteint 19,5 % dans les villes-centres. La situation du milieu rural isolé est intermédiaire, avec un taux de pauvreté de 16,9 %, et les taux les plus bas s’observent dans l’habitat péri-urbain (12 %) et dans les communes rurales situées à proximité des petits et moyens pôles (au moins 1 500 et 5 000 emplois) avec 13 %.

Une pauvreté plus structurelle à la campagne 

Ce sont néanmoins dans les zones rurales isolées, à savoir des communes rurales non reliées aux pôles urbains, que le niveau de vie médian est le moins élevé, avec 1 495 € par mois. Les territoires les plus aisés sont les banlieues des grands pôles urbains, avec 1 718 € par mois. « Si une grande partie des jeunes ont quitté le milieu rural pour les villes, on trouve à la campagne une pauvreté de personnes âgées, notamment de femmes qui ont peu cotisé pour leur retraite », précise ainsi l’observatoire. Le milieu rural isolé est en effet composé « en partie de ménages d’agriculteurs âgés, avec de faibles retraites, du fait de l’inactivité (officielle) des femmes », les agricultrices femmes d’agriculteur n’ayant pas eu de statut avant les années 1980. Cette pauvreté s’avère ainsi structurelle, touchant une catégorie de population qui ne pourra pas en sortir sauf exception.