Rencontre avec Marine Seckler, jeune agricultrice installée à Blanot

Rencontre avec Marine Seckler, jeune agricultrice installée à Blanot

A 28 ans, Marine Seckler est une jeune femme qui sait ce qu’elle veut. Son tempérament affirmé lui vient sans doute d’Alsace, dont elle est originaire, quoi que… Fille d’un garde forestier et belle-fille d’un boucher, très tôt, Marine s’est prise de passion pour le monde animal, désireuse de découvrir de nouvelles choses, elle qui brille par son dynamisme, son énergie. Certains la disent à tort têtue et obstinée, elle est en fait avant tout passionnée, volontaire et déterminée à réussir ce qu’elle entreprend.

Son parcours se fera sans fausse note, elle qui décroche successivement son Bac S Agricole, puis son BTS ACSE (Analyse et conduite des systèmes d’exploitation). D’emblée, Marine assume parfaitement son côté « gaga des animaux », comme elle le confie avec un large sourire.

Une installation progressive

Installée en hors-cadre familial en 2012, c’est à Blanot dans le Mâconnais qu’elle trouve l’exploitation de ses rêves : "La ferme de Mont Rouge" ! D’une SAU de 120 hectares, dont 100 hectares de prairies permanentes et 20 hectares de céréales autoconsommées, l’exploitation est conduite en Agriculture biologique. A la tête d’un cheptel de 40 vaches allaitantes de races charolaise et aubrac et de 130 brebis allaitantes de race romane, Marine Seckler a souhaité d’emblée s’orienter vers l’agrotourisme et la vente directe. C’est ainsi qu’elle se diversifie son activité avec un gîte rural répertorié et un local de vente directe. En 2017, elle vient de s’associer avec Benoît Corsin.

« Le stage de parrainage a été ma principale expérience », se souvient Marine qui a alors été aidée par Gaël Pellenz conseiller du Répertoire Départemental Installation à la Chambre d’Agriculture. C’est par l’intermédiaire de ce dernier qu’elle rencontre « un exploitant prêt à m’accueillir, à m’introduire dans son milieu, dans sa ferme, dans son entourage et prêt à me présenter les acteurs et les outils indispensables du milieu agricole ». A cet agriculteur, Marine rend un hommage appuyé, lui qui, cinq ans plus tard, est « toujours disponible aujourd’hui pour m’écouter et répondre à mes questions. La reprise de son cheptel s’est faite dans un premier temps, la maison et le gîte restant en location pour échelonner les investissements ».

Le goût des défis

Une installation progressive qui a aussi pu se faire « grâce aux aides DJA et au prêt JA ainsi qu’à l’aide aux hors cadre familiaux », note la jeune femme. Son relationnel lui a permis aussi de conserver d’excellents contacts avec son maître de stage de BTS, un éleveur de 450 brebis en race romane, qui l’a d’ailleurs aidé à constituer son cheptel à partir de son exploitation. « Ce dernier s’est aujourd’hui diversifié et produit du lait et des yaourts bio de brebis destinés à la vente directe forte appréciée », fait état Marine qui souligne tout ce que lui a apporté la formation ‘’sur le tas’’ mais aussi la formation Vivéa "Bien démarrer ses ventes".

La jeune femme reconnaît bien quelques difficultés, notamment le fait d’avoir été loin de sa famille et donc du soutien qu’elle aurait pu avoir. « Mon installation n’a pas été de tout repos, physiquement mais surtout moralement », évoque-t-elle, elle pour qui « la difficulté résulte aujourd’hui dans la gestion de la trésorerie comme cela est le cas pour la majorité des entrepreneurs. Les débuts ont donc été difficiles mais je me lance beaucoup de défis, en développant par exemple par moi-même ma communication par la création d’un site internet ou la réalisation de plaquette qui présentent et valorisent mes produits destinés à la vente directe ». Et franchement, chapeau ! Le site de "La ferme du mont rouge" est nickel et agréable. Il va à l’essentiel.

Pas de préjugé

Ses atouts, selon elle, « le fait de m’être installée dans le cadre de la reprise de l’exploitation d’un tiers m’a permis d’appliquer mon savoir scolaire et "d’instaurer des innovations sans subir de préjugés", sans blocage », fait-elle état. De fait, son goût de comptabilité l’aide dans la gestion administrative de l’exploitation, elle qui évoque l’importance de gérer ses papiers pour éviter de perdre de l’argent.

Oh, tout n’a pas été simple, loin s’en faut. Marine souligne sa difficulté à bien gérer son temps, une gestion catastrophique au début, reconnaît-elle qui évoque « des journées trop courtes » et le fait qu’avec « beaucoup trop d’idées en tête, il a fallu fixer des priorités, la nuit portant conseil… ».

Pour autant, la jeune agricultrice a fait le choix de s’engager. Ainsi, administratrice stagiaire au sein du conseil d’administration des JA de Saône-et-Loire, c’est naturellement qu’elle prend en charge des dossiers qui lui tiennent à cœur. Ainsi, Marine est-elle aujourd’hui responsable du groupe "Communication", elle qui suit également le dossier des Zones défavorisée, elle qui est aussi administratrice de sa caisse locale de Crédit agricole.

Zone de danger…

Quant elle parle d’avenir, Marine Seckler sait que son avenir dépendra de la cartographie finale des Zones défavorisées simples, au regard de son éligibilité ou non aux ICHN… « L’importance que cette aide représente pour son exploitation n’est pas sans m’inquiéter », reconnaît-elle objectivement, elle qui n’ose pas imaginer les graves conséquences sur l’avenir de l’exploitation qu’aurait la sortie de la commune de Blanot de la Zone défavorisée simple… C’est d’ailleurs naturellement qu’elle a pris ce dossier à bras-le-corps aux JA, au sujet duquel elle travaille en lien avec la FDSEA. Vingt-quatre communes sont dans le même cas, elles qui se trouvent en plus en incapacité d’installer (lire en page GG de cette même édition).

Reste que la jeune femme n’est pas de nature à baisser les bras, elle qui a pour devise "Pas de problème, que des solutions". Ainsi, porte-t-elle déjà de nouveaux projets, des projets de rénovation de son habitation personnelle, mais aussi celui de rénover les bâtiments d’élevage pour d’améliorer leur fonctionnalité et le bien être des animaux. Quand elle vous dit qu’elle est "gaga" de ses animaux…

Maryline Gourdon et Nicolas Durand