Politique viticole
Le plan stratégique présentée

Publié par Cédric Michelin
-
Jérôme Despey, président du conseil spécialisé « vin » de FranceAgriMer, a présenté le 19 juin le plan stratégique de la filière à l’horizon de 2025 au ministre de l’Agriculture. Ce plan vise entre autres à « intensifier les outils de la conquête » sur les marchés mondiaux en croissance du vin, et à « améliorer le potentiel du vignoble français en qualité et quantité ».
128748--DSCN2873.JPG
Le plan stratégique de la filière vin à l’horizon de 2025, demandé par le ministre de l’agriculture comme il l’a demandé d’ailleurs aux autres filières, a été remis par Jérôme Despey, président du conseil spécialisé « vin » de FranceagriMer. Ce plan stratégique, voté à l’unanimité par les professionnels du conseil spécialisé, vise notamment à « intensifier les outils de la conquête » sur les marchés mondiaux en croissance du vin, alors que la France perd en compétitivité, et à « améliorer le potentiel du vignoble français en qualité et quantité ».

Un développement du potentiel de production



Il prévoit donc un développement du potentiel de production, et ce sur les trois segments : les appellations d’origine contrôlées (AOC), les indications géographiques protégées (IGP) et les vins sans indications géographiques (VSIG). Jusque là inexistant en tant que tel, le segment des VSIG serait constitué, à condition que la production et la commercialisation soient maîtrisées, comme elles le sont dans le cadre très organisé des AOC et des IGP, afin d’éviter des crises de surproduction rejaillissant sur les segments AOC et IGP.
Le plan met cherche à intensifier les outils de la conquête, répondre aux demandes sociétale et agro-écologique, renforcer le potentiel humain et soutenir la modernisation des entreprises, améliorer le potentiel du vignoble français en qualité et quantité, consolider la gouvernance de la filière et le pilotage économique.

Les principaux concurrents sont l’Espagne et l’Italie



Les professionnels proposent, entre autres mesures, de mettre en place un fonds d’urgence export, actionnable pour des actions collectives de défense d’intérêts sectoriels exportateurs, pour lutter contre les obstacles non tarifaires.
Le plan de la filière rappelle que les principaux concurrents sont l’Espagne et l’Italie. Après une période de forte croissance des acteurs du nouveau Monde, on observe depuis quelques années un changement de positions des acteurs des échanges internationaux entre ancien et nouveau Monde. L’ensemble des pays de l’hémisphère sud et les États-Unis « perdent des parts de marchés au profit de deux pays de l’Union Européenne que sont l’Italie et l’Espagne ». Cette évolution s’explique par l’orientation marquée vers l’export des pays européens confrontés à une baisse de leur marché intérieur et par une relative perte de compétitivité des pays de l’hémisphère sud liée en partie à des facteurs macro-économiques extérieurs à la filière (taux de change notamment).

Définir collectivement un bilan prévisionnel des besoins et des perspectives



Le plan propose d’établir collectivement un bilan prévisionnel des besoins et des perspectives de développement de l’offre française en fonction de la demande des marchés, en particulier sur les nouveaux marchés (tous segments et par bassin). Sur cette base, précise la mesure, il s’agira « d’établir, en concertation entre tous les acteurs concernés, un plan de développement du potentiel viticole français assis sur une gestion cohérente permettant le développement de chacun des segments ».
Sur ce point très important du développement souhaité du potentiel, le conseil spécialisé vin de FranceagriMer a insisté pour que « tout soit fait pour mettre en place un dispositif qui empêche toute perturbation d’un segment par un autre », a souligné Jérôme Despey. Ce dispositif doit être défini par les actes délégués de la Commission, espère-t-il. Les segments doivent rester étanches.
Pour éviter les débordements du futur segment des VSIG sur les deux autres, dont la production est maîtrisée par les ODG (les organismes de défense et de gestion, syndicats de producteurs sous IG), « il faut une stratégie pour les vins sans IG ». Jusque-là, le segment des VSIG existe par défaut, ce sont les vins de repli des AOC et IGP lors des années excédentaires. La construction d’un vrai segment de VSIG doit prévoir des débouchés : dans les apéritifs, les moûts concentrés, les bases industrielles pour vins mousseux.

Jérôme Despey demande « instamment» le rétablissement de l’aide aux moûts



Lors de leur entretien, Jérôme Despey et le ministre ont abordé le sujet de l’enrichissement des vins. Depuis la suppression en 2012 de l’aide aux moûts concentrés, les bassins viticoles du sud de la France, qui depuis des décennies enrichissent avec des moûts, subissent une distorsion de concurrence par rapport à ceux situés plus au nord qui enrichissent avec du sucre (chaptalisation). En l’absence de cette aide compensatoire, le rapport de prix va de 1 à 3, en défaveur des utilisateurs de moûts. La colère, qui a couvé ces derniers mois, a éclaté ces derniers jours avec l’inscription de tags sur l’antenne de FranceagriMer de l’Aude ainsi que sur les murs de la Draff, accusant nommément Jérôme Despey de ne pas assez se battre pour le rétablissement de l’aide. Jérôme Despey a bien insisté pour que l’aide soit rétablie pour la vendange 2014, alors que le ministère de l’agriculture préparait une demande à Bruxelles de rétablissement pour la vendange 2015. Le rétablissement de l’aide aux moûts est, pour Jérôme Despey, une mesure « nécessaire », dans l’attente d’un éventuel mécanisme communautaire d’enrichissement des vins pour le long terme.