Chevaux de trait
Avenir incertain…

Au terme d’une magnifique saison de concours en Saône-et-Loire, la question de l’avenir des chevaux de trait mérite d’être posée. Alors que des passionnés continuent de sélectionner de magnifiques spécimens Auxois, Comtois ou Percherons, on peut s’inquiéter de la pérennité de cette activité alors même que les débouchés économiques manquent...
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Cette année, la Saône-et-Loire accueillait trois finales régionales de chevaux de trait. Les finales Auxois et Comtois à Savigny-en-Revermont, fin août, ont rassemblé 77 chevaux tandis que la finale Percheron, mi septembre, à Cluny en réunissait 38. Ce furent de magnifiques concours où l’on pouvait admirer des chevaux d’une qualité génétique inégalée, présentés par autant de passionnés dans une bonne humeur partagée. Mais en dépit de cette ambiance de jour de fête, difficile de ne pas éprouver un sentiment d’inquiétude en pensant à la conjoncture dont souffre la filière chevaux lourds.
C’est un étrange paradoxe : alors que le niveau de qualité des animaux présentés en concours n’a jamais été aussi haut, beaucoup de concours sont néanmoins à la peine et la morosité s’installe dans les élevages. « Jusque quand pourrons-nous les maintenir ? », s’interrogeait Béatrice Barnay la présidente de la Fédération des syndicats de chevaux de trait de Saône-et-Loire. La situation n’est certes pas catastrophique en Saône-et-Loire où les concours encore nombreux - sept rendez-vous cette année pour un total de 347 chevaux ! - jouissent d’ailleurs d’une excellente réputation. Mais, alors qu’organiser de telles manifestions se complexifie d’année en année, que des frais supplémentaires s’abattent sur les participants et les organisateurs, la question de l’avenir des chevaux de trait est de plus en plus préoccupante, expliquait en substance Béatrice Barnay.

Question de filière


Là aussi, le problème de fond, c’est bien celui de la valorisation des produits ! N’en déplaise au grand public, ce ne sont pas le sympathique retour du travail dans les vignes, ni l’attelage de loisir ou le très anecdotique débardage en forêt qui font vivre la filière. 90 % du débouché demeure la viande et, sans consommation ni rémunération correcte, il n'y aura plus de chevaux de trait !
Cette réalité, les défenseurs du cheval de trait ont beaucoup de mal à la faire entendre aux élus, regrette Béatrice Barnay. Pourtant là comme ailleurs, c’est un problème classique de filière qui est en jeu : avec l'importation massive de viande chevaline bon marché, les grandes surfaces ne jouent pas le jeu et les éleveurs sont confrontés au manque de soutien à la consommation. Avec 110 éleveurs pour environ 200 juments en Saône-et-Loire, le cheval de trait doit sa vie à la passion et au bénévolat… Puissent ces amoureux du cheval de trait ne jamais baisser les bras…