Société à l’essai
Une voie à creuser

La table ronde consacrée à la "société à l’essai" a été riche d’enseignements, notamment grâce aux témoignages de Lydie Lacroix et de David Vincent, mais aussi de Danielle Guilbaud. Retour.
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« Chaque fois qu’il y a une nouvelle personne dans un groupe, c’est un nouveau groupe ». La phrase de Franck Royer peut sembler évidente, mais elle illustre à merveille la nécessité, dans tout groupe, de prendre le temps de savoir si l’on partage bien les mêmes objectifs, si l’on a bien les mêmes conceptions des choses en matière de travail, de revenu, de vie personnelle ou encore de passion du métier, comme le rappelait Danielle Guilbaud, coach et médiatrice à la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire.
Tester le ou les projet(s)
« Avant d’engager des moyens et de prendre des risques, l’idée générale est de se mettre en condition de pouvoir tester le projet », introduisait Gaël Pellenz, conseiller Transmission à la Chambre. Et en la matière, on ne part de rien alors que, chaque année, on dénombre près de vingt-cinq stages de parrainage en Saône-et-Loire.
Installée depuis dix ans à Jouvençon avec ses parents, Lydie Lacroix est confrontée au départ à la retraite de son père depuis mai 2016. Très vite, elle a envisagé de mettre en place un contrat de parrainage, mais « entre temps, David et Jean-Marie Vincent qui exploitent sur la commune voisine de Rancy m’ont contactée pour voir ce que nous pourrions faire ensemble », rapporte la jeune agricultrice qui s’oriente alors vers une collaboration avec le Gaec Vincent. L’approche n’est d’ailleurs pas tout à fait la même, comme le résume Gaël Pellenz : « une approche économique notamment en ce qui concerne l’optimisation du matériel pour David et Jean-Marie, et une approche relative à l’organisation du travail pour Lydie ».

Pas de sujet tabou


Rapidement, les uns et les autres s’accordent sur une organisation, mais aussi sur un achat en commun, en l’occurrence celui d’une mélangeuse pour l’alimentation des laitières de Lydie et pour celles des vaches allaitantes de David et Jean-Marie. « Au départ, c’est moi qui gérais l’alimentation. Et puis cela a permis à Lydie de s’affirmer et c’est maintenant elle qui gère la mélangeuse sur son corps de ferme », analyse David. Bref, « c’est en travaillant ensemble qu’on a vu que cela fonctionnait très bien », rapportent Lydie et david.
Avec l’aide de Danielle Guilbaud, le groupe aborde les questions de fond pour anticiper tout tiraillement ultérieur qui serait dû à des différences d’analyse. Et force est de constater que les uns et les autres n’ont pas la même conception du travail. Les frères Vincent dévorent les heures de travail quand Lydie, elle, entend consacrer du temps à sa vie de famille, notamment à ses jeunes filles.
« Il ne faut jamais partir sur une évidence ou une croyance », conseille d’ailleurs Danielle Guilbaud qui voit là la source de nombreux échecs relationnel en société.
Pour l’heure, si Lydie et David se disent pleinement satisfaits du travail mené ensemble, « nous avons deux sites d’exploitation et nous n’envisageons pas d’aller plus loin que dans la bourse de travail ». Bref, pas de précipitation et si « l’évolution en Gaec a été envisagée, elle est mise en standby », analysent conjointement les deux jeunes.
D’ailleurs, la réflexion engagée pourrait être élargie à d’autres élevages voisins pour, pourquoi pas, créer à l’avenir une Cuma avec un salarié dédié à la conduite d’une automotrice mélangeuse. Pour l’heure, Lydie a embauché un salarié, Armand Galland, pour palier au manque de main-d’œuvre sur l’exploitation et les réflexions sont ouvertes. Dans un état d’esprit d’ouverture et de construction.