Désherbage colza
Renforcer l’efficacité anti-graminée et anti-dicotylédone

Publié par Cédric Michelin
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Les conditions climatiques de la campagne 2015/2016 ont été favorables au salissement des parcelles, comme en témoignent les vulpins dans les céréales. Pour gérer les adventices à l’échelle de la rotation, il est indispensable d’actionner les leviers agronomiques et de maintenir un niveau de contrôle élevé dans les colzas.
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La maîtrise des adventices doit rester une priorité pour les producteurs de grandes cultures. Les leviers agronomiques (succession culturale, faux semis, retard de la date de semis des céréales, travail du sol, désherbage mécanique…) doivent s’insérer dans une stratégie de lutte globale contre les adventives à l’échelle de la rotation. Car ne rêvons pas : la lutte chimique atteint ses limites dans les situations les plus extrêmes (fortes infestations, graminées résistantes) alors que son coût flambe ! Le colza doit contribuer à cette gestion globale grâce à un niveau de contrôle élevé, tout en veillant à la maîtrise des coûts de production.

La napropamide pour un bon coup de pouce



Malgré les contraintes associées à l’application de colzamid (passage supplémentaire, efficacité dépendante des conditions du sol, choix limité de cultures de remplacement), l’incorporation de napropamide en pré-semis peut donner un coup de pouce non négligeable dans les situations difficiles. En programme, l’application en présemis incorporé apporte un gain d’efficacité d’environ dix points sur graminées et dicotylédones. Si cette contribution peut sembler modeste, elle peut néanmoins faire la différence en termes de satisfaction à l’égard de flore difficile comme le géranium, le gaillet ou bien encore le coquelicot. De plus avec son mode d’action racinaire, la napropamide apporte sa petite contribution à la gestion durable des graminées. Les résultats d’essais de Terres Inovia confirment l’avantage d’un positionnement en présemis incorporé plutôt qu’en prélevée (voir figure). Ils mettent également en avant un effet dose de la napropamide à l’égard des graminées.



Ielo reste un complément de post-levée intéressant



Pour sa première campagne d’utilisation, le produit de post-levée tardive associant propyzamide et aminopyralide, a pu se montrer décevant sur géraniums (notamment géranium à tige grêle) en raison de l’absence de séquences de gel et de froid. Les géraniums ont montré des symptômes de phytotoxicité marqués ; mais cela n’a pas suffi à les éliminer. Au printemps, la reprise de végétation des géraniums traités était visible (voir photos). Ces résultats mitigés, dans le contexte particulier de l’année, ne doivent pas remettre en cause les programmes avec Ielo particulièrement adaptés aux situations avec géraniums.
Les résultats 2016 des essais Terres Inovia confirment et mettent en exergue des principes à retenir pour construire son programme. Pour les adventices difficiles à combattre, il est indispensable de choisir une prélevée « haut de gamme » efficace contre la flore attendue. Par exemple sur une flore géranium, un programme Alabama 2 à 2.5 l repris par Ielo 1.5 l est à privilégier. Pour les flores dites simples (laiteron, véronique, mouron, matricaire et géranium en faible pression) il est possible de construire un programme incluant la gestion des graminées pour un prix très compétitif. On peut choisir une prelevée à large spectre avec un coût limité (ex métazachlore 1.2 l) repris par Ielo 1.5 l, soit un programme à environ 75 €/ha coût de la propyzamide inclus. Attention, Ielo n’a pas d’action sur gaillet et crucifères. Il est indispensable d’inclure des produits efficaces dans le programme.
Concernant l’efficacité de Ielo sur graminées, celle-ci est satisfaisante voire meilleure qu’attendue compte tenu des conditions climatiques de l’automne et de l’hiver. Les insatisfactions qui peuvent exister sont souvent liées au développement trop important des graminées. A ce jour, aucun phénomène de résistance à la propyzamide n’a été mis en évidence.




Le désherbage mécanique complète l’action des herbicides



Enfin n’oublions pas que le désherbage mécanique peut apporter sa pierre à l’édifice. Le désherbage mixte peut s’inscrire dans des stratégies de désherbage économes en herbicide sur des parcelles où la pression est modérée. Le désherbage mécanique peut également compléter avantageusement - et à moindre coût - un programme herbicide voire rattraper des situations où la chimie a été mise en échec (conditions sèches défavorables aux prélevées, mauvais positionnement des postlevées). Le colza est adapté au binage, s’il est semé à grand écartement, et au passage de la herse étrille. En conditions favorables, les essais conduits par Terres Inovia ont montré des efficacités s’élevant à 80% sur dicotylédones et 60% sur graminées. Il est cependant difficile de calculer une efficacité moyenne d’un passage d’outil, tant les conditions d’interventions peuvent varier.
La combinaison de tous les moyens de lutte contre les adventices a pour objectif de maîtriser les coûts de désherbage tout en maintenant un haut niveau de contrôle des adventices.