Apiculture et varroa
Travailler la résistance

Les apiculteurs le savent : le varroa est une véritable plaie pour les ruches et menacent la survie de nombre d’entre elles. L’élevage d’abeilles résistantes au parasite est un vrai pas en avant…
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Varroa destructor est un parasite envahisseur qui a "sauté" de l’abeille asiatique (Apis ceranae) à notre abeille domestique (Apis mellifera). N’étant pas en équilibre avec cette dernière, il prolifère au point de provoquer directement ou indirectement la mort des colonies infectées. Plusieurs programmes de sélection ont tenté d’obtenir des abeilles naturellement tolérantes au Varroa, ce qui permettrait de ne plus recourir aux actuels médicaments. L’enjeu est donc de taille.
Les abeilles VSH
L’association nationale des éleveurs de reines (Anercea) a présenté lors ses journées techniques de novembre 2015 les résultats obtenus par un groupe d’apiculteurs européens. Leur initiative a permis d’élever durant la saison dernière une première génération d’abeilles capables de détecter les Varroas et d’éliminer leur propre couvain infesté. Ce faisant, ces abeilles maintiennent le nombre de Varroas sous contrôle. On les appelle les VSH pour Varroa sensitive hygiene en anglais.
La percée a été rendue possible par la fondation Arista Bee Research, qui a organisé la coopération entre plusieurs groupes d’éleveurs sélectionneurs d’abeilles. La mise en pratique de méthodes issues de la recherche a permis de reproduire en Europe des résultats obtenus aux Etats-Unis (USDA de Bâton Rouge en Louisiane) : ainsi, le comportement VSH est bien présent chez nos abeilles européennes et il peut être porté à un niveau plus élevé grâce aux méthodes diffusées par la fondation. Mieux encore. Différents abeilles locales ont été testées et toutes ont révélé contenir environ 10 % des reines exprimant suffisamment ce comportement pour pouvoir réaliser un travail de sélection. Ainsi, cette initiative peut-elle être conduite sur différentes variétés locales d’abeilles, ce qui permet d’éviter tout problème de consanguinité.
Avant d’en arriver à l’étape de diffusion de ces abeilles, il reste du travail. Ces résultats ont été obtenus grâce à un outil permettant de mieux trier les résultats des croisements d’abeilles : l’insémination instrumentale des reines avec la semence d’un seul mâle (dans la nature, chaque reine d’abeilles est fécondée par plus d’une dizaine de mâles). Il va falloir ensuite revenir sur des fécondations multiples tout en maintenant ce caractère VSH dans la descendance et en veillant également au maintien des autres critères habituels de sélection : production, faible essaimage, tenue du cadre, etc.
Alexis Ballis, chambre d’Agriculture d’Alsace




VSH
Un comportement hygiénique


Le comportement VSH est actuellement admis comme le critère le plus pertinent pour améliorer la résistance globale des colonies aux maladies du couvain ainsi qu’au Varroa. Il s’agit de la capacité à détecter et extraire des alvéoles, les larves et nymphes d’abeilles malades ou infestées par Varroa. La femelle varroa fondatrice peut alors s’échapper mais sa descendance est vouée à mourir.



Alexis Ballis est conseiller apicole à la chambre d’Agriculture d’Alsace, laquelle réalise une page consacrée à l’Apiculture : www.alsace.chambagri.fr/elevage/apiculture.html
Cette page propose : le mémento de l’apiculteur (guide technique, sanitaire et réglementaire), les bilans des enquêtes sur les pertes hivernales, les Flash’abeilles (bulletin technique apicole), la liste des associations, des supports de formation, etc.
Alexis Ballis ; tél. : 03.88.95.64.04 ; courriel : a.ballis@alsace.chambagri.fr