Association laitière Jura Bresse
S’adapter et innover

Véritable révolution pour les producteurs, l’abandon des quotas suppose non seulement d’être novateur, mais aussi d’avoir une plus grande capacité d’adaptation à un marché en pleine mutation. Retour sur l'assemblée générale de l'association laitière Jura Bresse.
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L’assemblée générale de l’association laitière Jura Bresse se déroulait à Serley le 8 avril et elle a été l’occasion de faire le point sur la filière en général et les relations, parfois complexes, avec la société Danone en particulier. Le président, Emmanuel Courvoisier, qui laissera son poste d’ici à quelques mois, a rappelé que « nous venons de vivre une année difficile sur le plan climatique… Sur le plan économique, les cours des matières premières n’ont cessé de se détériorer » avec une forte volatilité, un manque de rentabilité et de visibilité qui ont dégradé les trésoreries et le moral des agriculteurs. Cette première année sans quota, sans filet de sécurité, a conduit à de fortes augmentations de production dans le Nord de l’Europe, Emmanuel Courvoisier n'hésitant pas à parler de « guerre économique. Je ne suis pas persuadé que notre zone a tous les atouts nécessaires pour entrer dans ce libéralisme effréné ». Et de regretter le fait que « ces dernières années, la France n’a pas su se doter d’une stratégie commune à cause d’une interprofession trop passive. Les producteurs ont bien du mal à bâtir et imposer une stratégie face à des transformateurs nombreux dont les intérêts divergent. Dans cette guerre économique, c’est toujours le premier maillon qui souffre. Nous ne sommes pas les mieux placés pour résister ».

Négociations délicates


Quant aux négociations de fin d’année sur la question du prix, elles ont été difficiles avec le groupe Danone. « C’est compliqué d’accepter des prix de cet ordre quand on sait que les entreprises réalisent d’importants bénéfices ». Une nouvelle mécanique, pas assez ambitieuse à ses yeux, est née suite aux réunions de secteur menées de février à novembre. « Cette nouvelle mécanique devrait nous permettre de mieux passer cette période délicate des trois années à venir ». Concernant la charte des bonnes pratiques, l’association laitière Jura Bresse entend encourager le maximum de producteurs à être éligibles. « Ces dispositifs sont devenus des conditions de vente de produit ». Pour ce qui est des mises aux normes, l’entreprise entend travailler au cas par cas avec un assouplissement pour les producteurs en fin de carrière. Par contre, pour les autres producteurs, la position est plus tranchée avec un arrêt de la collecte si la situation n’évolue pas dans les trois ans. « Nous demandons à l’entreprise de la souplesse dans l’application pour que les producteurs en difficulté puissent adapter leur exploitation », plaidait le président.
Suite au souhait de Danone de diminuer de manière drastique les volumes à hauteur de 10 millions de litres d’ici à cinq ans, l’association est en pleine réflexion pour maintenir le potentiel et l’activité de transformation sur la région, ce qui suppose de trouver de nouveaux débouchés. Enfin, il est désormais clair que le projet de Ciel ne verra pas le jour tel qu’il avait été envisagé au départ. « Dans un monde qui change rapidement, il nous faut chercher des solutions novatrices », concédait sur le sujet les responsables de l'association.


Négocier un prix à partir d’un volume


Président de I'Organisation de producteurs Danone du Nord-Pas de Calais, Gilles Durlin était invité à présenter son expérience menée dans sa région en matière de gestion des volumes et de recherche de nouveaux débouchés. « Aujourd’hui, la question est de savoir si nous devons produire plus et/ou mieux. Le système laitier était jusqu’à présent en dehors du marché. Depuis dix ans, il y a une vraie compétition entre les producteurs européens. Il faut tenir pour l’instant en produisant au moins autant, sinon plus. A titre personnel, je suis habitué à contractualiser à travers d’autres productions. Il doit y avoir une vraie relation contractuelle où l’on parle franchement économie, prix et volume pour adapter sa stratégie. Tout le monde s’y retrouve. Cela donne de la sérénité et des perspectives. Il faut négocier un prix à partir d’un volume. Nous devons être novateurs sur la formule de prix. Chez nous, il y a un tissu industriel assez fourni avec cinq usines de collecte et de transformation du lait. Nous sommes en gestion collective des volumes. Cela donne plus de souplesse aux producteurs. Face à la demande de l’entreprise, le volume fourni par les producteurs peut osciller entre 95 et 105 %. Au-delà des 105 %, les volumes supplémentaires sont affectés à d’autres débouchés avec un prix différent. Nous avons un objectif de croissance de +6 à +10 % chez nous ».