Développement économique
Trop d’agriculteurs en Afrique en 2050 ?

Publié par Cédric Michelin
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« Revenus et trajectoires agricoles en Afrique d’ici 2050 : vers un trop-plein d’agriculteurs ? », à travers ce rapport publié en mars 2017 pour l’Agence Française de Développement (AFD), Benoit Faivre-Dupaigre, chef de projet Politiques et marchés agricoles de FARM, apporte une réflexion sur la capacité de l’agriculture africaine d’une part à faire vivre les producteurs, et d’autre part, à élargir son champ d’action. 

Trop d’agriculteurs en Afrique en 2050 ?

Entre 1961 et 2006, tandis que la population mondiale a augmenté de 113 % et la production de calories alimentaires végétales de 178 %, les proportions sont différentes en Afrique avec une croissance démographique atteignant 235 % mais un accroissement de la production alimentaire végétale de 210 %. Pourtant, le continent connaît, contrairement au reste du monde, une progression des surfaces cultivées qui s’élève à 51 %, quand elle ne dépasse pas 12 % ailleurs. Cette hausse atteindrait même, selon les projections, 80 % d’ici 2050. D’autre part, l’Afrique est censée combler son retard de productivité de la terre, toujours à l’horizon 2050. Cependant, le problème semble être le suivant : « Un écart grandissant en ce qui concerne la productivité du travail estimée en Kcal par calorie ». Et ce, alors que la croissance démographique du continent est estimée à 330 millions de personnes. Ainsi, malgré le fait que la surface cultivée augmente, « la surface par actif agricole diminuerait ». La productivité de la terre doit donc absolument être améliorée. Pour cela, Benoit Faivre-Dupaigre cite deux possibilités : la première consiste en un recours accru aux intrants chimiques et à la sélection variétale, la seconde privilégie l’agro-écologie. Les deux conduisent à des améliorations respectives de 3,2 et 3,3 % par an. La productivité est donc sans nul doute amenée à s’accroitre, néanmoins les divergences mettent en exergue le fait que des moyens différents devront être déployés en fonction des territoires puisque la disponibilité des terres en 2050 « varierait d’environ 28 ha en Afrique du sud à moins de 0,2 ha au Rwanda et au Burundi ».

Inégalités des revenus 

« 28 pays verraient le revenu de leurs agriculteurs plus que doubler alors que 9 le verraient se réduire », mentionne le rapport. Ainsi, la prévision d’une hausse de 0,9 % de revenu par an est indicative et peu représentative des grandes disparités entre les Etats. Or, « un secteur qui n’est pas capable de générer des activités rémunératrices ne pourra pas attirer les jeunes ». Il convient alors de s’intéresser à l’écart avec les autres secteurs, grâce à « un indicateur de convergence des revenus agricoles avec ceux du reste de l’économie », qui peut être calculé avec le « ratio de revenu du travail » (LIR). On s’aperçoit ainsi que « les pays les plus avancés ont une part de l’agriculture dans le PIB qui est faible », tandis que la part de la population agricole est également peu élevée. En revanche, « la situation est inverse pour les pays les moins développés ». Selon les prévisions 2050, la situation des agriculteurs s’améliorerait par rapport au reste de la société au Maroc, en Algérie, à l’île Maurice et en Afrique du Sud qui ont déjà amorcé leur transition démographique, ainsi que dans les pays amenés à mieux utiliser leur potentiel comme le Cameroun et la République centrafricaine. Au contraire, les 18 pays dans lesquels les agriculteurs se trouvent déjà en situation défavorable risquent de les voir s’appauvrir encore. En outre, dans certains cas, la conjoncture devient réellement critique puisqu’au Sénégal, Sao Tomé et Principe, Rwanda, Niger, Malawi, Gambie et Comores, « se combinent accroissement de l’écart entre agriculteurs et reste de l’économie et baisse en valeur absolue du revenu ». Enfin, les revenus semblent diverger de plus en plus avec un LIR de « 0,25 en 2010 » qui chuterait à « 0,16 en 2050 ».

Politiques différenciées 

« L’expérience asiatique montre qu’en soutenant leur agriculture, ces pays ont permis à leurs agriculteurs d’atteindre au plus vite le point où les revenus agricoles et non agricoles convergent », rappelle le rapport de Benoit Faivre-Dupaigre. En effet, le creusement de l’écart de revenu est une conséquence de l’industrialisation. Deux solutions s’offrent alors aux gouvernements, en fonction de la situation de leur pays : « des politiques plus ambitieuses de soutien […] par les prix » ou bien « des mesures sociales spécifiques ». En tout cas, cet écart ne doit pas être envisagé négativement puisqu’il est « la plupart du temps, le signe d’une augmentation de pouvoir d’achat des urbains », qui entraîne elle-même les « prix agricoles vers le haut, au bénéfice des agriculteurs ». Ainsi, l’hypothèse avancée est la suivante : « Pour une majorité de pays, l’agriculture, pour peu qu’on la soutienne saura retenir ses actifs et leur procurer des revenus en hausse par rapport à aujourd’hui ». Or, soutenir ce secteur dépasse la simple mobilisation favorable aux prix, « le développement d’activités de transformations de produits agricoles en zones rurales », étant à la fois nécessaire pour la diversification des activités et des revenus des agriculteurs, et loin d’être achevé. Raison pour laquelle la résolution de l’équation agricole passe également par « des politiques globales de développement des espaces ruraux ».

Trop d’agriculteurs en Afrique en 2050 ?

Entre 1961 et 2006, tandis que la population mondiale a augmenté de 113 % et la production de calories alimentaires végétales de 178 %, les proportions sont différentes en Afrique avec une croissance démographique atteignant 235 % mais un accroissement de la production alimentaire végétale de 210 %. Pourtant, le continent connaît, contrairement au reste du monde, une progression des surfaces cultivées qui s’élève à 51 %, quand elle ne dépasse pas 12 % ailleurs. Cette hausse atteindrait même, selon les projections, 80 % d’ici 2050. D’autre part, l’Afrique est censée combler son retard de productivité de la terre, toujours à l’horizon 2050. Cependant, le problème semble être le suivant : « Un écart grandissant en ce qui concerne la productivité du travail estimée en Kcal par calorie ». Et ce, alors que la croissance démographique du continent est estimée à 330 millions de personnes. Ainsi, malgré le fait que la surface cultivée augmente, « la surface par actif agricole diminuerait ». La productivité de la terre doit donc absolument être améliorée. Pour cela, Benoit Faivre-Dupaigre cite deux possibilités : la première consiste en un recours accru aux intrants chimiques et à la sélection variétale, la seconde privilégie l’agro-écologie. Les deux conduisent à des améliorations respectives de 3,2 et 3,3 % par an. La productivité est donc sans nul doute amenée à s’accroitre, néanmoins les divergences mettent en exergue le fait que des moyens différents devront être déployés en fonction des territoires puisque la disponibilité des terres en 2050 « varierait d’environ 28 ha en Afrique du sud à moins de 0,2 ha au Rwanda et au Burundi ».

Inégalités des revenus 

« 28 pays verraient le revenu de leurs agriculteurs plus que doubler alors que 9 le verraient se réduire », mentionne le rapport. Ainsi, la prévision d’une hausse de 0,9 % de revenu par an est indicative et peu représentative des grandes disparités entre les Etats. Or, « un secteur qui n’est pas capable de générer des activités rémunératrices ne pourra pas attirer les jeunes ». Il convient alors de s’intéresser à l’écart avec les autres secteurs, grâce à « un indicateur de convergence des revenus agricoles avec ceux du reste de l’économie », qui peut être calculé avec le « ratio de revenu du travail » (LIR). On s’aperçoit ainsi que « les pays les plus avancés ont une part de l’agriculture dans le PIB qui est faible », tandis que la part de la population agricole est également peu élevée. En revanche, « la situation est inverse pour les pays les moins développés ». Selon les prévisions 2050, la situation des agriculteurs s’améliorerait par rapport au reste de la société au Maroc, en Algérie, à l’île Maurice et en Afrique du Sud qui ont déjà amorcé leur transition démographique, ainsi que dans les pays amenés à mieux utiliser leur potentiel comme le Cameroun et la République centrafricaine. Au contraire, les 18 pays dans lesquels les agriculteurs se trouvent déjà en situation défavorable risquent de les voir s’appauvrir encore. En outre, dans certains cas, la conjoncture devient réellement critique puisqu’au Sénégal, Sao Tomé et Principe, Rwanda, Niger, Malawi, Gambie et Comores, « se combinent accroissement de l’écart entre agriculteurs et reste de l’économie et baisse en valeur absolue du revenu ». Enfin, les revenus semblent diverger de plus en plus avec un LIR de « 0,25 en 2010 » qui chuterait à « 0,16 en 2050 ».

Politiques différenciées 

« L’expérience asiatique montre qu’en soutenant leur agriculture, ces pays ont permis à leurs agriculteurs d’atteindre au plus vite le point où les revenus agricoles et non agricoles convergent », rappelle le rapport de Benoit Faivre-Dupaigre. En effet, le creusement de l’écart de revenu est une conséquence de l’industrialisation. Deux solutions s’offrent alors aux gouvernements, en fonction de la situation de leur pays : « des politiques plus ambitieuses de soutien […] par les prix » ou bien « des mesures sociales spécifiques ». En tout cas, cet écart ne doit pas être envisagé négativement puisqu’il est « la plupart du temps, le signe d’une augmentation de pouvoir d’achat des urbains », qui entraîne elle-même les « prix agricoles vers le haut, au bénéfice des agriculteurs ». Ainsi, l’hypothèse avancée est la suivante : « Pour une majorité de pays, l’agriculture, pour peu qu’on la soutienne saura retenir ses actifs et leur procurer des revenus en hausse par rapport à aujourd’hui ». Or, soutenir ce secteur dépasse la simple mobilisation favorable aux prix, « le développement d’activités de transformations de produits agricoles en zones rurales », étant à la fois nécessaire pour la diversification des activités et des revenus des agriculteurs, et loin d’être achevé. Raison pour laquelle la résolution de l’équation agricole passe également par « des politiques globales de développement des espaces ruraux ».