Orges d’hiver
Le paysage variétal s’est bien modernisé

Publié par Cédric Michelin
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Les premiers résultats des essais variétés, réalisés par Arvalis - Institut du végétal, sont arrivés. Un regroupement de cinq essais de la grande zone brassicole Centre - Nord Est est déjà disponible : départements 36, 18, 89, 91 et 51. Réalisés dans des milieux favorables pour trois d’entre eux et sur des argilo-calcaires pour les deux autres, ces essais se caractérisent par un rendement moyen élevé, proche de 100 qx/ha.
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Du côté des variétés brassicoles, Etincel et Isocel confirment leur suprématie ! Etincel (Secobra) et Isocel (Secobra), inscrites en 2012 et « variétés préférées » par les malteurs et les brasseurs pour la récolte 2016, sont devenues en trois ans les deux variétés les plus cultivées et les plus multipliées en France, avec respectivement 29% et 7% des surfaces en multiplication.
En rendement, elles restent « main dans la main » en tête des variétés brassicoles, 1 à 2% seulement derrière les meilleures lignées fourragères et les hybrides. Qu’il s’agisse de leur look subjectivement peu avantageux, aux dires des producteurs, ou de leurs caractéristiques agronomiques et de leur qualité, elles sont très semblables : une bonne tolérance aux maladies (malgré une petite faiblesse vis-à-vis de la rhynchosporiose) et sans défaut marqué vis-à-vis de la verse, un calibrage d’un bon niveau, des teneurs en protéines plutôt modestes, en dessous de la courbe de dilution « protéines x rendement ». Enfin, elles réalisent leurs meilleurs rendements plutôt avec beaucoup d’épis / m², associés à une bonne fertilité des épis.
Casino (Momont), également « variété préférée » inscrite en 2012, occupe la 7ème place des variétés multipliées en France à 2.7%. Depuis quatre ans, elle produit, en moyenne, 3 à 4% de moins de rendement qu’Etincel et Isocel. Ses meilleurs résultats sont obtenus sur sols de craie et argilo-calcaire. Sur le plan agronomique comme technologique, elle est très proche des deux leaders de la catégorie. Son PS reste parmi le plus élevés, au niveau de celui des meilleures orges d’hiver deux rangs.
Plus récente, 19ème variété multipliée en 2015, Amistar (Momont) monte en étape deux de la catégorie « en observation commerciale et industrielle » pour la récolte 2016. Autant son rendement avait déçu en 2013, autant elle se repositionne bien depuis deux ans à côté de Casino. Elle présente un avantage significatif sur toutes les autres : elle est génétiquement tolérante à la jaunisse nanisante. Par ailleurs, plus sensible aux maladies que ses concurrentes directes elle semble aussi plus tolérante à la verse. Enfin, elle confirme un calibrage élevé proche de celui des orges d’hiver deux rangs alors que sa teneur en protéines pourrait s’élever facilement. Son PS reste parmi le plus élevés de la catégorie. Enfin, sur le plan du mode d’élaboration du rendement, elle se distingue des obtentions Secobra par un gros PMG et une fertilité d’épis mesurée.
Inscrite à l’automne 2013, 35ème variété multipliée en 2015, Voyel (Secobra) intègre aussi l’étape deux de la catégorie des variétés « en observation commerciale et industrielle ». Cette variété plus tardive que les précédentes déçoit un peu en rendement cette année. Plus sensible aux maladies que ses concurrentes directes elle semble aussi plus tolérante à la verse. Calibrage et teneur en protéines sont au niveau de ses « cousines » Etincel et Isocel.
Enfin, toujours sur la liste des « variétés préférées » par les malteurs et les brasseurs, subsistent, par ordre d’ancienneté : Esterel (1996 - Secobra) et Passerel (2011 - Secobra). Esterel, longtemps variété la plus cultivée en France n’occupe plus que la 24ème place des variétés multipliées en 2015. Au cours de cette campagne, ses meilleurs faits d’arme sont enregistrés sur les sols séchants de plateaux à faible potentiel où elle fait à peine moins bien que les leaders de la catégorie. L’ultra précocité de cette variété a probablement constitué un avantage dans ce type de milieu, sous un climat de fin de campagne sec et chaud. Passerel occupe la 9ème place des variétés multipliées à 2.1%. Proche en productivité de Casino et Amistar, elle a un profil agronomique comme technologique moins favorable : elle est sensible aux maladies et son calibrage est inférieur à celui des variétés plus récentes.

Du côté des orges d’hiver deux rangs brassicoles, toujours rien de bien significativement concurrentiel. Salamandre (Secobra), décevante cette année, a un rendement régulièrement inférieur d’environ 8 à 10% à celui des meilleurs escourgeons. C’est sur le plan qualitatif que cette variété, 14ème multipliée en 2015, se distingue : d’un côté, un calibrage et un PS records mais à l’inverse une teneur en protéines souvent élevée. Enfin, Vanessa (Unisigma), toujours dans la liste des « variétés préférées » par les malteurs et les brasseurs, n’est plus dans le coup depuis longtemps au niveau de la productivité.



Une offre pléthorique



Qu’il s’agisse d’hybrides, de lignées 6 rangs ou 2 rangs, le progrès génétique est bien là parmi les variétés fourragères. Les hybrides Mangoo (2014 – Syngenta / 4ème variété multipliée) et Tektoo (2015 – Syngenta / 10ème variété multipliée) « tiennent la corde » de la productivité en compagnie des meilleures lignées du moment. Les escourgeons KWS Tonic (2013 – Momont / 17ème variété multipliée) et Touareg (2011 – Lemaire D. / 20ème variété multipliée) confirment ainsi un très bon niveau de productivité depuis leur inscription. Toujours en six rangs, mais inscrits en 2015, Detroit (DSV) et Joker (Momont) atteignent le même niveau, avec des rendements supérieurs à ceux enregistrés à l’inscription. Le second présente la particularité d’être résistant aux deux mosaïques. Au milieu de ces escourgeons, s’intercale la nouvelle variété à 2 rangs KWS Orwell (Momont). Moins tardive que KWS Glacier (2013 – Momont / 15ème variété multipliée) et KWS Cassia (2010 – Momont / 3ème variété multipliée), elle s’en sort mieux en 2015 et pourrait assurer la relève parmi les orges d’hiver très productives.
Plus anciens mais encore cultivés, les escourgeons très précoces Cervoise (2005 - Momont) et Abondance (2001 - Syngenta), réalisent encore de bonnes performances en 2015 dans les situations les plus sèchantes.