Nouveaux nés en élevage allaitant (2e partie)
Mon bâtiment est-il adapté ?

Une série d’articles s’inscrit dans le cadre du projet "EcoAntibio et bien-être : des leviers d’action pour une meilleure santé des veaux et des élevages". Cette semaine, nous traitons de bâtiment et du lien avec le confort des veaux en soulevant la problématique suivante : "mon bâtiment est-il adapté pour des jeunes veaux allaitants ?".
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Pour les jeunes veaux, il est souvent nécessaire de créer "un bâtiment dans le bâtiment". En effet un jeune veau dégage peu de chaleur (équivalent à une ampoule de 60 W) alors qu’une vache dégage, elle, beaucoup de chaleur (équivalent à un radiateur de 1.000 W) ; un veau ne peut donc ne réchauffer qu’un faible volume.
Aussi, est-il important de mettre en œuvre des dispositifs permettant d’assurer un confort thermique aux veaux pour diminuer les coups de froid sur les jeunes veaux (moins d’un mois d’âge).
Des dispositifs permettant de diminuer le volume des cases à veaux avec des faux plafonds sont ainsi préconisés.
Le dispositif de la photo 1 est conçu avec une toile type brise-vent à maille très serrée tendue via des œillets au-dessus des parcs à veaux dont les poteaux ont été rehaussés.
Le dispositif de la photo 2 a été réalisé avec du géotextile tendu sur un cadre métallique qui peut se relever à l’aide de câbles reliés aux pannes pour permettre le paillage/curage.

Légende Photo 1 :
Aménagement du parc à veaux au Gaec Givry à Mellecey.

Légende Photo 2 :
Aménagement du parc à veaux chez Sébastien Baudin à Perrecy-les-Forges.

Pour les veaux nécessitant un nursing renforcé (veaux "mous", jumeaux, veaux réanimés, veaux issus de vêlages difficiles), il est important de disposer d’équipements permettant de réchauffer ce dernier : manteau à veau, niche à veau, lampe chauffante… Il faut penser à choisir des équipements faciles à nettoyer et à désinfecter.


Légende Photo 3 :
Nursing renforcé des jeunes veaux.


Préparer l’avenir !


Les jeunes veaux sont monogastriques et deviendront progressivement polygastriques c’est-à-dire ruminants (à partir de l’âge de quatre mois). Il est donc important de leur construire une panse efficace.
Le lait est le premier aliment nécessaire au jeune veau allaitant, le moins cher à produire et le plus efficace d’un point de vue alimentaire. Cependant, si la durée de consommation de lait seul est trop importante, la transition au sevrage risque d’entraîner un amaigrissement de l’animal voire l’apparition de troubles digestifs.
Dès les premières semaines de vie, les apports complémentaires au lait permettent une croissance et un étirement du rumen et conditionnent la réussite du veau après le sevrage :
 le fourrage contribue à l’augmentation en volume du rumen (étirement), au développement de la muqueuse et à l’augmentation de la taille des papilles ;
 les aliments concentrés permettent le développement du nombre de papilles (qui permettent l’absorption des nutriments et donc améliorent l’efficacité alimentaire). Au-delà de quatre mois, le nombre de papilles est définitivement fixé (ce qui fige la capacité digestive future de l’animal) d’où l’importance d’accoutumer le veau dès les premières semaines à consommer des aliments solides !
 l’eau et le sel permettent quant à eux un développement de la flore microbienne du rumen et une meilleure assimilation des aliments solides (humidification du contenu).

Une complémentation à adapter


La complémentation d’un veau allaitant doit donc toujours être composée d’eau, de sel et de fibres (les trois aliments de base des ruminants) et d’un petit peu de concentrés. La partie solide doit présenter un bon équilibre énergie/azote (autour de 1 UFL/KG de MS, 17 à 20 % de MAT).
 Durant les trois premiers mois, cette complémentation peut être apportée, soit uniquement par de l’herbe de bonne qualité (herbe de printemps ou repousse d’automne), soit par un bon foin (de 0 à 2 kg à 3 mois) et un concentré. Cet aliment concentré doit être adapté à l’âge des animaux. Pour les veaux de moins de quatre mois d’âge, il devra respecter les recommandations suivantes :
- plus de 12 % de cellulose brute. C’est pourquoi ce concentré doit contenir au maximum 20 % de céréales à paille dans le mélange (risque d’acidose si la proportion de céréales à paille est trop élevée) ;
- de l’amidon lent (ex : grains de maïs) ;
- de la protéine (le concentré doit atteindre 17 à 20 % de MAT) ;
Après quatre mois, la complémentation varie en fonction des objectifs de production, avec des conduites alimentaires des veaux jusqu’au sevrage, adaptées aux besoins ultérieurs (broutards +/- alourdis, JB, génisses renouvellement…).
Il est donc important dans la conception des cases à veaux de prévoir tout le nécessaire pour préparer la future panse : abreuvoirs, auge, râtelier… doivent être facilement accessibles et dédiés aux petits veaux !