Elevage allaitant
Ne pas négliger la technique

Le 4 novembre, plus d’une centaine d’éleveurs adhérents de la coopérative Téol participaient à la journée technique sur l’élevage allaitant organisée par la coopérative Téol à Blanzy.
133002--P1030326.JPG
Téol organisait une journée technique sur l’élevage allaitant le 4 novembre dernier à Blanzy. Cette journée avait pour but de rappeler un grand nombre des bonnes pratiques d’élevage. Elle était aussi l’occasion de visiter le Gaec d’Ocle à Blanzy et a permis à Franck Thomas, animateur commercial, de rappeler l’importance des résultats techniques dans les résultats économiques… Plusieurs intervenants, spécialistes dans leur domaine de compétences, ont ainsi fait un large tour d’horizon de différents aspects de la production en race charolaise.

Donner toutes ses chances au veau


Jean-Louis Freyheit, vétérinaire praticien, s’est ainsi attaché à rappeler quelques bons conseils en matière de vêlages et de bonne santé des veaux. « Le fil rouge, c’est la prévention », insistait-il, lui pour qui « il faut considérer la maladie comme un échec qui coûte cher ». Alors que « la prévention permet de moins recourir aux antibiotiques. Et réduire leur usage est relativement facile à condition d’avoir une démarche préventive ». Le vétérinaire insistait ainsi sur l’intérêt de la vaccination contre les diarrhées et les maladies respiratoires. « Le parasitisme est mieux géré dès lors que l’on réalise des coprologies. Les traitements sont alors mieux ciblés, et les coûts maîtrisés ».
Jean-Louis Freyheit insistait enfin sur le fait que le vêlage devait avant tout se faire dans de bonnes conditions d’hygiène. Le tube digestif du veau est en effet stérile à la naissance, et c’est la mère ainsi que l’environnement qui transmettent la flore digestive au nouveau-né. « Dans un milieu souillé, les pathogènes prennent le dessus… ».

Gare aux fourrages !


Luc Van Nespen, spécialiste bovins viande et fourrages à Inzo, s’est intéressé à la qualité des fourrages de la campagne en cours. Le foin a en effet été récolté assez tard, ce qui conduit à des teneurs en MAT (matières azotées totales) moyennes, voire médiocres (8 à 11 % en moyenne). Ces foins sont moins digestes, ont une valeur alimentaire plus faible et seront surtout consommés en quantité moindre… « C’est la double peine », précisait-il, invitant chacun à veiller à maintenir une ingestion correcte pour satisfaire les besoins des animaux en réalisant une complémentation adaptée (des apports accrus d’azote fermentescible et de sucres rapides seront généralement nécessaires). Quant aux ensilages de maïs, ils apparaissent « très hétérogènes et parfois très secs du fait de la sècheresse estivale ». Dans les situations où le maïs est très sec, il est vraiment préférable que le grain ait été bien éclaté sous peine de sa mauvaise digestion. A l’instar du foin, une complémentation différente de l’an dernier doit être envisagée. Dans le cas de maïs sec, il faut d’abord favoriser la prise alimentaire par un profil de ration davantage soluble, tant sur la fraction azotée qu’énergétique.

Gagner en efficacité !


Ingénieur chez Lallemand Animal Nutrition, Bruno Martin s’est ensuite attaché à relater un essai d’alimentation sur des vaches de boucherie, un essai qui « a le grand intérêt d’apporter des référence locales, sur des vaches lourdes de bonne valeur génétique ». L’effet des levures vivantes (Levucell titan) a ainsi été évalué en situation réelle au Gaec Barge-Frederici de Vaudebarrier. Les animaux ont été finis durant quatre-vingt jours environ avec une ration à base d’ensilage de maïs et de foin, complémentée avec du blé (2,5 kg/jour) et de l’aliment Tourtofinition (3 kg/jour), contenant ou non les levures vivantes Levucell. Cet aliment est agréé Label. Les dix-huit vaches à finir ont été allotées en deux groupes de neuf vaches homogènes en état corporel et en âge (8 ans en moyenne). Le lot levures a vu sa croissance améliorée de 204 grammes par jour par rapport au lot témoin, soit 1.537 grammes contre 1.333, ainsi qu’une amélioration du poids de carcasse de plus 10 kg (527 kg de poids de carcasse contre 517). Ces améliorations de performances ont conduit à une amélioration de la marge sur coût alimentaire de l’ordre de 25 € par tête (et cela bien sûr avec la situation de conjoncture difficile actuelle). A noter que les animaux ont été équipés de bolus Smaxtec pour la durée de l’essai. Ce système de haute valeur technologique enregistre la température et le pH du rumen toutes les dix minutes. A partir de la température du rumen, on arrive à déduire quand et combien de fois un animal boit (la température du rumen étant très stable aussi, lorsque celle-ci descend, on sait que l’animal a bu). « On observe notamment un très grand effet de la façon de donner à manger de l’éleveur », ajoute Bruno Martin. « On ne peut qu’inciter à la régularité dans les distributions, au risque d’accentuer l’acidose ». Et attention à l’abreuvement : « qui boit peu, mange peu et produit peu… ».

Économiser en réduisant les pertes


En terme d’autonomie alimentaire en cette période particulièrement difficile, la conservation des ensilages se traduit par des pertes globales de matière sèche de l’ordre de 15 à 20 %, et parfois beaucoup plus en cas de présence visible de moisi, rappelait d’emblée Yves Recorbet, spécialiste Ensilage chez Lallemand Animal Nutrition. Lors de la confection de l’ensilage, l’ajout d’inoculant biologique permet d’acidifier rapidement le silo, puis gêne le développement des microorganismes indésirables comme les champignons lors de l’ouverture.
D’une façon générale, cela permet de diminuer les pertes de matière sèche par deux (pertes visibles, mais surtout invisibles lors de l’échauffement initial du silo). On passe ainsi de 15 à 20 % de pertes totales à 8 à 12 % environ…
Yves Recorbet a ainsi rappelé les règles essentielles pour assurer une bonne conservation des ensilages :
- un tassage maximum (serrage maximum pour les ballots d’enrubanné) ;
- un bâchage avec une première bâche labellisée 40µ (moins perméable à l’oxygène), puis avec une seconde bâche 150µ neuve ou de réutilisation si l’état est correct ;
- l’utilisation d’un inoculant biologique adapté (acidifiante et/ou antifongique) ;
- l’utilisation de pneus est déconseillée (faible effet tassant, risque élevé de corps étrangers et temps de mise en œuvre important) ;
- une vitesse d’avancement minimale de 10 cm/jour en hiver et 20 cm en période chaude.
Enfin, il s’avère parfois délicat de minéraliser les vaches en fin de gestation alors qu’elles sont en pâture. Il y a les seaux à lécher, les blocs de sel ou encore le système Culbuto, rappelait Claude Lebarbier, animateur minéral Inzo, pour qui les vaches peuvent alors recevoir du minéral en libre-service. Une présentation et une composition spécifique permettent une bonne régulation de la consommation… Associé du Gaec d’Ocle, Jean-Luc Dumout utilise cette technique. Pour lui, « cette année, avec cette méthode de minéralisation, les vêlages se passent bien pour l’instant, et surtout je constate une différence sur les délivrances. De mon point de vue, il y a un effet net ! ».




Gaec d’Ocle
Des chiffres qui parlent


L’après-midi a été consacré à la visite du Gaec d’Ocle à Blanzy. Les visiteurs ont pu apprécier la qualité du cheptel, et échanger autour de différentes thématiques.
Associé du Gaec, Jean-Luc Dumout a présenté l’exploitation. « Nous travaillons en relation étroite avec Téol. Nous suivons de près l’alimentation et tout ce qui touche à la production des fourrages. Nous essayons d’agir sur tous les leviers techniques de la productivité ». Et de fait, le Gaec est bien positionné en terme de viande vive produite par hectare de SFP (425 kg/ha et par an) en intégrant les 32 ha de céréales autoconsommées. Mais pour cela, il faut d’abord maîtriser la reproduction et la mortalité. L’intervalle vêlage-vêlage se situe ainsi à 370 jours par an et le taux de mortalité des veaux est inférieur à 5 % en moyenne sur plusieurs années. Enfin, « nous nous efforçons de limiter les animaux improductifs grâce aux échographies et en avançant l’âge au vêlage d’une partie des génisses. Ainsi, l’âge moyen au premier vêlage est-il de 32 mois, car une partie des génisses vêle à 24 mois ».
Bien entendu, le GMQ est une composante de la productivité à ne pas oublier… « Il est préférable de comparer des GMQ par jour de vie et non seulement sur l’engraissement », précisait Franck Thomas, rappelant qu’au Gaec d’Ocle, les jeunes bovins sont engraissés avec un mash fibreux contenant des céréales, préparé à la mélangeuse à base d’un aliment fourni par Téol. Et les résultats sont bons et cela simplifie le travail !





Le Gaec en chiffres


Unités de main-d’œuvre : 3
SAU : 238 ha, dont 194 ha de STH
Le cheptel est composé de 145 vaches charolaises suitées avec engraissement des mâles, le troupeau est conduit en insémination artificielle. La détection des chaleurs se fait pour partie avec des taureaux salers vasectomisés. L’intervalle vêlage-vêlage est de 373 jours en 2016.
Le taux de mortalité des veaux est inférieur à 5 % depuis plusieurs années.
La croissance des mâles à l’engrais (engraissés avec une ration sèche riche en céréales) est élevée (1.440 gramme par jour, de la naissance à l’abattage) et le poids de carcasse des vaches finies élevé (vaches 485 kg ; génisses 453 kg) contribuent également à une productivité élevée.
Le Gaec produit ainsi 95.000 kg de viande vive par an, soit 425 kg par ha de surface fourragère (STH et céréales autoconsommées). Un chiffre à mettre en relation avec le repère objectif de 320 kg de viande vive par hectare habituellement admis en système naisseur engraisseur charolais.