Station de Jalogny
Gros plan sur la commission d’éleveurs

La vente aux enchères de la station d’évaluation de Jalogny aura lieu le 19 février à Charolles. Pour en arriver là, les 77 veaux charolais ont été sélectionnés en ferme, évalués durant 84 jours et soumis à un tri final début février. Ce travail rigoureux et sans concession s’est fait sous l’œil critique et connaisseur d’une commission d’éleveurs et de techniciens. Rencontre.
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Le 5 février dernier à la station de Jalogny avait lieu le dernier tri des veaux destinés à la vente aux enchères du 19 février prochain. Au terme de 84 jours d’évaluation, les 84 jeunes reproducteurs retenus sont passés un par un devant une commission mixte d’éleveurs et de techniciens, mandatés par le GIE Synergie Charolais - Station de Jalogny (1). Cette commission est composée de 14 éleveurs et de six techniciens. « Son rôle est d’accompagner tout le travail de la station », présente le président du GIE, Frédéric Borne. Cela passe par le recrutement en ferme, le suivi régulier de l’évaluation, le tri final et même la promotion de l’outil sur le terrain. Si le recrutement de toutes les stations s’appuie sur une même grille technique rigoureuse, fixant des niveaux d’index d’ascendance minimums, la commission est très investie sur les critères morphologiques des candidats.

Aplombs irréprochables


En ferme, son rôle est d’examiner la morphologie des parents et notamment les aptitudes maternelles des mères (pattes, mamelles…). Sur les veaux eux-mêmes, la commission se doit de ne retenir que des aplombs irréprochables, sachant que « pour supporter trois mois d’évaluation, l’animal doit avoir des pattes solides », confie Frédéric Borne.
Durant l’évaluation, les membres de la commission sont convoqués tous les 28 jours pour participer aux pesées. « Ils voient comment les animaux évoluent ; apportent un regard extérieur critique… ». Le tri final est sans doute la mission la plus importante de cette commission. L’élimination des veaux qui n’ont pas le niveau est une lourde responsabilité vis-à-vis des collègues apporteurs. Mais « il faut tout mettre en œuvre pour que le jour J, la vente soit au top ». Il en va de la réputation de la station saône-et-loirienne et « cela facilite aussi le recrutement de l’année suivante », justifie Frédéric Borne.

« Parole d’éleveur »


Dans ce rôle difficile, la commission de Jalogny fait preuve d’une grande solidarité dans ses prises de décision collective, rapporte le président. C’est une qualité importante pour le bon fonctionnement d’un tel GIE. Le groupe fait également montre d’une remarquable fidélité et de beaucoup de disponibilité pour la station, signale en outre le président. La commission est aussi là pour porter une « parole d’éleveur », que ce soit au sein du processus d’évaluation qu’à l’extérieur. Chacun à leur place ou dans leur environnement, les vingt membres assurent en effet la meilleure des promotions de l’outil Station de Jalogny, explique Frédéric Borne. Ils participent à la mission de vulgarisation de la génétique qui est un des rôles de la station. « Un outil pédagogique, tant pour les acheteurs - qu’on oriente vers des choix génétique, que pour les acheteurs - qu’on familiarise aux index, à la prise en compte des performances », synthétise Frédéric Borne.

(1) La station d’évaluation de Jalogny est gérée par un GIE constitué de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, Alsoni 71 (ex Bovins croissance 71), Charolais Horizon, Global, Elva Novia, Elvea 71-58, les Sociétés d'agriculture de Charolles et d'Autun, le Comité de concours agricole Val-d'Arroux Gueugnon, Charolais évaluation 71, l'Association des éleveurs d'Entre Saône et Loire et la Fédération des comités agricoles.



Olivier Lavesvre, Tavernay
Une génétique qui répond aux attentes des acheteurs


Installé en 2010 en Gaec à Tavernay, Olivier Lavesvre connaît bien la station pour y avoir travaillé durant cinq ans avant son installation. A l’époque, cette expérience dans le milieu de la génétique charolaise l’avait beaucoup enthousiasmé, au point qu’il n’a pas hésité un instant lorsqu’on lui a proposé de rejoindre la commission du GIE. Olivier est l’un des rares éleveurs qui ne soit pas apporteur de veaux à la station de Jalogny. C’était un choix des responsables de la station que d’ouvrir la commission aux acheteurs. Eleveur engraisseur non inscrit, Olivier offre un point de vue différent au sein de la commission : « une ouverture au marché », comme il le dit lui-même. Le jeune éleveur apprécie le travail collectif accompli au sein du groupe ; cette aspiration « à aller dans le même sens, pour créer de l’amélioration génétique pour tout le monde ». Depuis dix ans qu’il fréquente la station, Olivier constate une belle évolution du suivi technique. Il souligne aussi le sérieux du travail de sélection opéré par la commission. Son expérience à la station l’a convaincu de l’intérêt d’acheter des reproducteurs évalués. Dans une ferme familiale qui a toujours pris le plus grand soin pour acheter ses reproducteurs, l’achat en station représente aujourd’hui une sécurité optimale résultant d’un processus de sélection accompli tour à tour par le naisseur, par la commission, par l’évaluation, par le tri final et par l’ensemble des données techniques, fait valoir Olivier. Avec son frère, ils ont déjà acheté quatre taureaux issus des stations de Jalogny et de Créancey (21). Une stratégie d’achat qui s’est accompagnée d’une évolution génétique de l’élevage. Autrefois très orientée "Viande", la sélection de la ferme a du s’adapter à la conjoncture économique et aussi pour préserver la qualité de vie des associés et de leurs familles. Sans vouloir perdre ce grain de viande qui avait fait la force de l’élevage, les frères Lavesvre sont devenus plus sensibles aux qualités maternelles, à la croissance… De 25 % de césariennes, le Gaec est ainsi passé à 3 % en quelques années seulement.





André Prudhon, Montcenis
« Un super lot de veaux cette année ! »


André Prudhon est l’un des plus anciens membres de la commission. Cet éleveur de Montcenis - membre du Gaec de Périgas, retraité depuis peu - suit les veaux de la station depuis 1998. Autant dire qu’il en a vu passer des millésimes ! André a aussi assisté à une évolution de la station qui s’est mise à donner davantage de poids aux données chiffrées, aux qualifications, aux veaux plus âgés, aux GMQ… Des orientations qui vont dans le sens du marché, reconnaît le sexagénaire qui souhaite cependant que le point de vue des éleveurs continue de peser dans le fonctionnement de la station. D’ailleurs, en dépit de quelques regrets quant aux évolutions raciales, André est toujours resté impliqué à la station parce qu’il en aime l’ambiance et le travail d’équipe. Outre la commission et son président, l’éleveur de Montcenis ne tarit pas d’éloge pour la technicienne en charge des veaux durant l’évaluation, Laura Tursin. Une jeune femme qui, selon André, a un véritable « don des animaux ». Il faut dire « qu’elle y passe du temps, n’hésitant pas aller secouer le foin tous les jours ! Cette année, la station de Jalogny va proposer un super lot de veaux ; un des meilleurs qu’on ait eu en terme de régularité. Des animaux très équilibrés et homogènes conciliant développement et viande », révèle André. Des futurs taureaux qui ont également été sélectionnés sur leur docilité, signale-t-il, un critère devenu incontournable pour la qualité de vie des éleveurs.




Cédric Billaud, Issy-l’Evêque
L’Ajec représentée dans la commission


Âgé de 30 ans, Cédric Billaud achève sa première série à la station de Jalogny en temps que membre de la commission du GIE. C’est au titre de représentant de l’Ajec que le jeune éleveur d’Issy-l’Evêque a accepté l’année dernière de s’impliquer dans le fonctionnement de la station. Installé en 2011 dans la même commune que son père après avoir repris un cheptel plutôt viandé, Cédric débute l’inscription de ses animaux. Avouant volontiers que cette expérience au cœur du fonctionnement de la station est une véritable découverte pour lui, le jeune éleveur se montre très intéressé par ce « système » de sélection pertinent. « Le fait de lier les papiers, les index à la morphologie de l’animal et cela par rapport à ce que recherche l’éleveur ». Une approche qui va bien avec sa propre démarche de jeune éleveur plutôt sensible aux index, confie-t-il. Dans son rôle de membre de la commission, Cédric apprécie en outre la possibilité qui lui est donnée de pouvoir visiter d’autres élevages, d’autres secteurs géographiques. Une occasion d’échanger avec d’autres éleveurs, de voir comment travaillent les collègues. Adhérent de l’Ajec 71, Cédric Billaud est aussi sensible à la bonne ambiance qui règne au sein de la commission.




Jacques Bonnot, technicien Alsoni
Un véritable plan d’accouplement en amont


La station de Jalogny dispose d’un véritable programme de procréation qu’animent les techniciens d’Alsoni 71 et Elva Novia. Explication avec Jacques Bonnot, d’Alsoni, lui-même membre de la commission : « Alsoni conseille ses adhérents pour réaliser des plans d’accouplement pour faire naître les futurs veaux destinés à la station. Avec Elva Novia, nous nous mettons d’accord sur des élevages inscrits au sein desquels nous sélectionnons une liste de vaches indexées à plus de 98 en ALait, AVel, IFNais et IVMat. Sur le même principe, nous sélectionnons également une liste de taureaux d’insémination ou de monte naturelle issus des élevages concernés et leur proposons ces listes afin de les inciter à réaliser des accouplements raisonnés. Nous allons voir les veaux issus de ces accouplements au printemps suivant et nous faisons notre sélection pour l’entrée en station. Nous sommes intransigeants sur le niveau d’index, mais aussi sur les aplombs », confie Jacques Bonnot. Les techniciens d’Alsoni participent également aux différents tris des animaux et notamment au pointage en ferme. Grâce à ce travail rigoureux en amont, les mauvais aplombs au terme de l’évaluation sont rares (deux seulement cette année). « 2015-2016 est un millésime exceptionnel avec une très bonne croissance et une satisfaction totale en terme de qualification : 57 veaux RJR ! C’est le fruit d’un travail remarquable en amont, notamment de la part des naisseurs. Pour nous, techniciens d’Alsoni, la station représente l’aboutissement de notre travail », conclut Jacques Bonnot.