Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura
Un bassin de 30.000 emplois !

Publié par Cédric Michelin
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L’Insee et la Draaf de Bourgogne France-Comté viennent de publier une étude sur la filière viti-vincole du bassin Bourgogne, Beaujolais, Savoie et Jura. La filière compte 8.700 établissements. En 2015, elle employait au total quelque 30.000 emplois, majoritairement le fait des activités agricoles, composées de la viticulture et de la culture de plants de vignes – rassemblant 6.790 exploitations agricoles, principalement individuelles, soit 78 % des établissements de la filière.
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L’étude réalisée en partenariat avec la Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt de Bourgogne-Franche-Comté et de la Direction régionale de l'Insee s’intéresse donc à la filière viti-vinicole, allant des activités contribuant à la culture de la vigne jusqu’à l’élaboration et à la commercialisation de vins. Sur le bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura qui rassemblent douze départements des régions Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes, la filière compte 8.700 établissements. Elle emploie 17.800 salariés en 2015 auxquels il faut ajouter les emplois saisonniers et les non-salariés. Lors du recensement agricole de 2010, dernière estimation disponible, le travail saisonnier représentait l’équivalent d’environ 3.800 emplois à temps plein, tandis que 8.800 exploitants agricoles non-salariés travaillaient dans la viticulture. Ce sont donc au total quelque 30.000 emplois qui relèvent de cette filière.

L’amont en force



La filière est composée de six grands segments d’activités. Les activités agricoles, composées de la viticulture et de la culture de plants de vignes rassemblent 6.790 exploitations agricoles, soit 78 % des établissements de la filière. Il ne reste en revanche plus que 70 pépinières ! Ce sont pour plus de la moitié des entreprises individuelles. Aux 7.460 salariés employés en 2015, majoritairement des ouvriers agricoles, s’ajoute une main-d’oeuvre tout aussi permanente mais non-salariée de 8.800 exploitants agricoles selon le dernier recensement de l’agriculture de 2010.
Vient en second, l’industrie des boissons - comptant 155 établissements - qui assurent les étapes complexes de fermentation des raisins et des moûts, d’assemblage et d’élevage des vins. Celles-ci requièrent des personnels qualifiés d’où une part relativement importante de professions intermédiaires (28 % contre 15 % pour l’ensemble de la filière) et de cadres (12 % contre 7 %) parmi les 1.200 salariés. La plupart des établissements sont de petite taille, quatre toutefois emploient plus de 50 salariés : Henri Maire à Arbois, Les Petits-Fils de Veuve Ambal et Kriter Brut de Brut à Beaune ainsi que la cave coopérative la Chablisienne.

Dijon, Beaune puis… Lyon !



Troisième, la commercialisation du vin du bassin repose sur 1.400 établissements. Avec 4.800 salariés dans le bassin, c’est le deuxième employeur de la filière. Cette activité qui tire profit de l’œnotourisme est relativement plus présente dans les zones de Dijon, Beaune et Lyon. Souvent de petites tailles et sans salarié, une vingtaine d’établissements emploient néanmoins plus de 50 salariés. Il s’agit, notamment des maisons de négoce implantées dans le Rhône, en Côte-d’Or ou en Saône-et-Loire. Certains négociants, en particulier en Côte-d’Or, élèvent le vin de leur propre vigne ou de raisins achetés en vendange fraîche, ce qui leur permet de signer la bouteille de leur nom. Les rémunérations des salariés atteignent 3.200 euros bruts en moyenne contre 2.740 dans l’ensemble de la filière.
Vient ensuite, la fabrication et le commerce de matériel viti-vinicole qui s’appuient sur près de 250 établissements et 3.700 emplois salariés. Ces activités s’inscrivent pour certaines en amont de la filière comme la fabrication ou la commercialisation de machines viti-vinicoles spécialisées. D’autres interviennent à l’issue du processus de vinification avec la production et la commercialisation de bouteilles, de bouchons, de capsules, d’étiquettes...
Enfin, les activités de service pèsent peu dans l’emploi de la filière mais jouent un rôle important, notamment dans l’élaboration et la promotion du vin.

Moins de 1 % des salariés mais…



La filière viti-vinicole représente moins de 1 % de l’emploi salarié du bassin mais son poids varie fortement d’une zone d’emploi à l’autre : 22 % dans la zone de Beaune, 3 % dans celles
d’Auxerre, Chalon-sur-Saône, Mâcon et Villefranche-sur-Saône, autres grandes zones viticoles. En réalité, les effectifs salariés sont très concentrés (82 % du total), des Côtes de Nuits au Mâconnais, depuis la professionnalisation de ces structures.
En effet, avec une superficie en vignes de 51.500 hectares, le bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura, l’un des dix bassins viticoles français, représente 7 % du vignoble national. La production de vin, 7 % de la production nationale, se partage entre vins blancs pour 49 % du volume total et vins rouges pour 47 %, la production de rosé étant marginale. Mais si le bassin s’étend sur douze départements, tous situés dans les régions Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes, quatre d’entre eux concentrent 90 % du vignoble : le Rhône avec le vignoble du Beaujolais, la Saône-et-Loire, la Côte-d’Or et l’Yonne pour les vignobles de Bourgogne. Les vignobles du Jura et de la Savoie couvrent chacun environ 2.000 hectares. Ceux des autres départements sont de taille beaucoup plus modeste.

14 % des exportation françaises



Dans les zones d’emploi de Dijon, Beaune, Chalon-sur-Saône, Mâcon et Villefranche-sur-Saône, tous les segments de la filière sont présents ce qui favorise des relations coordonnées entre les différents acteurs. Néanmoins, les débouchés de la filière ne reposent pas exclusivement sur le bassin : des pépiniéristes exportent dans le monde entier, les ventes de matériel viti-vinicole dépassent le cadre du bassin et la commercialisation du vin englobe non seulement la production locale mais aussi celle d’autres vignobles.
Dans le bassin, la valeur des exportations de vin s’élève à 1,16 milliard d’euros, soit 14 % des exportations françaises quand la production de vin représente 7 % de la production nationale. En 2015, les négociants implantés en Côte-d’Or ont réalisé 40 % des volumes exportés et 63 % du chiffre d’affaires à l’exportation de la zone. Parce que les négociants de ce département commercialisent les grands crus de Bourgogne, la Côte-d’Or est le département dans lequel les ventes de vins à l’export sont les mieux valorisées, avec un chiffre d’affaires moyen de 940 euros à l’hectolitre. Trois autres départements contribuent de manière significative au commerce extérieur : la Saône-et-Loire avec 15 % des exportations de la zone en valeur, le Rhône, 14 % du fait de la commercialisation du Beaujolais et l’Yonne (6 %). La Côte-d’Or et l’Yonne réalisent respectivement 71 % et 57 % de leur chiffre d’affaires à l’exportation hors Union Européenne. Cette part est minoritaire pour le Rhône et la Saône-et-Loire.

Sources : Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté N°12 consultable en ligne : www.insee.fr/ bf c rubrique publications

Saut dans l’inconnu



En 2010, un viticulteur sur deux avait au moins 50 ans. Cette proportion est encore plus élevée dans les territoires où la culture de la vigne est moins rémunératrice, ce qui n’incite pas de jeunes agriculteurs à reprendre les exploitations. Le devenir de ces exploitations est incertain car 49 % de ces seniors n’avaient pas programmé leur succession et 12 % estimaient que leur exploitation était vouée à disparaître. Pour les autres, la succession était encore hypothétique et l’avenir de leur exploitation inconnu.



113 fabricants de matériel



La fabrication de matériel viti-vinicole comprend 113 établissements employant 2.900 salariés, pour les deux tiers des ouvriers. Elle est dominée par de grands établissements : 12 emploient plus de 50 salariés et totalisent près des deux tiers des emplois. Parmi eux, cinq ont plus de 150 salariés : Saint Gobain Emballage implanté à Chalon-sur-Saône et près de Saint-Etienne, Berthoud Agricole à proximité de Villefranche-sur-Saône, Amcor flexibles capsules près de Chalon-sur-Saône et Bericap dans l’agglomération dijonnaise. En lien avec cette taille des établissements, le salaire moyen de 3.400 euros bruts mensuels est aussi le plus élevé de la filière et ce, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle.
Avec 136 établissements pour un effectif total de 900 emplois salariés, le commerce de gros de matériel viti-vinicole est composé de petites structures. Deux seulement dépassent 50 salariés, une société coopérative près de Chalon-sur-Saône et Soufflet vigne à Villefranche-sur-Saône.