TTIP, Mercosur…
L’agriculture, variable d’ajustement

En dépit de leur caractère stratégique de plus en plus évident, les produits agricoles demeurent - aux yeux de Bruxelles - de simples variables d’ajustement dans les négociations euro-américaines, qu'il s'agisse du TTIP ou des négociations avec le Mercosur.
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Alors que le prochain cycle de négociations du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), le traité de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis, est prévu fin avril à New York, la Commission européenne vient de publier un rapport sur la dernière session de pourparlers, la douzième, qui s’est tenue du 22 au 26 février. Elle aurait permis, selon Bruxelles, d’aborder « les trois piliers de l’accord : accès au marché, convergence réglementaire et règles ». S’agissant du démantèlement tarifaire pour les produits agricoles, « les intérêts spécifiques à l’exportation ont été discutés », souligne la Commission dans ce rapport. A noter que tous les mots ont leur sens et "discutés" ne signifie nullement "défendus" et moins encore "préservés"…

Un ton sibyllin


« Les produits identifiés comme les plus sensibles n’ont pas été examinés », précise toutefois la Commission européenne, avant d’ajouter que « l’UE a noté que le niveau d’ambition pour les droits de douane dépendra finalement de celui de l’accord dans son ensemble ». Une phrase sibylline qui confirme bien que le régime qui sera, in fine, réservé aux produits agricoles constituera la dernière monnaie d’échange lors de la phase finale des négociations entre Bruxelles et Washington…
Par ailleurs, le rapport de Bruxelles rappelle notamment que, pour les indications géographiques, les réunions de février « ont porté sur la préparation de discussions intermédiaires (au niveau technique) avant le prochain cycle de négociations ». Il en serait de même, toujours selon la Commission européenne, pour les questions sanitaires et phytosanitaires. Les deux parties auraient également débattu des « objectifs partagés pour une coopération renforcée et une plus grande compatibilité réglementaire » dans le secteur des pesticides.
Enfin, elles se sont efforcées d’« identifier des approches communes pour l’application des dispositions réglementaires - en particulier sur les cultures mineures - et pour la coopération avec des forums internationaux tels que le Codex ou l’OCDE ».




Contingents supplémentaires de viande bovine
La lassitude des éleveurs…


Alors que le traité transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis est toujours en discussion, la Commission européenne s’apprête à faire une nouvelle offre sur un autre front : cette fois-ci dans le cadre de l’accord de libre-échange avec le Mercosur ! Cette offre consisterait à augmenter très significativement les contingents des produits sensibles et de la viande bovine en particulier. En tout cas, bien davantage que les 60.000 tonnes initialement prévues. « En l’état, il est hors de question que l’élevage constitue une monnaie d’échange de cet accord commercial entre le Mercosur et l’Union européenne », s’insurgent avec force les éleveurs de la Fédération nationale bovine (FNB). En effet, la consommation de viande rouge a diminué de -27 % au cours de ces dix dernières années et les producteurs connaissent une crise économique structurelle sans précédent. Une fois de plus, Bruxelles illustre ainsi sa totale déconnexion des attentes portées, tant par les producteurs que par les consommateurs, mais le dicton ne dit-il pas qu’"il n’y a-t-il pas plus sourd que celui qui ne veut entendre" ? En la matière, on pourrait même dire "qui ne peut entendre" tant le dogmatisme ultra-libéral qui prévaut dans les sphères bruxelloises aveugle la Commission européenne.
La FNB demande donc au Gouvernement de refuser catégoriquement une offre incluant les produits sensibles et de poursuivre ses efforts diplomatiques pour qu’une majorité d’Etats membres rejettent catégoriquement cette proposition.