Sylvie Guigue à Saint-Étienne-en-Bresse
Le succès d’une reconversion dans la glace bio

Il est des paris que peu de personnes daigneraient relever. A 40 ans, Sylvie Guigue a effectué un virage à 180° en reprenant l’exploitation de Denis Juhé à Saint-Etienne-en-Bresse. Malgré des débuts difficiles, son entreprise, Sorbiop, est aujourd’hui en pleine expansion.
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Leicester (prononcez L’aïl steur). Depuis quelques semaines, cette ville située dans les Midlands de l’Est de l’Angleterre a mis à mal pas mal d’a priori. L’équipe locale avait, selon les spécialistes, une chance sur 5.000 de devenir championne d’Angleterre. Et, malgré cela, ils sont désormais les "kings" au pays de Queen Elisabeth.
Pour ce qui est de Sylvie Guigue, peu nombreux auraient été celles et ceux qui auraient misé sur la réussite de son entreprise au moment de reprendre l’exploitation de Denis Juhé (voir encadré). Pourtant, comme pour le club de foot de Leicester, les résultats parlent d’eux-mêmes sept années après ses débuts. Mais avant cela, faisons machine arrière et revenons au point de départ. Fille d’agriculteur et originaire de Saint-Usuge, Sylvie Guigue n’avait pas souhaité, dans un premier temps, faire carrière dans le métier de son paternel. Dès lors, elle suit des études avant de devenir manipulatrice radio. Pendant une quinzaine d’années, elle poursuit sa carrière dans ce domaine. Mais, la quarantaine approchant, elle fait un point sur sa vie, ses aspirations, son futur. L’envie d’évoluer dans un autre univers est prégnant. Suite à un bilan de compétences et à une longue réflexion, elle décide de s’orienter dans le monde agricole. Elle passe alors et obtient son BPREA en 2008.

Passage de témoin


Dans la foulée –tout en ayant soigneusement étudié son projet– elle choisit de s’installer à Saint-Étienne-en-Bresse. Ce qui est chose faite en 2009. Mais il faudra attendre 2011 pour voir surgir un nouveau bâtiment absolument indispensable pour toute exploitation moderne. Toutefois, d’octobre 2009 à mars 2012, Denis Juhé a continué à travailler avec elle pour faciliter la transmission. Malgré cela, Sylvie Guigue avoue que « les débuts n’ont pas été faciles. » Il a notamment fallu trouver une nouvelle clientèle et, si possible, la plus diversifiée possible. Avec patience, elle parvient à varier ses sources de revenu. A commencer par Biocoop à hauteur de 30 %. Les salons bio à Paris, Lyon et Colmar sont également très intéressants. On citera aussi différentes Amap, La ruche qui dit oui, Locavor, Bienvenue à la ferme, des magasins spécialisés, différents événements comme L’avenir est dans le pré ainsi que quelques restaurants. Sans oublier les particuliers qui viennent directement à la boutique.

Riz et avoine


Productrice de fruits rouges entre cassis, fraises, groseilles et framboises, de pêches, de menthe, d’agastaches ou encore de griottes, Sylvie Guigue propose une vingtaine de parfums. Avec, comme particularité, des glaces au lait d’avoine et d’autres au lait de riz pour les personnes allergiques et intolérantes au gluten. « Nous avons des recettes propres à la maison ».
Quant au futur, Sylvie Guigue souhaite agrandir son actuelle équipe constituée d’une salariée à plein temps, d’une personne à mi-temps, d’un contrat aidé et de saisonniers. Cela pourrait rapidement être le cas puisque l’entreprise Sorbiop croule littéralement sous les demandes de la part de ses clients. Ce que l’on comprend rapidement une fois les glacées dégustées...
A terme, l’objectif serait de développer les gammes et de créer un nouveau bâtiment pour disposer de plus d’espace, notamment pour le matériel agricole.


Les origines de Sorbiop


Originaire du Val d’Oise, Denis Juhé s’est installé le 1er janvier 1980 comme maraîcher à Saint-Étienne-en-Bresse. Il produisait alors une grande diversité de légumes pour les magasins et les marchés. L’un des tournants a lieu en 1985. A cette date, le CDJA organisait le concours national de labour à Paray-le-Monial. « A cette occasion, ils ont demandé aux agriculteurs du département de faire des propositions pour les repas. Il leur manquait des desserts. Ma femme a eu l’idée de proposer de réaliser des sorbets de fruits rouges. Cette suggestion a été retenue. Par la suite, cela m’a fait réfléchir. J’ai alors décidé de progressivement cesser le maraîchage et de faire monter en puissance la production de fruits rouges ». Un premier succès. Sa participation au salon Marjolaine à Paris en 1986 confirme qu’il y a un vrai potentiel de développement pour les sorbets bio, trouvant des clients aux quatre coins de l’hexagone. Avec, en 1986, la naissance de Sorbiop... Et l'aventure qui se poursuit.