Union des producteurs de vins Mâcon
Des moûts et des remous

Publié par Cédric Michelin
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Le 14 avril à Mâcon, l’Union des producteurs de vins Mâcon a fait le point sur une actualité chargée en 2015, alternant les émotions. Au rayon satisfaction, l’ODG voit sa notoriété grandir, ses cours se stabiliser et ses prix consommateur augmentés. Côté déceptions, les volumes baissent avec des ventes en moûts augmentant en proportion. Beaune freine la Cité des vins de Mâcon. L’Union s’agace également de l’interdiction renouvelée des Douanes d’étiqueter avec la mention vin de Bourgogne. L’UPVM entend se défendre et avancer.
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« On vous encourage à garder la mention vin de Bourgogne sur vos bouteilles de Mâcon, avec le soutien du BIVB qui est prêt à vous défendre juridiquement ». Le message du président de l’UPVM, Jérôme Chevalier ne pouvait être plus clair, avec à ses côtés, Claude Chevalier, le président-délégué de l’Interprofession. Des opérateurs ont en effet à nouveau été sommés de retirer la mention Bourgogne de leur étiquette de vins Mâcon, suite aux contrôles « zêlés » de la DGCCRF. « On espère que les Fraudes iront voir ailleurs », appelait Jérôme Chevalier car « certains secteurs sont encore assez "chaud" », mettait-il en garde. Sur le fond du dossier, en revanche, la situation n’est pas clarifiée pour l’heure… Autre vin mâcon confronté à un tel déclassement, les vins avec plus de 4 g de sucres résiduel. « Qu’on regarde plutôt la qualité », s’insurgeait Marc Jambon de Pierreclos à l’attention de l’INAO qui lui refusera l’appellation dès la récolte 2016. L’Institut s’est saisi du dossier et cherche des « curseurs ». Le tout en lien avec l’ODG viré-clessé et ses vins levroutés.

33% de ventes en moûts



En 2015, 878 déclarant sur près de 4.000 ha revendiquaient les appellations mâcon, soit presque 215.000 hl. Les surfaces et volumes sont en hausse de +2,5% depuis 2011. 8.450 hl de VCI qui ont été constitué lors de la dernière récolte. Les mâcon rouges sont par contre en « décroissance ». Un groupe de travail à l’UPVM s’est constitué dans l’idée de les « faire évoluer, avec notamment la piste de nouveaux cépages » autorisés, indiquait Marc Sangoy pour la commission Technique.
Avec les « belles progressions » ces dernières campagnes, les cours du vrac avoisinent les 800 €/pièce mais ont tendance à baisser. En revanche, la proportion des ventes en moûts a bondi, atteignant 33 % en 2014/2015, contre 15 % en 2012, indiquait le BIVB. Pour Jérôme Chevalier, la vigilance est donc de mise « dans les mois à venir » avec les contrats « sans prix » se multipliant. Avec la CAVB, une réflexion est engagée avec « tous les acteurs régionaux » : négoces et courtiers en particulier. La campagne n’est donc pas terminée. Le négoce patientant sachant qu’il reste des volumes à la propriété. Les transactions sont donc en baisse à 88.194 hl (- 17 %) par rapport à la même époque en 2014/2015, « surtout en mâcon villages », précisait Philippe Longepierre, le directeur du pôle Marché du BIVB.

Notoriété et image = prix en hausse



L’UPVM invite les producteurs à tenir les prix puisque les prix de vente consommateurs sont eux bel et bien en hausses, que ce soit en grande distribution (6,1 €/col ; +7%) ou à l’export (sauf Angleterre).
En attendant, l’UPVM ne ménage pas sa peine pour faire parler des vins mâcon. Principal événement collectif pour communiquer, le festival des Mâcon Wine Note ? L’an dernier, sur deux soirées, les concerts et son bar « à ciel ouvert » ont attirés 3.400 visiteurs, soit une hausse de +30 %, se félicitait Jean-Philippe Baptista, responsable de la commission Communication. Franck Perraton en profitait pour donner la programmation de la 5e édition – « centrée sur des artistes de la scène mâconnaise » - qui se tiendra toujours à Mâcon, les 20 et 21 mai. Un peu avant l’Oenomusic festival à Dijon où un stand est réservé. Les vins servis proviendront de la Distinction, dont les macarons ont été « relookés » « plus brillants et plus visibles ». L’ODG met d’ailleurs à disposition de tous les producteurs du matériel de communication (affiches, kakemono, cartes…) sans oublier la présence sur le web, Facebook et Twitter. Si les vins Mâcon continuent d’être partenaire du Rallye des vins Mâcon évidemment, l’ODG s’est également mis en route vers l’extérieur. Destination, Milan pour une dégustation avec des prescripteurs italiens et à Paris avec des journalistes étrangers. Des actions « financés sur nos fonds propres », indiquait la trésorière Isabelle Meunier, expliquant le résultat négatif équivalent. « C’est notre rôle de promotion. Il faut continuer les actions et même réfléchir à d’autres », invitait Jérôme Chevalier. Car l’appellation appartient à tous et chacun peut contribuer à sa notoriété et son image.

Cités des vins : la Région et Beaune freinent Mâcon



Annoncé, il y a trois ans, le projet des Cités des vins de Bourgogne traine en longueur. « Beaune patine », résumait Jérôme Chevalier. Tous les acteurs du projet – BIVB en tête – reconnaissent qu’une « cohérence » est nécessaire avec Mâcon et Chablis. « N’ayant pas l’habitude de ne pas dire ce que je pense », le président-délégué du BIVB, Claude Chevalier incriminait personnellement le maire, Alain Suguenot et son « projet un peu trop impressionnant ». Le député-maire visait initialement la Cité de la gastronomie. Projet qui a été attribuée à Dijon. Le projet beaunois est donc à « redéfinir ». La réponse est attendue à l’AG du BIVB fin décembre. Le « nœud » étant le « montage financier ». Représentant la Mairie et le Pays Sud Bourgogne, Christine Robin réaffirmait son soutien financier, tout comme Claude Cannet pour le Département. Ce qui n’était pas vraiment le cas de Nathalie Leblanc, présidente de la Commission économie pour la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté. Ce que regrettait l’assemblée…
En attendant, les Mâconnais continuent d’avancer sur leur Cité. Le président de la Maison mâconnaise des vins, Marc Sangoy appelait à « travailler ensemble » et notamment avec les ODG et tous les Domaines qui souhaitent participer. L’agence Scarabée présentait alors les ébauches de plans de la future Cité des vins à Mâcon en lieu et place de la Maison mâconnaise des vins et des locaux du BIVB.




Flavescence dorée : un nouveau foyer



Pour répondre aux nombreuses questions administratives, l’Union avait invité la CAVB à présenter toutes les démarches pour planter, produire et commercialiser de l’AOC. Véronique Lacharme s’y attelait tant bien que mal puisque l’organisation est complexe. « On essaye d’alléger », reconnaissait Jérôme Chevalier, faisant partie du bureau de la CAVB. Mais pas simple avec toutes les administrations et organisations de contrôle. L’option choisie est l’échange automatique des données saisies en ligne sur différents sites web. Mais encore faut-il avoir la possibilité d’être connecté à Internet, soulignait Christophe Brenot de Laizé, en direction des élus...
Sur 2015-2016, l’UPVM a enregistré 94 dossiers de demande de droits de plantation pour satisfaire 46 ha qui se plantent actuellement. « Avec le nouveau système d’autorisations depuis le 1er janvier (ouvert jusqu’au 17 mai), nous avons obtenu des contingents sans critères de restriction pour cette campagne », expliquait Marc Sangoy qui annonçait un bilan avec les autres ODG ensuite. Les conditions de production sont inchangées. Les visites de vignes et de cuveries – internes comme externes (Siqocert) – ne relèvent que peu de manquement (0,63 ha de friches).
Des friches également remontées à la Fredon/Sral dans le cadre du plan de lutte contre la flavescence dorée. Avec une prospection « efficace », la maladie est contenue même si un nouveau foyer est « inquiétant » à Grévilly. La mobilisation générale est donc de mise car la menace d’une résurgence de la maladie n’est pas à exclure. Le plan de lutte 2016 ne devrait pas changer fondamentalement. La CAVB a « bon espoir de sensibiliser » les Maisons et Domaines qui n’ont pas émargé à la prospection collective obligatoire l’an passé. Pourtant, préambule à une vision exhaustive des problèmes, aux arrachages et pour adapter les traitements différenciés selon les risques de contamination localisés.