Cru Saint-Véran
Montée en puissance

Publié par Cédric Michelin
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Le 27 avril au lycée de Davayé, le cru Saint-Véran a fait la preuve de sa montée en puissance. En premier lieu, en terme de communication puisque l’appellation organise la prochaine Saint-Vincent tournante 2018. Mais aussi en terme économique, avec un travail pour monter en gamme encore un peu plus l’AOC, tant en terme d’image, de notoriété que de prix. Pour cela, le travail sur la qualité, à la vigne ou en chais, est toujours bien effectué et contrôlé. Seul bémol, le dossier de classement des premiers crus patine… du côté de l’INAO.
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« Compliqué », rappelait en introduction Kevin Tessieux, le président de l’ODG, alors que, pour tous ces dossiers gérés par l’appellation, il ne faut pas oublier la « baisse de récolte (-25 %) liée à la grêle » de l’an dernier. L’ODG avait à ce titre invité la CAVB pour présenter le dispositif de lutte contre la grêle de l’Arelfa et voter la cotisation pour son déploiement.
Dans son point économique, Simon Ravaud faisait état d’une diminution de la production 2016 à 37.000 hl contre 45.000 hl pour le millésime précédent. « Mais les noms de climats revendiqués se sont maintenus à 8.000 hl », positivait-il pour illustrer les efforts faits en direction d’une reconnaissance des premiers crus. Au final, « c’est "moins pire" » que prévu en quantité, avançait Kevin Tessieux, et c’est même « encourageant » en terme de qualité. La combinaison des deux permettant d’envisager de « garder des marchés » à des niveaux « corrects », selon lui. Qu’en est-il dans les chiffres ? Le directeur du pôle Marchés du BIVB, Philippe Longepierre observe une « baisse sans surprise » des volumes de transactions cumulés sur huit mois (jusqu’à mars) de -30 % (9.000 hl), correspondant à l’effet perte de récolte. Si les sorties bouteilles sont « stables » (-1 %), ce sont les sorties vrac qui ont donc chuté (-30 %).

Hausse des prix


L’export constitue toujours une « opportunité » - pour un million de cols, soit 20 % des ventes (5 millions au total) - pour le cru saint-véran. Ses marchés actuels se concentrent sur les Etats-Unis (22 % du total), le Royaume-Uni (19 %), la Belgique (19 %) ou encore le Canada (10 %). Néanmoins, la tendance est à « une baisse en volume mais à une hausse en chiffre d’affaires » ces dernières années. En grande distribution française aussi, le prix bouteille est en hausse à 8,29 €/col contre 6,84 de moyenne en 2010. « La majorité (80 % de références) de ces ventes est faite en Bourgogne Franche-Comté ». Plus difficile à suivre précisément, le circuit traditionnel en région affiche un taux de présence de l’appellation dans 71 % des magasins, avec une moyenne en rayon à près de 16 €/col. Dernier chiffre encourageant, saint-véran est la 4e appellation bourguignonne la plus présente (14 %) sur les cartes de la restauration française, après les chablis, le bourgogne aligoté et le pouilly-fuissé.

Une montée plus « cohérente »


L’ODG travaille au sein du BIVB au groupe de travail "Montée en gamme", au côté de sept autres appellations (crémant, chablis, mercurey, santenay…). Ce travail consistait dans un premier temps à observer la notoriété puis, à partir de ce bilan, de concevoir un projet de développement collectif de l’AOC, avec un « argumentaire validé » et testé auprès de consommateurs cibles. Le travail se poursuit sur les messages « avec des créatifs ». Kevin Tessieux rappelait l’objectif final : « se mettre d’accord sur les fondamentaux de tous les jours » et « faire valoir notre excellent rapport qualité/prix pour le faire savoir ». Il traçait également une feuille de route pour la suite : « une cohérence de prix devra s’opérer entre vignerons particuliers, caves coopératives et négoces, sans uniformiser les prix mais éviter les à-coups trop bas ou trop haut ». Un « défi commercial pas évident » qui doit permettre aux acheteurs et importateurs de « plus facilement positionner » l’appellation dans son ensemble, ce positionnement devant être cohérent avec le travail qualitatif des vins.

Jeune meilleur espoir bourguignon


Au sujet des premiers crus, le responsable du dossier, Pierre Beaubernard, ne cachait pas que le dossier « avance très doucement ». La faute en incombe au renouvellement de la commission d’enquête INAO et au fait que l’ingénieur de l’Institut, Alain Fraty, parti à la retraite « n’a toujours pas été remplacé »… Kevin Tessieux essayait tout de même de positiver : « il ne faut pas vouloir être trop pressé car ça secoue quand même une appellation avec des impacts économiques derrière ».
En attendant, le responsable de la commission technique, Jérôme Jeandin saluait « les efforts de tous les vignerons, dans les vignes et dans les chais, qui vont dans le bon sens de la qualité » des millésimes.
Il y a donc bel et bien une « bonne dynamique globale » au cru Saint-Véran, se félicitait le président saluant ainsi son « super » conseil d’administration. Un dynamisme qui sera certainement perceptible en janvier 2018 lors de la prochaine Saint Vincent tournante pour cette appellation actuellement qualifiée de « jeune meilleur espoir bourguignon ».




Une fête mariant solidarité et durabilité


Le cru a soigné sa communication en 2016/2017 : distinction du cru, Fête des grands vins à Beaune, Grands jours de Bourgogne, nouveau site web, réalisation d’un film promotionnel, constitution d’une banque d’images de qualité… et, bien évidemment, préparations actives de la Saint-Vincent tournante de Bourgogne en 2018, listait Sylvain Paturaux.
En présence du Grand maître de la Confrérie des chevaliers du Tastevin, le Saint-Véran réaffirmait être « heureux de participer à cette aventure, la deuxième fois pour le Mâconnais après 2009 », et cela alors que le calendrier de la plus grande fête vineuse de Bourgogne est « bouclé jusqu’en 2029 » avec diverses ODG ayant programmé leurs anniversaires.
Les 27 et 28 janvier 2018 sur le village de Prissé, Saint-Véran mettra en avant la qualité de ses vins mais aussi son « esprit altruiste » en partenariat avec les Restos du Cœur. Quelque 150 bénévoles s’affairent déjà chaque semaine aux prochaines décorations ; ils ont été remerciés par un concert privé de Michael Jones, le parrain de cette Saint-Vincent. Le développement durable sera aussi mis en valeur à cette occasion. « Nous avons récupéré un semi-remorque de décorations à Mercurey ». Et de précieux conseils auprès de leurs confrères du Chalonnais.
Mais Kevin Tessieux prévenait que le plus dur restait à venir en utilisant une métaphore bien trouvée : « la Saint-Vincent tournante est comme un mariage. Cela demande beaucoup de préparations avant et de travail pendant. L’objectif n’est pas financier pour l’appellation, mais l'ambition est que les visiteurs fassent la fête. Nous en profiterons tous après ». Y compris les habitants des différents villages.





Protection ou pollution ?


Avec une « meilleure participation pour la prospection collective » dans le cadre de la lutte contre la flavescence dorée mais sans crier victoire, Vincent Nectoux se réjouissait de n’avoir « plus aucun traitement insecticide obligatoire » cette année contre cette maladie sur le secteur AOC saint-véran, sous réserve de la publication du prochain arrêté préfectoral.
Pour autant, les vignerons savent que le « défi des bonnes conduites » autour du « tabou » des phytosanitaires reste plus que jamais un sujet prioritaire. « Nous devons communiquer positivement pour contrer les détracteurs de la profession », laquelle revendique de mettre en lumière plutôt « des éléments positifs venant du terrain » en matière d’environnement, encourageait Kevin Tessieux.
Pour la CAVB et Siqocert, Christophe Ferrari expliquait longuement la philosophie qui a conduit à construire une Charte régionale des bonnes pratiques, après celle signée par la profession en Saône-et-Loire l'été dernier. Cette charte vise à « n’exclure personne mais surtout obtenir l’adhésion de tous ». Elle a été conçue pour apporter des solutions applicables par tous à un horizon de cinq ans. « Pour que certaines pratiques discutables puissent être retirées de la panoplie de notre métier tout en continuant d’expliquer les traitements dans l’immédiat ». Là encore, pour « ne pas rompre le dialogue avec les membres de la société civile qui sont aussi nos clients ». Et au sein de la profession, « les contrôles internes doivent aussi être des moments de pédagogies » entre confrères, concluait le président de Siqocert.