Gaec du Champbégon à Charette-Varennes
Moderne, fonctionnel et économe

En 2014, Eric Joly et Sylvie Briel du Gaec du Champbégon ont décidé de créer un tout nouveau bâtiment laitier pour leurs 95 montbéliardes. Un investissement conséquent, qui combine habilement modernité, confort, fonctionnalité et solutions économes.
132283--auge_auvent.JPG
En mars 2015, les associés du Gaec du Champbégon mettaient en service un tout nouveau bâtiment laitier sur la commune de Charette-Varennes. La genèse de cet ouvrage remonte à 2013, année du départ en retraite du dernier associé historique de ce Gaec, qui avait alors vu le jour en 1972 avec René, Jean-Pierre et Dominique Joly. Désormais constitué d’Eric Joly et de sa compagne Sylvie Briel, le Gaec du Champbégon s’est interrogé sur l’intérêt de poursuivre le lait, alors même que son outil de travail saturé était devenu vétuste, la main-d’œuvre manquante et la place limitée sur le site historique. A l’époque, les associés mettaient 4 heures 30 pour traire leurs montbéliardes. Âgés d’une quarantaine d’années, les deux époux n’ont cependant pas voulu abandonner le lait car l’exploitation disposait d’un bon troupeau (avec une moyenne de production proche de 9.000 kg par vache) et ses terres inondables et classées en zone vulnérable ne permettaient pas forcément d’envisager une spécialisation dans les cultures de ventes. Après études techniques et économiques avec les conseillers de la chambre d’agriculture, d'Acsel ainsi que le comptable de l’exploitation, la décision de construire a été prise en 2014, période où le lait n’était alors pas en crise. Le choix fut fait de créer un tout nouveau site au milieu des champs. S’il envisageait au départ un "roto", Eric Joly a d’abord réorienté son choix vers une salle de traite simple équipement moins « hors de prix », pour finalement opter pour un robot à deux stalles « vu l’écart de prix ».

122 logettes, raclage et séparateur de phase


Le Gaec s’est fait construire un bâtiment de 122 logettes avec tapis (recouverts de farine de paille). Conçue suivant les principes d’un bâtiment dit "économe", la table d’alimentation de cette stabulation laitière est surmontée de simples barres au garrot. Des cornadis ne sont présents que sur une partie du bâtiment seulement. La charpente de l’édifice est relativement légère et le tout résulte de l’adjonction de plusieurs unités de toiture accolées, laissant largement passer la lumière. Le bâtiment est parcouru par un système de raclage automatique. Pour limiter le volume de la fosse à effluents, les éleveurs se sont équipés d’un séparateur de phase. Les effluents solides sont ainsi séparés des effluents liquides. Ce filtrage permet de réduire de 30 % le volume de la fosse à lisier, ce qui équivaut à une économie d’environ 20.000 €. Un gain qui justifie le surcoût généré par l’installation du séparateur de phase et du racleur. La création d’un nouveau site en rase campagne a engendré des frais de terrassement supplémentaires.

7.500 €/place malgré une délocalisation et des robots


Le coût total du bâtiment s’élevait à 925.000 € (tarifs de 2014), dont 200.000 € pour la maçonnerie ; 144.000 € pour la charpente/couverture ; 63.000 € pour les racleurs et séparateurs de phase ; 62.000 € pour la fosse ; 38.000 € de logettes ; 29.000 € de filets ; 15.000 € de panneaux portes ; 70.000 € d’électricité ; 34.000 € de terrassement. Les deux robots ont, quant à eux, coûté 270.000 €. Au final, le nouveau bâtiment du Gaec du Champbégon revient à 7.500 € par place de vache. « Un coût qui n’est finalement pas si élevé que cela au regard des tarifs moyens observés dans les élevages ; souvent entre 6.000 et 7.000 € pour des installations sans robot ni délocalisation de site », fait remarquer Denis Chapuis de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire.
Tel qu’il est, ce bâtiment est conçu pour produire plus d’un million de litres de lait. Actuellement, le Gaec du Champbégon y conduit un troupeau de 95 montbéliardes produisant 840.000 litres de lait. Eric Joly et Sylvie Briel travaillent avec un salarié.
Le passage au robot s’est fait sans encombre. Si la charge de travail demeure importante - Eric fait remarquer qu’il continue de se lever tous les matins à cinq heures -, l’effet robot se ressent tout de même nettement le soir avec davantage de souplesse, constate-t-il. La robotisation a surtout permis de faire face à la diminution de main-d’œuvre : autrefois Gaec à quatre associés, la structure est aujourd’hui seulement tenue par un couple aidé d’un salarié. La robotisation s’est aussi accompagnée d’un gain de productivité du troupeau. Progrès accompagné aussi par le passage de l’aire paillée aux logettes.


Assolement en commun


Outre l’atelier Lait, le Gaec de Champbégon engraisse des taurillons montbéliards et cultive un peu plus de 150 hectares (maïs, blé, soja, tournesol, colza) en plus de l’herbe et de la luzerne. Les cultures sont conduites dans le cadre d’un assolement en commun avec une exploitation voisine, d’où des charges optimisées.




Un investissement murement réfléchi


Malgré la conjoncture laitière difficile, Eric Joly et Sylvie Briel assument leur choix d’avoir investi dans un nouvel outil de production. Croyant en l’avenir laitier dans une zone de production diversifiée à forte identité, les deux jeunes éleveurs n’ont pas voulu sacrifier le bénéfice de trente années de génétique. Eleveurs laitiers dans l’âme, Sylvie et Eric ont eu cette conviction. « Arrêter le lait pour faire quoi ? », interrogent-ils aujourd’hui. S’ils ne nient pas que la création de leur nouvel outil représente un investissement lourd, ils font valoir que le Gaec n’avait fait aucun investissement depuis des décennies, qu’aucun prêt n’était à rembourser et que leur ancien bâtiment était très vétuste. Le couple constate aussi que le prix de revient de leur bâtiment s’avère d’autant plus économique qu’il abrite les vaches en production 365 jours par an et cela dans un confort optimal.