Moulins Joseph Nicot à Chagny
Les boulangers déboulent leurs blés

Publié par Cédric Michelin
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Sur trois journées, les Moulins Joseph Nicot ont ouvert leurs portes à Chagny. Plus de 400 de leurs clients boulangers sont venus constater la qualité des farines qu’ils utilisent dans leurs fournils. L’occasion de découvrir de nouvelles gammes et idées. Mais aussi pour la première fois, de "remonter" la filière, en partant à la découverte du travail des agriculteurs, avec leurs coopératives Bourgogne du Sud et Interval ainsi que les entreprises Bresson (21). Les artisans boulangers étaient visiblement ravis de mieux comprendre toutes les étapes et notamment celles pour sélectionner, cultiver et stocker les blés meuniers.
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C’était une vraie fête avec jeux pour enfants, repas, orchestre, animations, photos souvenirs… pour les boulangers et leurs familles. Comme le rappelait Joseph Nicot, il a toujours cru et surtout été fidèle à ses artisans. Bien lui en a pris puisque nombre de révolutions annoncées (pains industriels, grandes surfaces, magasins franchisés…) ont vite mangé leur pain blanc...

Fidélité profitable à tous



Une fidélité qui se marie aussi avec le monde agricole. Ce qui a permis à tous au final de se développer. Au début des années 80, la famille Nicot participe d’ailleurs à la création de Banette, aux côtés de Bourgogne du Sud. D’autres coopératives sont à l’initiative également. « Nous avions envie de remettre en avant pour la première fois cette année la filière amont », explique Jean-Philippe Nicot, ce 8 juin, qui dirige le pôle Meunerie du groupe familial. Ainsi, sous le chapiteau, figuraient en bonnes places la coopérative "historique Beaune-Verdun-Seurre" qui est partenaire de Nicot depuis 1955, sans oublier l’entreprise Bresson de Saulon-la-Chapelle qui l’est depuis une cinquantaine d’années. Les filières locales sont en effet privilégiées : 90 % des approvisionnements en blés proviennent de la Bourgogne et de Franche-Comté. Les blés "de force" venant des plaines de Limagne ou du Sud-Ouest.

L’origine naturelle de la qualité



Le chef meunier des minoteries, Lilan Vion présentait le site de Chagny et ses 3.500 t en capacité de stockage. Mais avant la réception, les moulins Nicot effectuent une sélection des variétés qui les intéressent. « Dès la moisson, nous testons 300 à 400 échantillons de variétés pures ou de mélanges faits par les organismes stockeurs (OS) ». C’est la note de panification dans le laboratoire qui conditionnera - avant toute autre négociation - les commandes ou non des lots. Cette année, le Moulin à Chagny travaille avec une quinzaine de variétés de blé pures en vue de composer des "maquettes" de farine, incorporant généralement de 5 à 9 variétés pures. Des farines vendues puis transformées soit par la boulangerie (60 % des 67 Millions d’€ de CA) soit par des industriels, tels que Blédina ou Pasquier.
« Avant, on vivait avec cinq variétés (Soisson, Cap Horn…) mais maintenant, il nous faut être en alerte. On doit savoir les quantités disponibles pour anticiper les ruptures et surveiller le "vieillissement" des variétés » au champ, explique Jean-Philippe Nicot. Boulanger de formation, en charge de la recherche et du développement de nouveaux produits, Franck Gasnier fait toute l'année le tour des OS et suit les résultats des essais variétés justement. « Ce sont nos fournisseurs qui sont l’origine naturelle de la qualité de nos produits » relativisait humblement Jean-Philippe Nicot, alors que son savoir-faire est pourtant tout aussi grand.

Repérer tôt les prochaines variétés



Pour ces portes ouvertes 2016, alors que les dernières remontaient à 2003, les boulangers étaient invités à visiter les silos de Bourgogne du Sud à Beaune. D’une capacité de 28.200 t, 16.000 t de blé sont stockés en cellules fermées, principalement à destination de l’alimentation infantile ou des Moulins Nicot. Faute de pouvoir se rendre dans les champs détrempés, la responsable agronomique de Bourgogne du Sud, Christine Boully les accueillait pour leur présenter tout ce travail de sélection des variétés, notamment celles recommandées pour la meunerie (VRM).
Des essais qui font aussi visiblement gagner des marchés. A ce propos, son directeur, Michel Duvernois l’a félicitait pour « avoir repérer tôt » des variétés comme Graindor ou Aprilio, appréciés des clients. Evidemment, il faisait aussi l’éloge des agriculteurs qui choisissent de produire des blés de qualité. Des primes sont à la clé. L’occasion enfin de montrer leurs efforts (apports, traitements raisonnés, biodiversité…) et la modernisation de la filière (satellite, drones…).
Nul doute que les 1.500 artisans boulangers livrés par Nicot dans 30 départements sont repartis ravis de pouvoir continuer d’être des ambassadeurs de la filière blé française.

Zoom sur la filière CRC® : le blé de nos campagnes


Placée sous le haut parrainage du ministère de l’Agriculture et administrée par un Groupement d’Intérêt Economique (GIE), la filière CRC regroupe l’ensemble des acteurs de la chaîne agroalimentaire : de la production à la distribution du produit, en passant par son stockage ou encore sa transformation. Née au coeur de la Bourgogne, dans l’Yonne, étendue à d’autres bassins de production, la démarche CRC® se définit ainsi en trois points : un blé 100 % Français ; un blé 100 % Certifié ; un blé 100 % Responsable. Conçue à l’origine pour l’alimentation infantile, la démarche CRC® s’attache à produire des céréales selon des engagements responsables qui vont bien au-delà de la réglementation en ce qui concerne la sécurité sanitaire et enfin la préservation de la Biodiversité.
Au total, ce sont plus de 1.500 agriculteurs, 23 coopératives et négoces, 36 meuniers, une dizaine de grands industriels et distributeurs et plus de 5.000 artisans boulangers qui travaillent ensemble vers ce même objectif : produire des céréales saines et de qualité dans le respect de l’Homme et de la Nature.
En 2014, le GIE CRC se lance dans une vraie stratégie de communication grand public. L’objectif ? Vulgariser la communication trop technique de la démarche CRC® et raconter simplement l’histoire de ce grain de blé cultivé selon des pratiques agricoles raisonnées et contrôlées. De là, émerge une nouvelle identité de marque : Le blé de nos campagnes avec ce nouveau nom. Le nouveau logo permet désormais aux consommateurs d’identifier les produits fabriqués selon le référentiel CRC®.
Les moulins Nicot viennent d’adhérer au GIE, ce qui leur permettra de communiquer sur la marque Le blé de nos campagnes, alors qu’avant ils ne pouvaient pas alors qu’ils achetaient pourtant des blés certifiés CRC. Un moyen pour le GIE de s’assurer que tous les acteurs veulent bien valoriser la marque collective.