OS Mouton Charollais
De grands défis à relever

L’organisme de sélection Mouton Charollais n’échappe pas aux vents turbulents qui soufflent sur le monde de l’élevage en ce moment. Réunis en assemblée générale le 20 mai dernier à Créencey en Côte-d’Or, les promoteurs du mouton charollais ont passé en revue les grands défis qui attendent la race.
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En 2014, les comptes de l’organisme de sélection (OS) de Mouton Charollais ont été nettement moins bons que les exercices précédents. 2012 et 2013 avaient bénéficié de gros marchés exports (1.700 animaux) qui avaient gonflé la trésorerie. Mais pour 2014, toutes les perspectives d’expédition massive d’animaux vers les pays de l’Est sont tombées à l’eau en raison d’une nouvelle crise sanitaire. Coup dur pour les éleveurs-sélectionneurs qui ont ainsi vu s’évanouir leurs espoirs de valoriser leurs agnelles. Mais c’est aussi un manque à gagner pour l’OS elle-même, dont le travail de prospection, de rassemblement et d’expédition des animaux est rémunéré par un pourcentage sur les ventes, expliquait le président Pascal Chaponneau. En 2014, la trésorerie de l’OS aura été nettement « plus tendue avec davantage de court-terme », confiait le président. Des comptes d’autant plus fragiles que la liquidation de CFI - l’ancienne filiale export du Mouton Charollais – n’est pas encore tout à fait terminée. Situation provoquée par des exportations devenues aléatoires et très incertaines. La faute aux crises sanitaires successives depuis une quinzaine d’années.

Effondrement de l’export



A cette fragilisation économique s’ajoute un tassement des inscriptions constaté depuis une dizaine d’année. L’OS compte aujourd’hui 117 adhérents. Un chiffre en baisse avec beaucoup de départs en retraite, signalait Aline Bonnot, co-directrice. Baisse aussi pour le nombre de brebis inscrites. Avec 12.000 brebis contrôlées, le mouton charollais est à la huitième place au niveau national en effectif femelles. Mais il demeure au premier rang des mâles de race bouchère.
Chute de l’export oblige : 2014 aura été marqué par un effondrement des établissements de pédigrés qui sont passés de plus de mille en 2013 à 307 seulement l’an dernier. C’est à peu près le nombre d’animaux exportés durant la campagne 2014. Le commerce s’est limité à de petites expéditions (Lettonie, Hongrie, Italie, Roumanie, Irlande, Suisse…), bien loin des camions entiers venus charger à Palinges en 2012 et 2013. Et 2015 ne s’annonce pas meilleure du tout ! « La FCO est partout à nos portes », prévenait la co-directrice Geniève Bouix. L’Espagne et le Pays Basque sont très touchés. « On risque de repartir sur de la vaccination », poursuivait la co-directrice. Autant dire que les exportations sont on ne peut plus compromises…

Deux ventes d’agnelles cet été



C’est ce constat alarmant qui a conduit les responsables du Mouton Charollais à revoir leur stratégie commerciale. Plutôt que d’attendre désespérément une hypothétique amélioration sanitaire et devant l’imprévisibilité de ces marchés exports, l’OS a choisi de se recentrer sur le marché national. Un marché où les femelles charollaises sont mésestimées, déplorent les promoteurs de la race. Réputés pour leur supériorité bouchère, les béliers Charollais sont bien diffusés en France. Mais la majorité sont utilisés en croisement alors que la race « marche pourtant très bien en pur », estiment les responsables de l’OS. Ces derniers veulent donc réhabiliter l’image des agnelles charollaises, trop souvent sacrifiée à l’abattoir. Encourager des jeunes à constituer des troupes 100% charollaises.
C’est dans cette optique que pour la première fois, l’organisme de sélection du mouton charollais organisera deux ventes aux enchères d’agnelles les 3 juillet et 17 septembre prochains. L’évènement prendra place à Charolles sous la halle des foires et marchés. La vente sera assurée par Martial Tardivon, directeur du marché au cadran de Moulins-Engilbert. Environ 350 agnelles devraient être proposées à chacune des deux ventes. Ces femelles seront mise en vente par lots au sein de trois catégories : pré-inscrites (mise à prix 170 €) ; inscrites (mise à prix 200 €) ; inscrites filles d’insémination (mise à prix 240 €). Une aide du Crédit agricole est d’ores et déjà prévue pour les jeunes acquéreurs. Ces deux ventes constituent un défi pour le conseil d’administration de l’OS. L’enjeu en est de valoriser comme il se doit les agnelles reproductrices. Une valorisation qui passe par la promotion de la race auprès des éleveurs d’ovins et créateurs de troupes ovines.

Schéma de sélection génétique

Une implication plus forte des éleveurs



Sur le plan strictement technique, la réunion a largement été consacrée au schéma de sélection du Mouton Charollais. Conçu pour faire progresser la race sur le plan génétique, ce schéma de sélection est avant tout le fruit d’un travail collectif impliquant l’ensemble de la base de sélection, n’ont cessé de rappeler les responsables de la race. Une implication collective qui demeure perfectible au sein du Mouton Charollais. En témoigne le manque d’assiduité des éleveurs pour proposer des agneaux à la station raciale de contrôle individuel. Seulement 69% des adhérents de l’OS ont été apporteurs à la station au cours des quatre dernières campagnes. Et parmi ces derniers, 18 seulement sont considérés comme « apporteurs assidus », révélait Geniève Bouix.

Manque de diversité en station


Ce phénomène prive certainement la race de très bonnes lignées. Alors que le mouton charollais est une race dotée d’une très grande diversité génétique, un risque de consanguinité ne serait pas à exclure. La station souffrirait aussi de la concurrence du débouché « concours ». Les sélectionneurs sont en effet tentés de réserver leurs meilleurs produits au concours national plutôt qu’à la station, reconnaissaient les éleveurs. A propos de la station toujours, la co-directrice notait que « ce qui se vend, c’est la qualification des animaux ». Lait et prolificité sont donc deux critères à privilégier en vue d’un recrutement en station. Mais cela ne doit pas faire oublier les aptitudes bouchères, rappelait néanmoins le président Pascal Chaponneau. Et le standard de race, critère de tri renforcé depuis l’année dernière.

L’autre vœu de l’OS est de voir le taux de connection des élevages passer de 34 à 100% dans les années à venir. Ce « rattachement des élevages par le biais d’animaux connus et qui vise à fiabiliser les index » peut se faire par l’achat de béliers de station ou l’insémination artificielle. A ce jour, le taux de connection des agnelles est d’ores et déjà en progression à 47%, ce qui présage une amélioration future sur tout le cheptel. Une progression de l’insémination artificielle est également constatée. Mais avec un taux de fertilité moyen de seulement 59%, la technique mérite d’être davantage maitrisée, d’où l’organisation de stages sur la pose d’éponges par l’OS.

Financement de l’OS en jeu


S’ils bousculent quelque peu les traditions, ces défis génétiques sont aussi imposés par les pouvoirs publics qui dictent les schémas d’amélioration génétique. Et des progrès génétiques accomplis dans le cadre de ces schémas vont bientôt dépendre les subventions versées aux organismes de sélection, expliquaient les responsables de l’OS. En d’autres termes, c’est tout le financement et donc l’avenir de l’OS qui est en jeu derrière cet appel à la mobilisation des sélectionneurs.







Performances Prolificité, valeur laitière et aptitude bouchère à soigner



Avec une prolificité de 1,8 en 2014, contre 1,9 il y a quelques années, le mouton charollais doit demeurer vigilant sur ce critère incontournable. Profitant d’un hiver doux et d’une bonne pousse d’herbe au début du printemps, le niveau de performance - poids âge type (PAT) 30 jours - est remonté en 2014. Une donnée qui traduit bien la très bonne valeur laitière de la race. Le mouton charollais est à la seconde place des races à viande pour le PAT 30 – 70 jours. Il demeure ainsi une race à viande dotée d’une forte aptitude bouchère. Mais ce critère mérite d’être encore préservé. L’éradication de la tremblante a eu un impact non négligeable en éliminant certaines souches. Et la clientèle continue d’être très attachée à la conformation fortement viandée des reproducteurs.



Station de Palinges

Rénovation de la station de Palinges cet automne



Cet automne, la station de Palinges fera peau neuve. Des travaux de mise aux normes et la construction d’un nouveau bâtiment vont être effectués d’août à novembre. Une fosse de récupération des effluents et une plateforme de lavage vont être créées. L’adjonction d’un second bâtiment permettra de séparer la partie export de la partie station. Le coût de l’investissement devrait être de l’ordre de 100.000 euros. Le Conseil régional devrait en subventionner 40%. Une aide de la MSA est prévue sur la contention. Une subvention serait également envisageable sur les bardages ou charpentes en Douglas. La Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire prend en charge les frais d’étude et de plan de l’ouvrage. Avec ce nouvel outil, toutes les évaluations raciales seraient désormais centralisées à Palinges.