Brexit
Plus de questions que de réponses

Hors de la zone €, la Grande Bretagne réalise la moitié de ses échanges agricoles et agroalimentaires avec l’Union européenne. Mais hors de l’Union, qu’en sera-t-il ?
132393--brexit.jpg
La forte baisse de la livre Sterling observée depuis le 23 juin traduit le désappointement des marchés financiers après avoir appris le Brexit. Mais cette dévaluation est moins accentuée qu’en 2008, en pleine crise financière. Et à court terme, elle est même une aubaine pour rendre la Grande-Bretagne plus compétitive sur les marchés agricoles. Pour exporter, par exemple, son blé fourrager et ses viandes ovines vers l’Union européenne comme à destination des marchés tiers. Mais les ventes porteront quoi qu’il en soit sur des quantités réduites. Le Royaume-Uni réalise la moitié de ses échanges commerciaux de produits agricoles et agroalimentaires britanniques avec ses partenaires de l’Union. Les enjeux commerciaux portent davantage sur l’industrie agroalimentaire et les fruits et légumes. Celle-ci est le 3e client (5,5 Mds d’€) de la France et son 6e fournisseur (3,5 Mds d’€).

Trois scénarii


Nul ne sait, ni quand, ni comment, le processus de sortie de l’Union européenne sera enclenché. Toutefois, il est dans l’intérêt des deux parties, aussi bien à Bruxelles qu’à Londres, de trouver un terrain d’entente favorable pour rendre les échanges commerciaux aussi aisés que possible. En s’inspirant des accords commerciaux en vigueur entre l’UE et des pays tiers, trois scénarios sont envisageables.
Le Royaume Uni acquiert un statut identique à la Norvège et scelle alors un accord de libre-échange moyennant une contribution au budget européen, sans participation aux décisions politiques. Elle est actuellement de 106 £ par Norvégien. A titre de comparaison, la contribution au budget européen de la Grande-Bretagne est de 153 £ par Britannique.
Si aucun accord commercial n’est conclu les échanges commerciaux sont soumis aux règles de l’OMC stricto-sensu, avec à la clé l’instauration de droits de douane.
Soit enfin, l’Union européenne opte pour un régime des échanges intermédiaire qu’il reste à définir.
Le prochain accord commercial dépendra du rapport de force que l’UE saura exercer sur la Grande-Bretagne, réticente depuis quelques jours pour prendre la porte de sortie. Dans le contexte actuel, il est difficile d’imaginer que le Royaume-Uni impose son calendrier de négociations ou qu’elle s’affranchisse d’un marché européen de 500 millions de consommateurs, à moins d’une heure de trajet par ferry, convoité par l’ensemble des pays la planète…

Quid des aides Pac ?


Et que va-t-il advenir des aides Pac perçues par les agriculteurs britanniques ? Ils les percevront en 2017 et 2018 puisque le Royaume-Uni continuera alors encore à financer le budget européen. Mais après ?
Le gouvernement britannique conduira-t-il sa propre politique agricole en leur versant, entre autres les 3,9 milliards d’aides de la Pac qu’ils perçoivent actuellement. A condition cependant que le pays ait les moyens budgétaires pour financer sa politique agricole… Car dans un contexte dépressif, la priorité du gouvernement britannique pourrait ne pas être l’agriculture. Et alors livrés à eux-mêmes, plus de 90 % d’entre eux seraient en faillite, selon certaines projections. Mais la Grande-Bretagne sacrifierait alors sa sécurité alimentaire et s’exposerait imprudemment à des marchés agricoles encore plus volatils et que sa livre sterling !