Lors de leur congrès national, les JA ont notamment porté la question de la gestion des risques

Une délégation motivée.

Si Emmanuel Macron a décliné l’invitation des Jeunes agriculteurs (JA) à intervenir devant leur congrès à Dunkerque, les attentes restent fortes à l’égard des futurs Etats généraux de l’alimentation, l’une de ses promesses de campagne. Ceux-ci devraient se tenir cet été, a indiqué le ministre de l’Agriculture, Jacques Mézard, venu le 7 juin, et le monde agricole entend bien saisir cette occasion pour acter un retour de valeur ajoutée à ses produits. Le ministre a également affirmé travailler sur les autres propositions du Président de la République, à savoir le plan d’investissement de cinq milliards d’€ sur cinq ans, la simplification des normes ou encore le prêt d’honneur pour les jeunes, une mesure qui n’apparaît cependant pas prioritaire aux yeux de Jérémy Decerle, président des JA. De fait, les JA ont, de leur côté, formulé des propositions fortes dans leur rapport d’orientation, lequel était consacré à la gestion des risques, rapport qui « ne vaut que si tous les acteurs s’en servent pour faire avancer les enjeux majeurs pour les agriculteurs », a rappelé Jérémy Decerle, incitant sur ce sujet les autres acteurs à « être courageux. Nous, nous le serons ! ».

Nouveau système assurantiel

Parmi les principales propositions, celle de rendre obligatoire - lors d’une installation ou d’un projet de développement - la réalisation d’un plan de gestion des risques. Ce diagnostic pourrait être réalisé par le GAMA, le Groupement d’assurance mutualiste agricole que les JA proposent de mettre en place et qui aurait pour fonction d’assurer des missions d’audit et de conseil en matière d’assurance agricole. Et cela sans pour autant vendre les produits assurantiels.

Au niveau national, les Jeunes proposent de donner une place centrale au Corena (Comité de rénovation des normes en agriculture) et au Conseil supérieur d’orientation sur la gestion des risques. La Pac et l’Europe constituent en effet un autre volet de cette politique de gestion des risques rénovée. Les JA souhaitent, à terme, basculer d’un système de paiement à l’hectare vers un paiement à l’actif agricole et au développement d’outils de type contra-cycliques et assurantiels. Sans pour autant rendre l’assurance obligatoire. Cet outil - qui coûte cher - n’est de fait pas adapté à toutes les situations, comme le rappelait Arnaud Petit, représentant du Copa-Cogeca. Et il ne serait pas non plus bienvenu « de faire un transfert d’argent des subventions publiques vers l’assurance privée », ajoutait de son côté Eric Andrieu, député européen.

La solution est en effet une « somme d’outils » qui, s’ils s’avèrent performants, constitueront une « incitation suffisante », plaidait Vincent Touzot, membre du bureau des JA. Le Conseil de l’Agriculture française (Caf) organisera le 10 octobre prochain une journée consacrée à la gestion des risques, a de son côté annoncé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

Renouvellement des générations

La table-ronde du 8 juin, qui portait sur la Pac post 2020, a également posé la question de la place à accorder à l’agriculture dans notre société. Alors que le budget alloué à la future Pac risque bien d’être en diminution, il faudra d’abord, pour les différents intervenants, mettre en avant les ambitions et redonner du sens à cette politique agricole mais aussi alimentaire.

« On est en capacité d’exiger des moyens supplémentaires si on répond aux attentes de la société », estimait Eric Andrieu, pour qui il est également nécessaire de ne subventionner que les agriculteurs actifs. « Nous voulons que l’Europe donne un cadre pour que chaque pays puisse mette en place sa définition de l’agriculteur actif », ont plaidé en écho Jérémy Decerle et Samuel Vandaele, secrétaire général des JA, lequel précisait un point important pour les JA qui ne veulent plus que des aides soient données à des retraités ou à des gens qui pratiquent le travail à façon. « On ne peut pas créer un système dans lequel les gens sont aidés pour ne rien faire », renchérissait Jannes Maes, le président du Ceja (Centre européen des Jeunes agriculteurs).

Cette vision paraît ainsi indispensable au renouvellement des générations en agriculture, auquel les jeunes agriculteurs européens proposent de consacrer 20 % du premier pilier de la Pac. Pour Luca Gaddoni, conseiller politique de Coldiretti (organisation professionnelle agricole italienne), « les jeunes agriculteurs sont les plus performants de tout le secteur agricole, il faut leur donner des aides non pas parce qu’ils sont jeunes, mais parce qu’ils mettent en place des innovations. Il faut donner un prix à ces activités ».

Le renouvellement des générations reste en tout cas la première priorité des JA qui fêtaient à l’occasion de ce 51e congrès leurs soixante ans d’existence et restent déterminés à faire avancer l’agriculture : « continuons collectivement à imaginer, dessiner, écrire l’avenir de l’agriculture, pour que nous puissions continuer à dire avec force et sérénité que nous sommes fiers d’être paysans ! », concluait avec conviction Jérémy Decerle.