Journée agricole à Louhans-Châteaurenaud
Une première réussite pour la Bresse

Publié par Cédric Michelin
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Le 17 juin, sur la place de la Charité à Louhans-Châteaurenaud s’est tenue la première Journée d’action, d’information et de soutien au monde agricole bressan. Le soleil était de sortie pour l’occasion, ce qui a contribué à son succès. Exposants, démonstrations, animaux, débats, repas… le Comité territorial de Bresse - chambre d’Agriculture, FDSEA, JA et FDCuma de Saône-et-Loire - a mis en valeur ses terroirs.
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Née dans la crise de l’an dernier, suite à une manifestation « jamais vue » à Louhans regroupant plus de 300 paysans en colère - et même si la crise est « toujours profonde », reconnaissait Frédéric Bernard - l’ambition de cette première Journée agricole de Louhans était de « motiver les gens à aimer notre métier », insistait Samuel Chanussot.
Objectif réussi et de belle manière. Les organisations agricoles du département, ainsi que plusieurs acteurs économiques, avaient répondu positivement à l’appel et présentaient l’agriculture sous son meilleur jour. Engagement pour l’environnement avec le concours des prairies fleuries (nous y reviendrons prochainement), biodiversité avec les chasseurs, économie collaborative avec le partage de matériels (Cuma), ventes directes avec Gamm Vert et différents produits du terroirs, présentation des filières de qualité bressane (volailles de Bresse, lait, crème, beurre, comté…), énergies renouvelables avec une démonstration de déchiquetage en bois plaquettes, sans oublier banques, assureurs et bien d’autres qui font vivre la ruralité - comme les concessionnaires - et soutiennent localement l’agriculture.

La diversité face à la mondialisation


Pour redorer le blason de l’agriculture auprès des élus, une table ronde était organisée sous les halles et animée par Radio Bresse. Sur le choix des petites ou grandes exploitations à l’avenir, Marie-Odile Morin, secrétaire générale de la FDSEA, soulignait qu’il ne fallait pas raisonner par opposition mais bel et bien par « l’adaptation en fonction des marchés » potentiels et valorisants. A ce propos, elle regrettait que l’agriculture française - en général - ne « vende pas assez » l’image de ses produits de qualité alors que la « concurrence déloyale » permet actuellement à d'autres producteurs mondiaux de gagner des parts de marché. Vice-président de la commission des affaires européennes au Sénat, Jean-Paul Emorine en est conscient et bien que « libéral », se bat pour équilibrer le projet de traité transatlantique actuellement en négociation. « L’Europe est notre meilleur allié pour peser face aux Etats-Unis. Il faut orienter maintenant la Pac pour protéger plus, avec une assurance climatique par exemple », entrevoyait-il en faisant référence à l’échéance 2020. Mais il ne cachait pas non plus que l’agriculture française, et celle de Saône-et-Loire en l’occurrence, « devra encore faire des efforts de réaménagement de son foncier, de drainage, de contractualisation… » pour rester compétitif dans cette économie qui continue de se mondialiser.

Ne pas forcer les GMS ?


Le sous-préfet de Louhans, Georges Bos, partageait ce point de vue europhile mais, pour lui, « le premier marché des agriculteurs est celui national et local ». Dynamique et volontaire sur ce sujet, il se veut moteur dans la démarche "La Belle Bresse", une marque collective qui doit permettre de valoriser la viande bressane. « Ce n’est pas en forçant la main aux Grandes enseignes que l’on partira à la conquête de la valorisation. Il faut d’abord que les consommateurs soient demandeurs de qualité », analysait-il. Présents, plusieurs directeurs ou responsables d’achats de plusieurs enseignes GMS acquiesçaient.

La Bresse en conquête


« Il ne faut pas oublier que 40 % de la consommation en France vient de volailles étrangères », nuançait, pour sa filière, Christian Ragaigne, directeur général du pôle Sud-Est de LDC, soulignant ainsi les paradoxes des clients et des consommateurs qui s'expriment par chauvinisme mais achètent avec le portefeuille. De l’industrie à l’AOP, LDC n’est « pas défaitiste » et avec ses 650 éleveurs cherchent des solutions comme, « depuis deux ans, avec des céréales de la région » et la mise en place d’une logistique pour une - ou des - économie durable.

Le temps des passions


Tous les effets ne sont pas immédiats et il s'agit parfois de vases communicants. Chaque chef d’exploitation - ou d’entreprise - sait qu’il « ne peut pas faire un virage trop rapidement » à son outil de production et à ses débouchés commerciaux, débutait Christian Decerle. Le président de la chambre d’Agriculture saluait des générations de « passionnés » qui passent les crises en se professionnalisant de plus en plus, posant cependant la question des banques et des investissements nécessaires, notamment pour les jeunes s’installant.
Le mot de la fin revenait au maire de Louhans, Frédéric Bouchet : « nous sommes parti d’un malentendu il y a un an par manque de dialogue. Même si on n’a pas sorti tout le monde de la misère, avec cette manifestation, on sent que l’on repart de l’avant », concluait-il.