SMET 71 Ecocea à Chagny
La 3e révolution du gaz
Changement de paradigmes
Mais une « révolution énergétique » est bel et bien en marche, selon le directeur général de GRT Gaz. Après le gaz de "ville" (charbon/houille), après le gaz "naturel" (mélange d’hydrocarbures), Thierry Trouvé estime que le gaz "vert" représente la « troisième génération » de gaz à venir. Pourquoi ? Car « le biométhane permet de passer à une énergie renouvelable sans avoir à modifier son installation de gaz ». Un vrai atout pour tout particulier ou toute usine, déjà équipés et reliés à GRTGaz.
Encore faut-il techniquement réussir à produire du méthane, à partir de déchets, respectant les normes réglementaires françaises. Ecocea a donc du rajouter 4 millions d’€ pour "épurer" le biogaz pour ne garder que le méthane, avant de le compresser pour l’injecter à haute pression (67,7 bars) dans le réseau de GRTGaz. La production n’étant pas constante (Ecocea ne fait pas d’apports de digestât le dimanche), des variations de quantité injecté existeront. GRT Gaz a donc conçu un système qui en permanence analyse le gaz injecté, vérifie sa conformité (par chromatographie) et l’odorise (avec THT) pour signaler aux usagers toute fuite possible.
Mais surtout le raccordement comptabilise la quantité de gaz. Car c’est bien une inversion des rôles pour GRT Gaz. « D’habitude, c’est nous qui livrons le gaz au client », souffle un technicien –qui mélange, comme la majorité des français– GRTGaz qui est une filiale à 75% de GDF Suez… distributeur et producteur respectivement, autrefois GDF.
Des bio-tuiles cuites au bio-méthane
A quelques centaines de mètres de là, Terreal fabrique des tuiles pour les toits d’habitation. Elle utilise pour cela des fours capables de les cuire à 1.000° C. Son directeur technologies et innovation, François Amzulesco réfléchi à ce projet depuis l’implantation de l’usine à Chagny en 2006. Le tout, sans avoir besoin de changer ses installations. Possible avec le biométhane distribué par GRTGaz. Le groupe s’est donc engagé avec le SMET 71 pour lui acheter un volume de gaz pendant 15 ans. La production totale annuelle de biogaz ne permettra cependant de couvrir, au maximum, qu’un tiers du « besoin énergétique » de Terreal. Le gaz "naturel" continuera d’être livré pour le reste, ne serait-ce que pour sécuriser l’activité industrielle. Un accord gagnant pour tous. « Sans Terreal, on produirait trop de biogaz pour tout Chagny », glisse notre guide. Mais ce choix n’est pas exclu et est d’ores-et-déjà techniquement possible.
En revenant voir sa famille paternelle originaire de Chalon, Laurent Musy, le PDG de Terreal, était visiblement fier « tant professionnellement que personnellement » d’annoncer que ses "bio-tuiles de Chagny" étaient maintenant fabriquées au "bio-méthane de Chagny" à partir de déchets verts et déchets ménagers locaux, illustration parfaite de l’économie circulaire en circuit court.
27.000 tonnes de compost
L'unité Ecocea reçoit 73.000 tonnes de déchets par an, soit 230 kg/habitant. Environ 50 % de ce total est fermentiscible. Ainsi, le méthaniseur dégrade cette matière organique pour produire du biogaz et 27.000 tonnes de compost par an. Les plans d'épandage réalisés par la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire envisage donc un total de 1.350 à 1.800 ha (entre 15 à 20 t/ha) nécessaire. Un compost qui doit respecter la norme NFU-044. Des analyses sont réalisées pour chaque lot par Bourgogne du sud qui a signé un partenariat avec l'usine. Des analyses aléatoires sont aussi réalisées par la chambre d'agriculture. La coopérative se charge de venir chercher le compost à Chagny pour le livrer à ses adhérents inscrits à ce service. Pour l'heure, le site n'a pas encore atteint sa vitesse de croisière et les premières livraisons cet été n'ont été que partielle : 500 tonnes sortie usine fin août. Lors de la visite du site, le guide ne cachait pas qu'il peut rester jusqu'à « 2% de matériaux inertes (métaux...). La partie délicate du processus étant de trier le plastique dans les déchets verts ».