Journée Colza
Une valeur sûre

Publié par Cédric Michelin
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C'est à Beaune que Terres Inovia organisait sa traditionnelle réunion technique de la zone Est. L'occasion de faire le bilan d'une année atypique. En 2016 et contre toute attente, le colza s'en sort plutôt mieux que d'autres cultures et sauve les meubles dans bien des exploitations.
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Parmi les oléagineux, le colza s'affiche comme le seul en recul au niveau mondial. Depuis quatre ans, la culture recule. En Europe les surfaces restent stables mais les rendements se dégradent. Le contexte prix reste, lui, en revanche favorable avec des pics du ratio prix colza/blé à 2,4. Un niveau historique rarement atteint.
En France, en dépit d'une année climatique hors norme, le colza sauve les meubles dans bien des exploitations, même si la moitié Nord du territoire est plus impactée par les baisses de rendement que la moitié Sud. Pour Terres Inovia, pas de doute : dans contexte un économique dégradé et à condition que l'on maîtrise parfaitement les coûts de cette production, « le colza reste une valeur sûre ».

L'implantation est déterminante


Certains secteurs s'en sortent cependant mieux que d'autres, alors que l'année climatique imposait d'être particulièrement vigilant sur la nécessité de maintenir le colza ou d'implanter une culture de remplacement. Attention donc aux facteurs aggravants qu'il faut savoir identifier et mesurer : le niveau de peuplement (plus ou moins hétérogène), l'état de salissement de la parcelle, le niveau des dégâts des ravageurs et l'état des racines (plus ou moins endommagées). Si la nécessité d'implanter une nouvelle culture s'impose, les alternatives ne manquent pas et l'offre culturale est intéressante ; ainsi même en terres superficielles le tournesol résiste bien. L'accompagnement technique reste quand même une condition essentielle à la réussite de ces cultures de printemps, dont la conduite n'est pas si simple qu'il y paraît.
Pour le colza également, il faut savoir se donner les moyens de réussir la culture en favorisant notamment une dynamique de croissance qui permette à la plante de résister aux assauts des ravageurs. Pour éviter la prolifération des résistances aux traitements actuels, c'est un levier à ne pas négliger. La pression de sélection ces dernières années a été importante et plusieurs mécanismes de résistance aux pyréthrinoïdes semblent avoir été sélectionnés, ce qui a conduit Terres Inovia, en plus des indispensables tests flacons et essais au champ, à organiser un monitoring sur la période 2016/2017. L'Yonne est actuellement le département où ces résistances des grosses altises s'expriment le plus fortement avec un taux de mortalité inférieur à 60%. Difficulté supplémentaire : plusieurs mécanismes de résistance peuvent coexister au sein d'une même population, alors qu'il n'est pas possible encore de déterminer le niveau de résistance de chaque mécanisme. Pour le charançon du bourgeon terminal, la mortalité semble plus faible dans le Centre et Nord-Est de la France.

Privilégier la prévention au traitement


Les observations de 2016 sur les tests au champ, confirment celles de 2015 : la lutte contre l'altise passe en priorité par la lutte contre les larves, qui doit se raisonner indépendamment de la lutte contre les adultes. Cette dernière ne se justifiant que si la survie de la culture est en jeu. La gestion des résistances reste complexe, on peut : limiter les interventions, alterner les modes d'action dans le temps et l'espace, pratiquer les mélanges en associations de produits, ajouter un inhibiteur d'enzyme de détox, augmenter les doses (cette dernière procédure ne peut intervenir qu'à très court terme et fait courir le risque d'une augmentation du niveau de résistance et d'une pression de sélection de résistances croisées positives).
Dans l'Yonne où les niveaux de résistance s'avèrent difficiles à gérer, le meilleur moyen identifié par Terres Inovia aujourd'hui reste la mise en oeuvre de mesures agronomiques préventives pour favoriser la croissance et l'association avec des légumineuses. L'attention à la date de semis et aux bonnes conditions d'une implantation réussie constitue une bonne prévention car entre la larve et le semis il s'agit d'une véritable course de vitesse que la culture doit absolument gagner. Les larves d'altises sont moins nuisibles dans un contexte poussant et sur de gros colza. Devant de forts niveaux de résistance, la solution agronomique est à privilégier et les insecticides doivent rester le dernier recours à n'utiliser que si la suivie de la culture est en jeu.
Le contexte préoccupant des résistances aux traitements sur colza a amené Terres Inovia à endosser l'habit de lanceur d'alerte et à s'impliquer fortement dans le dossier « ravageurs d'automne ». Dans le contexte actuel de l'Yonne et des territoires voisins, ce dossier s'affirme comme une priorité dans les travaux, les tests et les essais en cours. Nul doute que la Saône-et-Loire étudiera avec attention ces essais voisins. En parallèle, Terres Inovia organise des actions de communication à grande échelle, spécifiques au sujet, pour faire "passer" les messages clé tout en apportant un soutien technique aux responsables de la profession agricole et en appui de leurs demandes d'accompagnement au plan national.