Téol
Des valeurs réaffirmées

La dernière assemblée générale de Téol a été l’occasion de valider la fusion absorption de la coopérative du Donjon, mais surtout de tracer des perspectives en dépit du contexte particulièrement morose qui caractérise l’élevage allaitant. En réaffirmant ses valeurs mutualistes de service et de proximité. Retour.
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Salle comble le 9 décembre à l’Institut charolais pour l’assemblée générale de Téol. Une assemblée générale tout d’abord ordinaire et qui a été l’occasion pour tous de dresser le bilan de l’activité de la coopérative lors du dernier exercice clos le 30 juin dernier. Elle était ensuite suivie d’une assemblée générale extraordinaire pour valider la fusion absorption de la coopérative voisine du canton du Donjon dans l’Allier, puis d’une conférence de Vincent Chatellier, économiste et directeur de recherche à l’Inra. Trois temps forts pour une même assemblée, la 8e de Téol, laquelle avait été précédée des cinq assemblées de section en novembre.

Le refus de baisser les bras


« Pour cette huitième assemblée de Téol, six peut être sept ont été difficiles pour les éleveurs », campait d’emblée dans son rapport moral le président Gilles Mazille pour qui « retracer les événements de l’année est un plaisir qui se fait rare ces dernières années. Il faut à la fois savoir tenir le fil comme un équilibriste, pour à la fois rester fidèle à la réalité, trouver un peu d’optimisme pour les années futures, soutenir le moral des adhérents sans ressasser les mêmes déceptions ». Un exercice délicat dans lequel la coopérative Téol excelle : à la fin de l’assemblée, en dépit de la conjoncture que tous avaient en tête, le moral des délégués de section semblait quelque peu reparti à la hausse, tant la coopérative, ses dirigeants mais aussi Vincent Chatellier avaient donné à tous quelques raisons d’espérer, tout du moins des raisons de ne pas baisser les bras et de ne pas capituler devant l’adversité.
Le rapprochement avec la coopérative du Donjon témoignait manifestement de cette volonté d’aller de l’avant, de poursuivre méthodiquement le travail en profond respect avec les valeurs fondatrices de la coopérative charollaise.

Une politique volontariste


Validé lors de l’assemblée de la coopérative du Donjon le 23 novembre, le projet de fusion absorption a ainsi été voté à l’unanimité des membres de l’assemblée générale de Téol. S’il n’est pas créé une nouvelle section, la cinquantaine d’adhérents du Donjon sera désormais rattachée à la section de Saint-Yan, laquelle couvre déjà le canton de Molinet dans l’Allier. Disposant d’une salariée et d’un magasin situé au Donjon, la coopérative du canton du Donjon réalisait jusqu’alors uniquement de l’approvisionnement en semences, en produits phytosanitaires et en engrais, sans logistique. La complémentarité entre les deux entités voisines s’est donc naturellement imposée, au regard des valeurs communes de proximité et de services. Deux administrateurs du Donjon siégeront désormais au conseil d’administration de Téol, en l’occurrence Isabelle Lévêque et Patrick Oviste, ancien président.
De même, Téol travaille-t-elle sur Météo Protect, une assurance indicielle développée en lien avec Météo France pour le secteur agricole, qui permet un lissage et assure un rendement. Toujours dans cette volonté d’aller de l’avant, la coopérative poursuit sa politique d’aide auprès des jeunes récemment installés, mesure qui concerne une quarantaine d’exploitations. Enfin, Téol a multiplié les échanges avec ses quelques deux mille adhérents pour « apporter à chacun des éléments techniques en vue de gagner en performance », comme le rappelait Gilles Mazille, listant la rencontre avec les semenciers et fournisseurs organisée au printemps à Charolles, les visites d’essais Céréales organisés à Saint-Yan, enfin la rencontre dédiée à l’élevage organisée en novembre à Blanzy (lire notre édition du 25 novembre en page 5) et suivie par une centaine d’éleveurs.
« L’objectif de ces rencontres est d’aborder les sujets simplement, de faire comprendre que chaque agriculteur peut améliorer des petites choses sur son exploitation », poursuivait Gilles Mazille dont l’objectif est « de vous donner l’envie d’essayer, de modifier certaines pratiques, de se poser des questions sur votre exploitation. Chaque exploitation est unique, les solutions sont donc différentes entre voisins, mais elles existent partout ».




Les chiffres de 2015/2016


Lors du dernier exercice, la coopérative Téol a réalisé un chiffre d’affaires de 21.411.768 €, en hausse de +2,07 %. Près de 293.000 € d’investissements ont été réalisés, dont 188.000 € de solde de travaux de l’usine de Luzy. Et le résultat net est de -95.569 €.
Avec les EURL Bourbince distribution et Jardins de Vitry et les SARL Charolles Aliments Charolles-Bourgogne, les chiffres consolidés du Groupe font apparaître un chiffre d’affaires de 27.603.000 €, avec un résultat négatif de -122.000 €.
Les créances Adhérents affichent une « petite hausse », pour reprendre l’expression de Gérard Laudet dans sa lecture du rapport de gestion, celles-ci passant ainsi de 5.530.000 € en début d’exercice à 5.593.000 € fin juin dernier.
L’aliment poursuit sa montée en puissance avec +924.000 € de chiffre d’affaires. Il représente ainsi 58 % de l’activité de la coopérative, et peut encore progresser au regard des unités de fabrication de Luzy, désormais spécialisée en aliment pour équins, et de Charolles, qui affiche des marges de progrès possibles. De même, l’activité Elevage affiche, elle aussi, une hausse de 53.000 € (3 % du chiffre d’affaires). En revanche, les activités Engrais, Grosse quincaillerie, Phytos et Semences étaient en légère baisse au cours du dernier exercice.
La trésorerie de la coopérative tend à s’améliorer, mais surtout on note une amélioration du résultat brut d’exploitation, masqué par les résultats exceptionnels enregistrés lors de l’exercice 2014/2015, lesquels étaient dus aux ventes des anciens magasins de Charolles et de Blanzy.






Comme un vent de polémique…


Dans son propos, Gilles Mazille a tenu, sobrement, à rappeler les valeurs de la coopérative, des valeurs qui se déclinent aussi dans ses orientations techniques. Face aux attaques dont l’agriculture et l’élevage sont de plus en plus souvent les cibles, « les éleveurs sont silencieux, pourtant ils en savent un peu plus sur leurs animaux et leur bien-être que ceux que l’on entend désormais régulièrement à la télé, à la radio ou dans la presse et qui, à terme, nous condamnent, nous les éleveurs ». Et de poursuivre : « aujourd’hui leur cible est les abattoirs, mais demain on peut supposer qu’ils se tourneront vers l’alimentation de nos bovins. Certes, nous avons l’herbe et le foin, mais soyons vigilants tant individuellement que collectivement, à être irréprochables sur les matières utilisées dans les aliments bovins. Privilégions le naturel et interdisons-nous tout produit qui pourrait choquer un consommateur, un spectateur et surtout un journaliste peu spécialiste… ».
Un message clair dont s’emparait Vincent Chatellier : « il y a un très grand débat chez vous. Faîtes gaffe de prendre le bon chemin ! Quand on parle Qualité, on se doit d’être cohérent. Certes, la tentation est grande de gagner 10 € par tonne, mais cela peut vous emmener dans situations qui auront des effets boomerang… Soyez collectivement et individuellement cohérent sur les choix de modèles ».
Nul doute que la polémique, déjà installée, trouvera là matière à s’alimenter.