Industries agroalimentaires
Les centrales d'achats toujours intransigeantes

Publié par Cédric Michelin
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L'association régionale des industries alimentaires a fait le point sur le secteur des industries agroalimentaires (IAA) en Bourgogne. Comme beaucoup d'autres, ce secteur souffre et 2016 ne semble pas mieux engagée que 2015.
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Les producteurs ne sont pas les seuls à subir la dictature d'une guerre des prix suicidaire engagée par les grands de la distribution. Ses effets délétères se font sentir à tous les niveaux et même si certains leaders des GMS commencent à percevoir le danger, aucun ne semble encore prêt à faire le premier pas pour arrêter le massacre. « Les négociations commencent mal avec des demandes de prix toujours à la baisse » constate Etienne Genet, président de l'Aria Bourgogne en se livrant à un point de début d'année. « Les industriels n'ont plus le choix du prix », ce sont les GMS qui font le prix... Résultat, les industries agroalimentaires voient leurs marges se réduire comme peau de chagrin et leur capacité d'investissement aussi. Ainsi, si l'emploi globalement se maintient dans le secteur, les équipements vieillissent, ce qui hypothèque durablement la compétitivité et la productivité des entreprises.

Des marchés de niches porteurs



Heureusement, remarque Etienne Genest, les entreprises alimentaires sont innovantes, mais « sur de petits segments », notamment pour répondre à la demande de consommateurs très friands de nouveaux produits à marges. Parmi ces niches porteuses, l'alimentation orientée goût, santé, plaisir. Les consommateurs en redemandent et le bio en particulier a vu ses parts de marché augmenter de 10% en 2015. Les circuits courts et les produits régionaux de qualité, en bonne place désormais dans les linéaires de la grande distribution, s'inscrivent dans cette démarche. Les consommateurs n'hésitent pas à payer un peu plus cher la proximité et une ré-assurance de qualité. Ce sont des produits à marge pour le producteur comme pour le distributeur. La nouvelle surface de distribution « Frais d'Ici » portée par In Vivo et Dijon Céréales, trouve ainsi son public à Chenove, dans la zone de chalandise du Grand Dijon. La qualité, l'innovation, l'identité régionale se vendent bien aussi à l'export.
En revanche, pour tout ce qui concerne une consommation de masse et des produits plus basiques, « la situation est plus complexe et plus difficile » regrette Etienne Genet. « Nos industries comme nos productions manquent de compétitivité par rapport à la concurrence européenne et internationale ». C'est l'éternelle problématiques du différentiel coûts/charges/normes franco-françaises par rapport à l'Europe et européennes par rapport au reste du monde. Le difficile accouchement de la nouvelle norme européenne sur l'étiquetage en est la preuve. Et le résultat ne satisfait absolument pas les industriels français, qui craignent, qu'un code couleur trop réducteur ne marque du sceau de l'interdit certains fleurons de notre savoir-faire alimentaire, tout en culpabilisant le consommateur au passage. Bref qu'une fois de plus, la France se tire une balle dans le pied.
Ce qu'il faut « c'est mieux informer et mieux former le consommateur », recommande l'Ania, le renseigner avec des indications nutritionnelles précises. Trois tests sont en cours, à l'initiative de la France. Mais tout cela a un coût. Un seul changement d'étiquette avec des indications nutritionnelles bien visibles peut représenter un investissement de 60.000 euros pour une PME de moins de dix salariés...


Les IAA BFC sur les rails de la fusion



Le 22 avril 2015, l'Aria Bourgogne et l'Ariatt Franche-Comté on créé une nouvelle association : EABFC (Entreprises alimentaires de Bourgogne Franche-Comté). Président : Etienne Genet, vice-président Jean-Jacques Bret, secrétaire Nadja Menasri, Trésorier Jean-Dominique Caseau. La région BFC peut se prévaloir d'un panel important de produits sous signes officiels de qualité, sa gastronomie bénéficie d'une forte image, elle a vu la création de pôles de compétitivité dynamiques sur des thématiques porteuses comme celle de Vitagora, autour du goût de la nutrition et de la santé. Enfin, l'enseignement supérieur a su aussi se doter d'organismes de recherche et d'enseignement à forte attractivité autour de l'alimentation et de la nutrition. Globalement cependant, le secteur reste quand même très dépendant aux marchés alimentaires européens et le niveau d'exportation est faible (19% contre 27% au plan national). La recherche développement « pure et dure » reste à optimiser et certains métiers en tension peinent à recruter sur des lignes de production et notamment dans le domaine de l'abattage et de la découpe des viandes.