Avenir de la ruralité
Les maires ruraux à l’offensive

Soucieuse de faire remonter aux "grands élus" et autres "technocrates" la réalité des territoires ruraux, les maires ruraux de France lancent le débat sur la ruralité, à presque un an de la Présidentielle. Ils lancent une série d’initiatives, à commencer par celles de recueillir les contributions de chacun sur la ruralité qu’il aimerait…
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On connaît Vanik Berberian, le président de l’AMRF (Association nationale des maires ruraux). Il n’a pas peur de mettre les pieds dans le plat et de secouer l’établishement pour poser les bases de nouvelles réflexions sur l’identité rurale et sur sa diversité. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’elle est un « moteur du développement social et économique de notre pays et de ses territoires ». Ainsi, « avec quarante-cinq années de défense des libertés communales et de militantisme -toujours assumé-, l’AMRF réaffirme-t-elle une vision forte : le développement et la cohérence des territoires français ne sont pas dus au seul fait métropolitain, mais doivent s’appuyer sur la créativité et le dynamisme des campagnes ». C’est dit.
Pour l’AMRF qui refuse la résignation, « le regard sur les territoires doit changer, pas seulement pour les gouvernants, que Paris et les capitales régionales accaparent et centralisent trop, mais aussi chez les élus ruraux, pour promouvoir leurs bassins de vie dans les stratégies d’aménagement du territoire ». Et « parce que la ruralité, ce n’est pas seulement des champs de culture, la fête au village, la maison de famille et qu’elle ne s’assimile plus depuis plus de 30 ans à un exode, l’AMRF prendra plusieurs initiatives en 2016 pour que chacun puisse comprendre, re(découvrir) et appréhender cette réalité française ».

Un appel à contribution


La première initiative de l’AMRF est un appel à contributions à l’ensemble des animateurs de cet écosystème rural : les élus certes, mais surtout les citoyens, les acteurs économiques, les gouvernants politiques, les journalistes... Bref, toutes celles et tout ceux qui peuvent avoir une idée, un regard, qui porte une analyse sur l’avenir des territoires ruraux.
L’AMRF publiera certaines d’entre elles dans son mensuel "36.000 communes", qui ouvre ses colonnes pour l’occasion. Le premier à avoir répondu à cet appel est Pierre Bonte, journaliste et passionné de la ruralité, qui fait dans le numéro de mars 2016 une proposition qui décape : celle « inscrire les 36.000 communes de France au Patrimoine mondial de l’Unesco, de la même façon que 1.247 "climats" (parcelles) du vignoble de Bourgogne ont pu y être classés l’année dernière ».
Pour Vanik Berberian, « c’est là un beau défi national à relever ensemble ! ». En effet, « 36.000 communes, c'est une spécificité française qui contribue à donner à notre pays son visage et son caractère particulier, original... Et qui mériterait d'être protégée ». Pourtant, "grands élus" et administrations sont persuadés qu’il s’agit là d’un handicap à résorber au plus vite…
« Nos villages millénaires, tous uniques eux aussi, tous différents, n'ont-ils pas droit au même respect de leur identité que les climats de Bourgogne ? » interroge ainsi Pierre Bonte dans sa tribune. « On appartient à une commune, mais elle nous appartient aussi, un peu... C'est un "chez soi" rassurant, sécurisant, au sein duquel chacun peut assouvir son désir de reconnaissance. C'est à la fois un héritage et une chance à protéger », clame l’auteur du récent ouvrage "Mes petites France".
L’AMRF salue ce message fort qui participe à sortir d’une lecture simpliste pour une vision qui intègre les problématiques des campagnes, non pas en les traitant avec le modèle qui conduit à l'impasse d'un rayonnement urbain vers les périphéries, mais au contraire, partir de nos territoires ruraux, créatifs et innovants, capteurs d'un développement intrinsèque.
Et de conclure en lançant une invitation : « à vos plumes ! »…