Saône-et-Loire Conseil élevage
Défis économiques, défis technologiques

En juillet prochain, Saône-et-Loire Conseil élevage fusionnera pour de bon avec son homologue de l’Ain. A l’image de la production laitière dans la zone, le contrôle laitier aborde de nouveaux défis : restructuration, ouverture à la concurrence, automatisation des tâches…
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Saône-et-Loire Conseil élevage tenait son assemblée générale le 9 décembre dernier à Varennes-Saint-Sauveur. Une AG un peu particulière puisqu’elle devrait être la dernière avant la fusion effective avec l’Ain en juillet prochain. Cela fait en effet trois ans que les deux organismes de contrôle laitier travaillent ensemble. Le partage et la mutualisation des compétences et des tâches étaient déjà de mise, mais la fusion avait été repoussée en raison des conséquences fiscales induites par la législation. Une nouvelle loi agricole votée l’été dernier a finalement débloqué la situation et Conseil élevage 01 71 verra enfin le jour courant 2015.

Ouverture à la concurrence


De nouveaux défis l’attendent d’ores et déjà. Comme le livrait le président de Saône-et-Loire Conseil élevage, Emmanuel Donet, « l’Etat nous impose un appel d’offre public sur le contrôle de performances pour nous permettre de continuer à faire notre métier ». Cette nouvelle facétie communautaire vise sans ambigüité la sacrosainte ouverture à la concurrence avec la possibilité d’agréer cinq opérateurs par filière, détaillait le président. Et comme si cela ne suffisait pas, d’ici 2018, un règlement européen - « remettant en cause nos modèles d’organisation actuels » - va s’imposer aux organismes d’élevage. Du pain sur la planche pour les structures et leurs responsables professionnels qui devront défendre les intérêts des éleveurs et faire valoir le bienfondé d’un modèle d’organisation qui a pourtant fait ses preuves.
S’ils se méfient des idées "lumineuses" de Bruxelles, les éleveurs laitiers n’en sont pas pour autant réfractaires au progrès, bien au contraire ! Désireux de rester le premier collecteur de données, Conseil élevage et ses adhérents investissent dans les nouvelles technologies. Il déploie aussi ses compétences dans le conseil.

Montée en puissance de la qualité du lait


Au chapitre du conseil justement, la nutrition, la gestion de la production laitière et des évènements prévisionnels de l’élevage sont les domaines les plus prisés par les adhérents pour deux tiers des services dispensés. Derrière, on observe une montée en puissance de la qualité du lait. L’accroissement de la taille des troupeaux avec les difficultés que cela occasionne et un renforcement des règles par l’industrie laitière en sont les principales explications.
Autre service de plus en plus demandé, le suivi de croissance des génisses. Une conférence technique sur ce thème - animée par un expert en la matière - sera d’ailleurs organisée le 3 février prochain à Ceyzériat (01). Le conseil a plus de mal à percer du côté des éleveurs caprins. L’analyse des coûts de production tend cependant à se développer, en complément de la sélection, des accouplements, de la nutrition et de l’élevage des chevrettes.

Les nouvelles technologies facilitent le contrôle


Pour faciliter le contrôle de performances - son cœur de métier -, Conseil élevage mise sur les nouvelles technologies. Exemple : la liste de pesée électronique, précieuse aide pour le repérage et l’identification des animaux au cours du contrôle et de l’échantillonnage. Cinquante élevages bovins sont équipés à ce jour (vaches munies de pâturons équipés de puces électroniques). Courant 2014, le dispositif est devenu opérationnel sur Androïd et sur Smartphone, solution 30 % moins cher que la première mouture. Désormais, la liste de pesée électronique est également opérationnelle pour les caprins. Un progrès appréciable car chez les chèvres, la traite est beaucoup plus rapide qu’en bovins, d’où « une vraie galère pour le repérage des animaux à la pesée », expliquait le directeur Michel Place.
Pour les robots, Conseil élevage a investi dans des « préleveurs universels », capables de s’adapter à toutes les marques de robot. Le logiciel Ori-Automate permet de transfert automatique des données avec les élevages informatisés.

77 % des élevages connectés


77 % des élevages adhérents sont désormais connectés à Sielweb. Grâce à ce « véritable tableau de bord des informations de conduite d’élevage », les éleveurs reçoivent les premiers résultats des contrôles par courriel. L’échange d’information avec Boviclic se développe, Sielweb et Boviclic étant désormais accessibles sur le même portail internet. L'outil propose un nouveau planning circulaire des évènements d’élevage qui se met à jour automatiquement grâce à internet. Ainsi, c’est « tout l’historique de chaque animal qui est accessible en ligne », explique Michel Place. Courant 2015 devrait être lancé Nutriweb, le volet nutrition de Sielweb pour un calage des rations connecté. En 2015 encore, Caplait version Web permettra aux éleveurs de consulter l’ensemble des performances de leurs troupeaux sur internet.

Démission de Galilait


Avec quatre autres départements (Ain, Ardèche, Drôme, Isère), Saône-et-Loire Conseil élevage a choisi de démissionner du laboratoire Galilait, lequel venait d’entamer une nouvelle restructuration de ses activités sur un site unique aux alentours de Clermont-Ferrand (63). Les cinq Conseil élevage démissionnaires entendent « construire une solution indépendante », privilégiant la qualité des analyses, la rapidité du rendu des résultats, la modernité et le meilleur coût d’approche. Cette solution - faisant appel à un nouveau « partenaire compétent » - devrait permettre de poursuivre les analyses dans la zone de Ceyzériat, évitant ainsi une délocalisation des analyses en Auvergne.





Chiffres 2013 - 2014
La concentration des élevages se poursuit


Avec 282 adhérents bovins, Conseil élevage 71 voit le nombre d’élevages laitiers poursuivre son érosion au rythme de -5 %. Au total, le département compterait encore 324 exploitations laitières bovines. Le cheptel reste pour trois quarts en race montbéliarde et un quart en prim’holstein. Si le nombre d’exploitations laitières diminue, en revanche celui des vaches en production se maintient à 19.000 animaux. Conséquence logique : l’effectif moyen par élevage ne fait qu’augmenter : plus de 68 vaches par élevage en moyenne.

2014 : production soutenue et de qualité


En termes de production, « 2013 n’a pas été une très bonne année du fait du coût élevé des concentrés », expliquait le directeur Michel Place. Avec une production moyenne par vache de 7.388 kg, les montbéliardes perdaient 217 kg par rapport à 2012. A 9.141 kg, les prim’holstein baissaient quant à elles de 158 kg. En 2014, la production est en revanche repartie à la hausse. Elle a été très soutenue en été et est demeurée élevée en fin d’année, preuve que « la génétique n’est plus un frein », faisait remarquer Michel Place. Conséquence logique : les taux sont dilués. En dépit de cette bonne production laitière, les éleveurs saône-et-loiriens n’ont pas dépassé le quota départemental, ce qui n’est pas le cas de leurs collègues du croissant laitier français. Un bon point : en dépit du nombre de vaches en production dans les étables saône-et-loiriennes, le taux de cellules est demeuré bas depuis l’été dernier. Cela serait lié à d’importants efforts des éleveurs sur la qualité du lait, incités en ce sens par une nouvelle réglementation des laiteries.

Nécessaire évolution des protocoles


Au niveau des protocoles de collecte des données, le développement des installations avec robots se poursuit. Le département en compte 17 à ce jour. Le contrôle de type "B", réalisé par l’éleveur, a du mal à s’imposer, faute de main d’œuvre dans les élevages.





Caprins
Performances toujours en baisse…


Conseil élevage 71 compte 44 adhérents caprins pour un total de 5.000 chèvres. Si l’effectif est stable, il n’en est pas de même du niveau de performances qui a tendance à se dégrader depuis deux ans. La moyenne de production par chèvre est de 630 kg de lait en Saône-et-Loire alors que la moyenne nationale s'élève à 906 kg. Les chiffres ne sont toutefois pas tout à fait comparables puisque contrairement au national, les troupeaux saône-et-loiriens sont presque tous fromagers. Néanmoins, la moyenne départementale cache un très grand écart avec des élevages à 350 kg par chèvre quand d’autres atteignent 1.300 kg ! Une formation intitulée "800 litres par chèvre, c’est possible" sera proposée le 19 février prochain à Martigny-le-Comte.