Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne
Dix ans de régionalisation

Publié par Cédric Michelin
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En assemblée générale le 14 avril à Beaune, la CAVB a fêté discrètement ses dix ans d’existence au service de la défense des vins de Bourgogne et des viticulteurs dans un second temps. Née en 2007 de la réforme des signes officiels d’identification et d’origine de la qualité, sa volonté de mutualisation et harmonisation régionale s'est doublée - plus que jamais en 2016 - de « solidarité et du sens du collectif » entre vignerons.
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Dans la dernière année de son second mandat, le président de la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB), Jean-Michel Aubinel a fait la preuve - tout au long des présentations du travail des commissions - que l'organisation est bien aujourd’hui « incontournable des services de l’État et des collectivités locales ». Par ailleurs vice-président de la Cnaoc, « notre instance nationale », il rappelait qu’en une décennie la CAVB était devenue une « vraie fédération au budget important », sans toutefois « augmenter les cotisations » de départ. La confédération compte désormais huit salariés, dont un nouveau directeur, Thomas Nicolet, arrivé l’an dernier. Surtout, Jean-Michel Aubinel tirait un « bilan très positif » des « compromis » qui ont été nécessaires pour que les vignobles de Bourgogne - aussi proches mais aussi différents de par leurs « cultures et histoires » - travaillent ensemble, de Mâcon à Chablis, en passant par la Côte-d’Or. Vigneron à Prissé, il aurait presque pu ajouter à cette énumération le vignoble Beaujolais, tant la « défense de nos appellations doit nous rapprocher », insistait-il.

Annus horribilis 2016


Si la filière vitivinicole continue de « peser dans l’activité économique de la région », la récolte 2016 restera synonyme de « catastrophe » pour une majorité de vignerons de l’Yonne et de Côte-d’Or, comme au nord de la Côte chalonnaise et dans le Couchois, suite à la gelée noire dans la nuit du 26 au 27 avril. Sans oublier l’épisode de grêle du 13 avril sur le sud Mâconnais ou celui du 27 mai dans le Beaujolais. Les chiffres définitifs de la récolte 2016 font état d’une production de 1,22 million d’hectolitres (Mhl) de vins de Bourgogne, « y compris avec ceux produits sur le secteur du Beaujolais », contre 1,5 Mhl en année normale.
Sans conséquence sur la qualité finale, cette « baisse drastique des rendements » s’inscrit pour certaines exploitations dans un phénomène malheureux de « répétition », amplifiant encore les difficultés financières. La CAVB invitait ces dernières à s’inscrire aux audits d’exploitation, financés par la Région, « pour une approche pragmatique au cas par cas » des solutions à prendre. Jean-Michel Aubinel répétait alors à plusieurs reprises la nécessité que la MSA « flèche des enveloppes d’aides », comprenant toutefois que de nombreuses crises agricoles touchent en même temps de nombreuses filières.

Les VCI rassurent les marchés de Chablis


De son côté, la CAVB travaille à « faire avancer » les dossiers des Volumes complémentaires individuels (VCI) et des assurances récoltes, actuellement jugées « inadaptées ». Seules 25 % des surfaces sont pour l'heure assurées. La CAVB se bat auprès des services de l’Etat (Dirrecte, INAO…) pour permettre le conditionnement de ces VCI, interdit pour l’heure. La famille Viticulture ne peut compter sur le soutien des négociants sur ce dossier. « C’est là un désaccord entre nos familles. Le VCI a un rôle en terme d’assurance. Le négoce l’interprète comme une forme de régulation du marché. Pourtant, Chablis a vu sa récolte divisée de moitié cette année avec 150.000 hl mais avec 40.000 hl de VCI, ces volumes permettent d’amortir le choc », tant pour les marchés finaux que pour le marché vrac, faisait comprendre Jean-Michel Aubinel.

Une Bourgogne « exemplaire »


Au-delà de cette horrible année, la Bourgogne a su, malgré tout, se montrer « exemplaire » dans bien des domaines. Source d’emplois et de richesse, la viticulture est citée en exemple pour sa lutte collective contre la flavescence dorée, notamment dans sa phase de prospection, dernière preuve en date de son engagement pour diminuer les traitements. Jean-Hugues Goisot demandait néanmoins à nouveau « la mobilisation des professionnels » pour ne pas perdre les avancées durement acquises. Car, de cette image « fédératrice » du respect des milieux biologiques dépend aussi la perception des touristes ayant envie de découvrir les magnifiques paysages viticoles bourguignons. Pour développer ce tourisme, Jean-Michel Aubinel appelait aussi à respecter le « verdict » du vote lors de la dernière assemblée générale du BIVB qui a approuvé le projet « ambitieux » de Cités des vins. Au sujet de la Fête des grands vins de Bourgogne, « seule occasion » de déguster les cent appellations du vignoble en un seul lieu, l’événement a connu une légère baisse de fréquentation (6.133 visiteurs ; -8 %), une baisse liée aux attentats meurtriers qui avaient marqué la semaine précédente. « Rien de catastrophique » donc, en comparaison de la tendance nationale, rassurait Michel Prunier, en charge de ce dossier.  Et toujours en matière d’œnotourisme, l’assemblée générale se terminait en mettant à l’honneur l’appellation Saint-Véran, laquelle célèbrera en 2018, la prochaine Grande Saint-Vincent tournante de Bourgogne.




Contrôle interne
Difficile de simplifier


« Mutualisé le plus souvent au sein de la CAVB », le contrôle interne aura représenté 5.916 hectares visités sur l’ensemble des appellations de Bourgogne et près de 226 audits de cuveries. Si 140 opérateurs ont fait un sans faute, 102 défauts mineurs ont été corrigés la majorité du temps. Un travail « lourd » pour tous, et notamment les 68 commissions accompagnées par les techniciens de la CAVB. « Depuis dix ans et Icone, on a constaté la mise en place de beaucoup de règles. On regarde pour les alléger et pour travailler sereinement entre nous tous : négoce, viticulture, Beaujolais, Bourgogne… Nous évaluons donc la pertinence du système actuel. C’est un long travail avant de faire un point auprès de l’INAO. Les ODG peuvent nous remonter leurs remarques », confiait le responsable de la commission, Jérôme Chevalier. A noter également, la première transmission à Siqocert, organisme certificateur, pour présence d’un clone interdit par le cahier des charges de l’AOC.




Commission accompagnement
Des fermages plus réalistes


« Particulièrement occupée par l’activation de la cellule de crise régionale » suite au gel et à la grêle, la commission accompagnement a débuté par une estimation précise des dégâts, avec l’aide du BIVB. Par contre, la demande de reconnaissance en catastrophe naturelle est « quasi restée sans suite car ce sont des risques assurables ». La CAVB a obtenu des « assouplissements des conditions » en matière d’autorisation et d’indemnisation d’activité partielle pour les domaines en difficulté, ayant des salariés. Mais pour vraiment soulager les trésoreries immédiatement, c’est surtout le « travail novateur » autour de la difficile question du calcul des fermages en Côte-d’Or qui pourrait faire du bien. Ce calcul doit prendre en compte « la totalité de la récolte, davantage en adéquation avec la réalité ». « J’espère que ce calcul fera tâche d’huile », glissait Jean-Michel Aubinel. Il évoquait également « l’harmonisation » en cours sur le sujet « sensible » du foncier, marquée cette année par la vente record du Domaine Bonneau du Martray (21). « Nous travaillons avec la Safer Bourgogne Franche-Comté » pour favoriser une « viticulture plutôt familiale qui, par son nombre, est dynamique » avec ses 4.000 domaines bourguignons.




Commission main-d’œuvre
« Pas d’avantage » avec la DSN


DSN et TESA. Si ce dernier était une source de simplification au départ, la dématérialisation l’a replongé dans la double complexité administrative et informatique. Quant à la DSN, obligatoire depuis le 1er avril pour toutes les entreprises, Nicolas Rossignol n'y voit « pas d’avantage » pour la profession qui avait déjà le guichet unique à la MSA.



Lourd !


Si la CAVB espère voir Pro.dou@nes être « opérationnel le plus rapidement possible », les « évolutions informatiques sont assez lourdes », mais pas seulement. La récente réforme concernant les capsules CRD « va vers une usine à gaz ». « On est là bien dans la sur-administration » dénoncée par la CAVB cette année, via une pétition en ligne.




Matériel végétal
Enjeu d’une génération


« Véritable enjeu pour une génération de viticulteur », le sujet du matériel végétal a fait l’objet d’une réflexion commune entre CAVB, BIVB et le Comité viticole de la chambre d’Agriculture régionale, a expliqué son représentant, Robert Martin. Les pertes sont estimées en moyenne à 4,7 hl/ha depuis dix ans, en raison des maladies de dépérissement et autres manquants. Le projet à terme doit permettre de trouver « des plants sains, adaptés et venant de chez nous ». Président délégué du BIVB, Claude Chevalier rappelait que « pour faire de bons vins, il faut de bons plants », lui qui veut imposer aux pépiniéristes cette « qualité de plants bourguignons ».