Céréales
Des débouchés pays tiers à conforter

Publié par Cédric Michelin
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Pour fidéliser ses clients d’Afrique, du Moyen-Orient et bientôt de Chine, le blé français doit améliorer ses critères qualitatifs.
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Quel regard portent les pays importateurs sur les céréales françaises ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre le 11 mars, à Paris, France Export Céréales, au travers d’exemples pris dans le Maghreb, en Egypte et en Chine. Si l’on se fie aux résultats obtenus au cours de la campagne en cours, ce regard est plutôt bienveillant. Grâce au travail des OS pour identifier les qualités et les améliorer, la France devrait selon les prévisions de FranceAgriMer à la mi-février exporter 9,8 millions de tonnes (Mt) de blé tendre vers les pays tiers en 2014/2015 contre 8 Mt attendus en début de campagne. Une bonne nouvelle due aux achats égyptiens qui devraient frôler les 2 Mt en fin de campagne et à des ventes de blés fourragers vers des destinations plus surprenantes comme les Etats-Unis, la Turquie et l’Asie du Sud-Est, de l’ordre de 600 à 700.000 t. Mais l’hétérogénéité de la récolte française lui fera perdre « 3 Mt de débouchés », a fait remarquer Pierre Duclos, du Syndicat national du commerce d'exportation des céréales (Synacomex). C’est ainsi que les expéditions vers l'Algérie ne devraient atteindre que 2,6 Mt (- 40 % par rapport à la moyenne des trois dernières campagnes) et celles vers le Maroc 0,8 Mt (- 50 %).

Le pays du pain



« Nous exportons une tonne sur deux de blé tendre », a souligné, Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de France Export Céréales. D’où l’importance de prendre en compte les critères qualitatifs requis par les clients étrangers. La France est souvent identifiée comme « le pays du pain ». Un argument de poids pour les pays de la rive sud de la Méditerranée, où la consommation de pain par habitant est parfois le triple de celle de l’Hexagone. Des pays qui « achètent » également une production régulière et un réseau logistique performant, autant de points forts du blé français. Mais les importateurs réclament aussi de la protéine. Force est de constater que le blé français pêche à ce niveau-là. « L’effritement constaté ces dernières années est une menace contre laquelle la filière céréales a décidé d’agir en mettant en place un plan protéines », a rappelé Rémi Haquin, président du Conseil spécialisé de FranceAgriMer pour la filière céréalière. Mais ce plan devrait au mieux porter ses fruits à l’horizon 2020. D’autres spécifications sont de véritables barrières à l’entrée du blé français. Au Moyen-Orient par exemple, le gluten humide est souvent la référence. Or, le taux des blés hexagonaux, de l’ordre de 22 à 23 %, est loin des standards, 26 à 27 %. « Cette faiblesse nous met hors de portée d’un marché de 16 Mt », a précisé Yann Lebeau, chef de mission Maghreb-Afrique de France Export Céréales.


Promouvoir la baguette pour mieux vendre le blé



De façon générale, la France obtient de bons résultats à l’export dans les pays où l’intervention publique est forte (Algérie, Egypte, Tunisie). Les achats des offices publics (7,4 Mt) ont représenté 61 % des ventes de blé français durant la campagne 2013/2014. France Export Céréales s’est penché enfin sur le potentiel d’exportation vers la Chine, le premier producteur de blé dans le monde. Son objectif : promouvoir la baguette française pour mieux vendre le blé produit dans l’Hexagone. L’Empire du milieu a besoin d’importer des blés hautement protéinés. Avec le Danemark, la France est la seule origine européenne à avoir reçu l’agrément phytosanitaire pour être expédiée en Chine. « Le blé français percera s’il est compétitif et suffisamment protéiné », pronostique Li Zhao Yu, responsable du bureau de Pékin de France Export Céréales.