Parlementaires et agriculteurs
Un dialogue d’absents ou de sourds ?

On a les élus que l’on mérite… Sans doute, mais alors que penser de la non relation qui prévaut entre le monde agricole et les parlementaires du département ? Entre les rendez-vous manqués, des réponses insatisfaisantes pour personne, chacun s'interroge : qui n’est pas à la hauteur… ?
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Aucun parlementaire n’ayant pu assister à la dernière assemblée générale de la FDSEA qui se tenait certes un mardi, les syndicalistes jeunes et aînés avaient mis un point d’honneur à proposer une rencontre à l’ensemble des parlementaires du département pour faire le point sur les dossiers agricoles, nombreux, du moment..
Sur les huit invités, étaient présents Jérôme Durain, sénateur, et Philippe Baumel, député, les deux seuls parlementaires à avoir répondu à l’invitation, les autres étant absents ou excusés… Ce rendez-vous a été l’occasion de faire un tour de la situation agricole ou, faute de trouver des solutions, les problématiques ont pu être exposées.

Un échange sans concession


Au fil des échanges, les responsables professionnels des Jeunes agriculteurs et de la FDSEA de Saône-et-Loire se sont exprimés pour présenter la situation, leurs attentes… Sans concession !
Pour les grandes cultures, la situation des céréaliers de notre région intermédiaire n’est plus tenable. La région Bourgogne Franche-Comté détient en effet les DPB parmi les plus faibles d’Europe, ce qui, combiné à des cours au plus bas et à l’accumulation d’aléas climatique, a plongé toutes les exploitations dans des situations délicates.
En ce qui concerne la viande bovine, chacun attend la réouverture des frontières, en particulier celles de la Turquie, pour décongestionner un marché lourd et sans perspective. Cette réouverture et la recherche de cours plus rémunérateurs sont en effet au cœur de la stratégie portée par les éleveurs et la FNB, alors que les cours sont à un niveau inférieur à ceux de 2015.

De réels enjeux


L’enjeu que représente la préservation des zones défavorisées en Saône-et-Loire était partagé par les deux parlementaires présents.
Les Jeunes sont revenus sur l’absence de représentant du Gouvernement lors de leur cinquantième congrès, lequel se tenait à Mâcon. Sans mettre en cause les raisons sans doute valables du ministre de l’Agriculture, l’absence de tout représentant - autre ministre ou secrétaire d’Etat - est un signal particulièrement mal vécu pour un cinquantième anniversaire… Et en tous cas fort maladroit.
Du coté des anciens, si le montant des retraites agricoles est stable ce qui est mieux que le cours des produits agricoles, aucune revalorisation "générale" depuis 2013 et cela en dépit des engagements de campagne pris par le candidat François Hollande... Quant aux revalorisations ponctuelles, elles ne compensent pas l’augmentation des charges, ni d’ailleurs la fiscalisation de certaines prestations. Bref, les représentants des anciens ont dénoncé « les initiatives de Bercy pour récupérer toujours plus sur le dos des petites retraites ». Bref, seule une partie des engagements du président de la République sera in fine tenue. Pour autant, les retraités agricoles dénoncent l’origine des financements qui viennent souvent de redéploiements et de ponction sur les budgets agricoles alors même que la solidarité nationale devait être mise en œuvre…



Cherchez l’erreur…


Quand on dit que l’échange a été sans concession, c’est qu’il a été sans aucune concession… Extraits.


 Indemnités sècheresse : comment expliquer que les exploitations diversifiées soient pénalisées ?


 ATR : les JA, par définition plus fragiles, n’en bénéficient pas n’ayant pas de référence 2014…


 Alors que les premiers versements de la Pac arrivent sur les comptes, ni la DDT, ni l’échelon régional ne sont en mesure d’expliquer à quoi ils correspondent…


 Vous avez dit équité ? Le retard de dépôt de dossier Pac entraîne mécaniquement des pénalités journalières, pourquoi pas le même principe pour le versement des aides ?


 De l’art de se désorganiser soi-même : dans un collège ou un lycée l’intendant dépend de l’Inspection académique, service de l’Etat, alors que le cuisinier, lui, est salarié du Conseil départemental ou du Conseil régional. Est-ce le meilleur moyen d’être efficace en matière d’approvisionnement et de qualité des repas ?


 Déclaration Pac 2015, 2016, ATR, versement anticipé, contrôles… Que celui qui y comprend quelque chose lève la main ? Parlementaires, agriculteurs ou responsable professionnel ne peuvent que constater une situation ubuesque dont la haute administration française a seule le secret. Sans commentaire.





De la difficulté de répondre


Reconnaissant tout d’abord que la plupart des sujets ne sont pas nouveaux, qu’une part des problèmes ne se règlera pas tant le rapport de force est aussi déséquilibré entre les agriculteurs d’une part, la distribution et certains transformateurs d’autre part, les parlementaires présents se sont engagés à porter les demandes de la profession sur une situation pourtant bien connue.


Dans un système qui ne laisse plus beaucoup de place aux initiatives parlementaires, les deux élus présents ne baissent pas les bras. Ils relaient les demandes du terrain, profitent de toutes les occasions pour valoriser l’agriculture du département et défendre les intérêts de leur territoire.