Les brèves du 6 mars 2023

Mise en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 6 mars 2023

Les brèves du 6 mars 2023

« Panier anti-inflation » : projet gouvernemental abandonné, les distributeurs à l’initiative

Pressées d’agir pour freiner l’envolée des prix, les enseignes de la grande distribution ont multiplié, le 5 mars, les annonces de modération de prix, rendant superflu le projet de « panier anti-inflation » unique envisagé par le gouvernement. Mi-janvier, Bercy avait dit travailler à l’élaboration d’un panier qui devait comporter dans un premier temps une vingtaine de produits de première nécessité, puis une cinquantaine. « Nous avons rencontré (le ministre de l’Économie) Bruno Le Maire avant-hier, et il nous l’a confirmé, il n’y aura pas de panier anti-inflation », a déclaré samedi sur France Info la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert. « C’est compliqué parce que les grands distributeurs ne sont pas forcément d’accord sur le panier », a reconnu de son côté le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau sur RMC. Sans attendre de projet gouvernemental, Système U avait été dès début février la première enseigne à lancer son propre panier de « 150 produits à prix coûtants » pour « une durée indéterminée ». Ce week-end, Carrefour, Intermarché et Monoprix lui ont emboîté le pas. Carrefour a annoncé au JDD qu’il allait lancer mi-mars son propre « panier anti-inflation » composé de 200 produits vendus en moyenne deux euros et « à prix bloqués » jusqu’à mi-juin. Intermarché a de son côté annoncé dimanche le lancement d’une campagne sur « 500 produits anti-inflation ». Monoprix, enseigne du groupe Casino, a communiqué dans la même journée sur le maintien jusqu’à fin juin de son dispositif « Monopetitsprix » concernant 300 produits à des prix bloqués, auxquels viendront s’ajouter 87 produits supplémentaires à « prix contrôlés ».

Négociations commerciales : les contrats sont presque tous signés, selon l’Ania

Deux jours après la fin de négociations tendues entre la grande distribution et ses fournisseurs de l’agroalimentaire, presque « 100 % » des contrats en jeu ont été signés, a annoncé le 3 mars à l’AFP la principale organisation patronale des industriels, l’Ania. Il y a encore « des blocages avec certains distributeurs et quelques dossiers vont aller en médiation », rapporte l’Ania. Toutefois, « la plupart des entreprises ont signé ou vont le faire entre aujourd’hui et demain », estime la principale organisation du secteur. Dans le cas où une enseigne et un fournisseur échouent à s’accorder sur les conditions de vente d’un produit, le médiateur des relations commerciales agricoles, Thierry Dahan, peut entrer en jeu. Avant même la clôture des négociations, ce dernier avait reçu 70 demandes de médiation, « dont plus de la moitié dans les quinze derniers jours », a-t-il indiqué vendredi à l’AFP, précisant que ce niveau était similaire à 2022. Sur ces 70 dossiers, une dizaine de médiations - concernant majoritairement des poids lourds de l’agroalimentaire - ont échoué, un nombre important, selon lui. Les industriels défendus par l’Ania et les distributeurs rassemblés dans la FCD s’accordent à dire que la hausse des prix payés par les supermarchés à leurs fournisseurs est de l’ordre de 10 %. « On ne va pas répercuter comme un mur l’ensemble » de ces hausses, a déclaré le 3 mars au matin sur France Info Michel-Edouard Leclerc.

Alimentation : les Français plus inquiets des prix que de la sécheresse (LCA/Ifop)

À la question « Qu’est-ce qui vous inquiète le plus pour l’avenir de l’alimentation ? », 41 % des Français citent d’abord la hausse des prix, quand 24 % pensent à la sécheresse. C’est l’un des enseignements d’un sondage* Ifop pour la Coopération agricole publié le 3 mars, à l’occasion du Salon de l’agriculture. Les autres sujets qui inquiètent les répondants sont dans l’ordre la baisse du nombre d’agriculteurs (15 %), « l’incapacité de la France à nourrir sa population » (15 %), ou encore la qualité des produits alimentaires (5 %). Concernant la hausse des prix, 44 % des personnes interrogées estiment que les agriculteurs sont les premiers pénalisés. Seulement 11 % citent en premier les industries agroalimentaires, un niveau inférieur à la grande distribution (18 %) et proche des fournisseurs d’intrants agricoles (12 %). Autre chiffre invitant à relativiser la prépondérance de l’inquiétude des prix sur la sécheresse : 86 % des répondants estiment que le manque d’eau représente une menace « importante » pour la capacité de la France à nourrir sa population. Autant de résultats « particulièrement alarmants », pour la Coopération agricole.
* Sondage réalisé en ligne du 28 février au 1er mars auprès de 1004 personnes.

Réforme des retraites : appels à la grève dans l’agroalimentaire, chez les sucriers et Bigard

Le Sénat, qui a voté dans la nuit du 4 mars la fin de plusieurs régimes spéciaux, se penche, le 5 mars sur l’emploi des seniors, deux jours avant une nouvelle mobilisation des syndicats qui ambitionnent de mettre la « France à l’arrêt » contre le projet de réforme des retraites. Si les débats avancent pas à pas au palais du Luxembourg, le mouvement social passe lui « la vitesse supérieure » en prévision de la journée du 7 mars, comme l’a appelé de ses vœux le N.1 de la CGT Philippe Martinez dans le JDD. Dans le secteur de l’agroalimentaire, la CGT appelle les grands sucriers français à se mettre à l’arrêt à partir de mardi. Même son de cloche dans les abattoirs du groupe Bigard où les syndicats dénoncent des « conditions de travail déplorables » qui « usent les organismes à grande vitesse ». L’intersyndicale se réunira dans la soirée mardi pour déterminer les suites à donner à la contestation. La date du 11 a été évoquée, sans être confirmée à ce stade. Côté majorité et pros-réforme, la riposte s’organise en ordre dispersé en attendant une prise de parole de la Première ministre Élisabeth Borne lundi soir sur France 5. En marge d’une visite du Salon de l’agriculture, son homologue des Comptes publics Gabriel Attal a haussé le ton, dénonçant des grèves qui vont bloquer les Français « qui triment ». À l’unisson, le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, invité du Grand Jury RTL - Le Figaro - LCI, a jugé dimanche « absolument inacceptable de vouloir mettre la France à genoux ».

Salon de l’agriculture : 615 000 visiteurs, retour à une fréquentation d’avant-Covid

Autour de la vache égérie Ovalie, d’une moissonneuse-batteuse ou de l’étal du poissonnier, 615.204 visiteurs, 40.000 professionnels et délégations françaises et internationales - et 3.500 journalistes accrédités - sont venus découvrir la diversité de la ferme France dans une ambiance bon enfant. Un « bon salon » pour son président Jean-Luc Poulain, qui renoue « avec l’affluence des éditions d’avant le Covid », sans toutefois battre le record de 2014 (plus de 700.000 visiteurs). Samedi, une affluence record a contraint les organisateurs à fermer plus tôt les accès du salon, marqué aussi cette année par la présence accrue de groupes de jeunes gens avinés. « Il ne s’agit pas d’empêcher mais de sécuriser. Notre salon est une fête populaire qui se doit de rester confortable », avaient souligné les organisateurs. Dès la matinée de cette avant-dernière journée, les allées du parc des expositions de la Porte de Versailles se sont densément remplies, rendant par endroits les déplacements difficiles. Le public, largement familial, est aussi composé de grappes de visiteurs alcoolisés, de plus en plus désinhibés à mesure que les heures de visite s’étirent, et que les fûts de bière se vident, ont constaté les journalistes de l’AFP sur place. En milieu de semaine, Arnaud Lemoine, directeur du Centre national des expositions et concours agricoles (Ceneca), propriétaire du Salon, avait appelé à préserver cette « grande fête populaire » des excès de l’alcool.

Déserts vétérinaires : propositions communes d’organisations agricoles et vétérinaires

Les organisations professionnelles vétérinaires et agricoles ont remis, le 22 février, un rapport au ministre de l’Agriculture pour « maintenir un maillage vétérinaire au service de l’élevage et de la santé publique », annoncent six organisations* dans un communiqué commun le 1er mars. Elles appellent, dans ce rapport, « à capitaliser sur les travaux réalisés dans le cadre de l’AMI (appel à manifestation d’intérêt) pour engager des actions concrètes » et « à mettre en place une surveillance active des tensions sur le maillage vétérinaire afin d’anticiper les difficultés sur l’ensemble du territoire ». Un AMI avait été lancé début 2022 « avec le soutien du ministère de l’Agriculture » pour réaliser des travaux de diagnostic dans onze territoires pilotes. Ce rapport en présente la synthèse, « ainsi qu’un certain nombre de solutions existantes ou à créer qu’il conviendra d’adapter au cas par cas ». Les signataires encouragent les acteurs de tous les territoires à mener leurs propres diagnostics. Par ailleurs, ils plaident en faveur de la création d’une « gouvernance » composée de trois structures : un « comité de pilotage national » réunissant tous les acteurs (éleveurs, vétérinaires, état, collectivités), un « réseau d’appui et de veille départemental » et des « cellules opérationnelles territoriales ».
*Chambres d’agriculture France, FNSEA, GDS France, Ordre national des vétérinaires, SNGTV (groupements techniques vétérinaires) et SNVEL (syndicat des vétérinaires libéraux)

Céréales ukrainiennes : les États-Unis demandent à la Russie de proroger l’accord d’Istanbul

Lors d’une réunion du G20 à New Delhi (Inde), le secrétaire d’État américain Antony Blinken a appelé la Russie à renouveler l’accord d’Istanbul relatif aux exportations de céréales ukrainiennes en mer Noire, conclu le 22 juillet dans le contexte de la guerre en Ukraine. L’accord d’Istanbul, qui a été reconduit une première fois mi-novembre pour 120 jours, doit expirer le 18 mars. À cette fin, Antony Blinken a demandé aux ministres des Affaires étrangères du G20 de « s’exprimer au nom de l’extension et de l’élargissement de l’Initiative des céréales afin de renforcer la sécurité alimentaire des plus vulnérables ». Avant d’accuser Moscou « de ralentir délibérément et systématiquement son rythme d’inspection, créant un arriéré de navires qui pourraient livrer de la nourriture au monde aujourd’hui ». Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participe à la réunion du G20. À l’heure actuelle, l’initiative des céréales en mer Noire a déjà permis l’exportation de quelque 20 Mt de céréales. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 avait bloqué les navires en provenance du principal grenier à blé, Moscou s’inquiétant des actions navales ukrainiennes.

Fromages : la justice américaine confirme que le gruyère est un nom commun aux États-Unis

Une cour d’appel américaine l’a confirmé le 3 février que le terme gruyère fait bien référence aux États-Unis à un nom commun et ne peut être réservé aux seuls fromages de ce type originaires de France ou de Suisse. L’Interprofession du Gruyère, qui représente les acteurs du secteur en Suisse, et le Syndicat interprofessionnel du Gruyère, son pendant français, avaient bien tenté d’inscrire le terme au registre américain des marques certifiées. Mais face au refus de l’organisme, ils avaient porté plainte et avaient perdu en première instance début 2022. Des juges d’une cour d’appel ont conforté cette décision. Il n’existe pas aux États-Unis les mêmes protections qu’en Europe sur l’appellation des produits alimentaires, comme l’Indication géographique protégée (IGP) pour le gruyère en France, font-ils valoir dans leur verdict. L’agence chargée de la sécurité sanitaire des aliments, la FDA, définit bien des critères pour le gruyère, comme l’existence de « petits trous » ou le fait qu’il soit vieilli pendant au moins 90 jours. Mais n’inclut pas des critères sur l’origine géographique. Aussi « du fromage, peu importe où il a été produit, est étiqueté et vendu comme du gruyère aux États-Unis depuis des décennies ». Et ce, qu’il ait été produit dans l’État américain du Wisconsin ou importé depuis les Pays-Bas, l’Allemagne ou l’Autriche, ajoutent-ils. En conclusion, écrivent-ils, les plaignants ne peuvent pas aller à l’encontre de « ce qui ressort clairement du dossier : les consommateurs de fromage aux États-Unis comprennent que le terme "gruyère" fait référence à un type de fromage, ce qui rend le terme générique ».

Engrais : en Nouvelle-Aquitaine, alerte à la pollution de l’air dans sept départements

Une alerte à la pollution aux particules fines, liée aux épandages d’engrais et aux chauffages au bois, a été émise pour les 3 et 4 mars dans sept départements de Nouvelle-Aquitaine et des mesures de restriction de vitesse adoptées, ont annoncé les préfectures. Les départements concernés sont la Charente, la Charente-Maritime, la Dordogne, les Deux-Sèvres, la Gironde, la Vienne et la Haute-Vienne. « Cette pollution de l’air serait principalement liée aux épandages d’engrais agricoles, auxquels s’ajoutent les émissions de particules liées aux chauffages au bois dans un contexte de conditions météorologiques stables et peu dispersives limitant le brassage de l’air », a écrit la préfecture de la Haute-Vienne dans un communiqué. En conséquence, les limites maximales de vitesse sont abaissées de 20 km/h sur les autoroutes et les voies rapides et des contrôles seront menés pour faire respecter cette mesure. Les autorités conseillent de réduire les activités physiques ou sportives intenses, autant en plein air qu’à l’intérieur. Pour les populations vulnérables ou sensibles, elles suggèrent en outre d’éviter les déplacements aux abords des zones à fort trafic routier. Dans le secteur agricole, l’écobuage et toute opération de brûlage à l’air libre « doivent être reportés », fait valoir la préfecture de la Gironde.

Chlordécone aux Antilles : il faut poursuivre la recherche, préconise un rapport

Il est nécessaire de poursuivre la recherche sur les conséquences de l’utilisation du chlordécone aux Antilles, mais également de repenser la communication sur les effets de ce pesticide, préconise un rapport sénatorial publié vendredi. En France, cette molécule a été employée en Guadeloupe et en Martinique entre 1972 et 1993 pour lutter contre l’invasion du charançon dans les plantations de bananes. En raison d’une dégradation naturelle lente, cette molécule contamine toujours les parcelles sur lesquelles elle a été utilisée. L’infiltration des eaux diffuse cette pollution aux nappes souterraines, aux rivières et au milieu marin, et de nombreux végétaux et animaux se trouvent eux aussi contaminés, impactant les hommes à travers la chaîne alimentaire. Si des progrès ont été réalisés dans la connaissance des atteintes environnementales et sanitaires liées au chlordécone, « les résultats obtenus depuis 2009 ne sont cependant pas à la hauteur de la situation », selon l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. « Il est primordial de travailler à obtenir une meilleure vision globale des risques auxquels la population est exposée, et de développer des solutions de remédiation et de réduction de cette exposition », explique le rapport. L’Office ajoute que « certains domaines de la recherche, comme celui des sciences humaines et sociales ou la question des impacts de la pollution à la chlordécone sur la biodiversité, peu investis jusqu’à présent, doivent désormais être pris en compte ».

Élevage : en Belgique, manifestation d’agriculteurs contre le « plan azote »

Des milliers d’agriculteurs au volant de leurs tracteurs ont protesté le 3 mars à Bruxelles contre un plan en discussion au sein du gouvernement flamand destiné à réduire les émissions d’azote et qui menace de fermeture les exploitations jugées les plus polluantes. Venus de toute la Flandre, le nord néerlandophone de la Belgique, quelque 2.700 véhicules agricoles selon la police, faisant retentir leur klaxon, ont convergé vers la capitale belge, bloquant la circulation dans certaines zones du centre-ville. Des manifestants brandissaient des pancartes proclamant « Pas de fermiers, pas de nourriture » ou « Pas de futur sans fermiers ». Les manifestants flamands veulent mettre la pression sur leur gouvernement régional, qui se déchire autour de ce dossier. La coalition au pouvoir dans la région avait trouvé un accord il y a un an, qui laissait envisager le déblocage d’aides européennes pour soutenir l’adaptation des éleveurs aux nouvelles normes environnementales. Ces aides sont désormais remises en cause par la volonté d’un partenaire de la coalition – le parti chrétien-démocrate CD & V - de rouvrir les discussions sur le « plan azote ». Le plan initial prévoyait notamment selon la presse la fermeture d’ici à 2025 de 41 exploitations intensives situées à proximité de zones protégées et l’obligation pour des milliers d’autres de prendre des mesures pour réduire leurs émissions d’azote, notamment par une réduction du cheptel.

Prix alimentaires mondiaux : onzième mois consécutif de repli

Tirés par la baisse des prix des huiles végétales et des produits laitiers, les prix alimentaires mondiaux ont reculé très légèrement de 0,6 % par rapport à janvier, mais il s’agit d’un net recul de 18,7 % par rapport au pic atteint en mars 2022, selon l’indice mensuel publié le 3 mars par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les prix des huiles végétales ont ainsi diminué de 3,2 % par rapport à janvier, en raison de la chute des prix des huiles de palme, de soja, de tournesol et de colza. Les prix des produits laitiers ont reculé de 2,7 % au cours du mois, les cotations internationales du beurre et du lait écrémé en poudre ayant enregistré la plus forte baisse. En revanche, les prix des céréales, tout comme ceux de la viande, sont restés pratiquement inchangés par rapport à janvier. Quant aux prix du sucre, ils ont nettement augmenté de 6,9 % par rapport à janvier pour atteindre leur niveau le plus élevé en six ans, en raison principalement d’une révision à la baisse des prévisions de production pour 2022-2023 en Inde, ainsi que de la baisse des prix internationaux du pétrole brut et de l’éthanol au Brésil. Concernant la production mondiale de céréales en 2022, elle devrait atteindre 2774 Mt, soit encore 1,3 % de moins qu’en 2021, estime la FAO.

Précision sur Dominique Potier et la Nupes

Contrairement à ce qui pouvait être compris en lisant l’Agrafil du 4 mars, Dominique Potier s’exprimait, le 3 mars, au nom des Socialistes et apparentés, et non au nom de l’intergroupe parlementaire Nupes auquel ce groupe est rattaché. Pour rappel, le député socialiste avait refusé de porter les couleurs de la Nupes lors des élections législatives.