Zones vulnérables
Adopter une nouvelle approche

Alors que le ministère a annoncé une extension des zones vulnérables pour échapper à une nouvelle condamnation de Bruxelles, Eric Thirouin, président de la Commission environnement de la FNSEA, propose une autre approche de la problématique Nitrates basée sur des éléments scientifiques et techniques plutôt que sur une réglementation tatillonne.
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Vous avez été reçu au ministère de l’Agriculture, le 24 juillet, sur la nouvelle carte des zones vulnérables, quelle est votre première réaction ?
Eric Thirouin : à la suite d’une première condamnation de la France en juin 2013 par la Cour de Justice de l’Union européenne pour un zonage jugé insuffisant datant de 2007, le Gouvernement a élaboré une nouvelle délimitation des zones vulnérables. Pour éviter une nouvelle condamnation, la France a durci les critères. Concrètement, ce sont 63.000 exploitations, 3.888 communes et 3,4 millions d’hectares supplémentaires qui intègrent le nouveau zonage. D’un agriculteur sur deux, on passe à deux agriculteurs sur trois désormais concernés par cette nouvelle carte.
C’est purement scandaleux et indéfendable ! On ne change pas en permanence des règles qui vont obliger les agriculteurs et notamment les éleveurs, surtout les plus petits, à procéder à de lourds investissements. Je l’affirme d’autant plus fort que le nouveau critère qui a été retenu, le seuil de 18 mg/l de concentration en nitrates à l’origine de l’eutrophisation n’a aucun caractère scientifique. Et d’ailleurs aucune étude réellement scientifique n’a été menée là-dessus.

Quelles demandes aviez-vous faites au ministère ?
E. T. : la première chose que nous demandons, c’est un plan d’accompagnement et de soutien pour permettre aux agriculteurs de se mettre en phase avec ces nouvelles exigences. Mais ce que nous voulons aussi c’est une approche différente de la problématique Nitrates. Ce que nous appelons "Nitrates autrement". Nous ne voulons pas d’une logique réglementaire tatillonne et aveugle qui s’applique sans distinction à tout le monde, sans tenir compte de la réalité du terrain et des situations. Bref, nous ne voulons plus de cette directive Nitrates et appelons à sa remise à plat, dès cet automne. Notre démarche est une logique d’objectifs et de résultats qui s’appuient sur des éléments scientifiques et techniques incontestables et qui tiennent compte des progrès réalisés. Il nous faut aussi une vraie expertise collective sur l’impact des nitrates sur l’eutrophisation des eaux continentales et littorales et sur la pertinence de la fixation d’un seuil unique.

Que va-t-il se passer à l’automne ? Appelez-vous à une mobilisation syndicale ?
E. T. : le nouveau zonage va faire l’objet d’une consultation sur le terrain et j’encourage les FDSEA à rencontrer les préfets pour faire valoir leur point de vue. Le 4 septembre prochain, la Cour de justice de l’Union européenne se prononcera sur le programme d’actions de la France : l’épandage des engrais sur les pentes, les calendriers d’épandage et de stockage des effluents, notamment. Nous demandons à ce que les discussions soient réouvertes sur le sujet au niveau national.