Fourniture d’électricité
Changer ou pas de contrat ?

L’ouverture du marché de l’électricité franchira, le 1er janvier prochain, une nouvelle étape. Pour les exploitants agricoles et viticoles concernés, les enjeux sont bien réels. Conseils pour leur permettre de prendre la bonne décision avant le 31 décembre prochain.
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Au 1er janvier 2016, l’ouverture du marché de l’électricité franchira une nouvelle étape : tous les contrats en tarifs réglementés vert et jaune supérieurs à 36 kva - et jusqu’alors fixés par l’Etat - disparaitront.
Les titulaires de ces contrats devront passer en offre de marché, sous peine d’être basculés en offre transitoire pendant 6 mois, offre proposée à titre obligatoire par EDF, mais volontairement peu avantageuse.
Bien comprendre les enjeux et disposer de bons conseils pour bien choisir une offre de marché est essentiel pour les exploitants agricoles, viticoles, mais aussi maraîchers ou horticulteurs concernés…
Collectif ou individuel ? Face à une problématique qui touche les agriculteurs sur tout le territoire, une démarche groupée pourrait être envisagée. Dans la région Centre, la FRSEA a ainsi réalisé un recensement des volumes consommés par la profession pour lancer un appel d’offre. Sur la vingtaine de fournisseurs présents sur le marché contactés, trois seulement ont répondu à l’appel d’offre : Lucia, EDF et Direct Energie.
« Les offres ont été comparées sans qu’aucune d’entre elles ne ressorte comme étant plus favorable pour tous les agriculteurs », analyse Louis Sagot, directeur de la FDSEA 41, en charge du dossier Electricité dans cette région. « C’est pourquoi nous avons fait le choix de lister les points de vigilance permettant une comparaison fiable entre les fournisseurs, afin de permettre à chaque agriculteur de faire un choix individuellement », conclut-il sur le sujet.
Selon Aleksander Traczyk, responsable en développement chez MTAIR, un courtier en énergie, la démarche individuelle est bien la plus adaptée à ce stade : « les prix de l’électricité n’ont même jamais été aussi bas sur le marché de l’énergie depuis 2005. La période est donc propice pour comparer les offres des fournisseurs et prendre sa décision ». Ce dernier a été retenu par des éleveurs de porcs pour constituer un groupement d’achat*, en vue de contractualiser avec un fournisseur à des conditions préférentielles, mais la démarche groupée est longue et s’étale sur plusieurs mois…
Reste que si la région Centre n’a pas choisi de constituer un groupement pour cette occasion, la mise en place d’un collectif "Energie" pour anticiper les problèmes à venir y est sérieusement étudiée. En suivant les cours de l’électricité, il serait par exemple possible de proposer aux agriculteurs engagés sur un contrat pour une durée, de renégocier leur contrat à une période où l’électricité n’est pas chère, au lieu d’attendre la fin du contrat et le reconduire aux conditions du moment (où les prix auraient alors pu remonter). Des approches très différentes Lucia Energie est un fournisseur d'électricité alternatif, crée en 2007, filiale de la coopérative d'électricité de Saint-Martin-de-Londres, coopérative alors créée en 1920 par des agriculteurs de l'Hérault pour garantir leur accès à l'électricité sur le secteur. L’entreprise a vu le jour pour commercialiser les offres d'électricité de la Coopérative sur tout le territoire français. Fournisseur historique, EDF est plus connu des agriculteurs. Lucia Energie propose des contrats "sur mesure" en fonction de la consommation historique de l’exploitant, avec un prix fixe pendant 3 ans. EDF propose trois formules différentes : Estivia, conçue pour les irrigants, contrats en prix fixes ou reconductibles. Ils sont de durée variable, entre un et trois ans. EDF propose des tarifs en horo-saisonnalité alors que Lucia propose un prix unique toute l’année. Il y a un abonnement mensuel chez EDF à régler alors que Lucia Energie a choisi de ne pas en facturer. Chacun doit faire une demande de devis aux fournisseurs et ensuite les comparer.
« Certains craignent de ne pas être dépannés par le gestionnaire de réseau (ERDF) en cas de problème s’ils changent de fournisseurs, mais il faut rappeler qu’ERDF et EDF sont deux entités indépendantes, avec des domaines de compétences distincts. ERDF ne pourra donc pas vous apporter un service de moindre qualité si vous quittez votre fournisseur historique », avance Christophe Fougeray, directeur commercial de Lucia Energie.

Les devis, c’est maintenant !


« Adressez-vous aux différents fournisseurs pour leur demander des devis dès maintenant. D’une part, les tarifs sont bas et d’autre part, il est possible qu’un phénomène d’embouteillage se produise à la fin de l’année, et que les gestionnaires de réseau prennent du retard dans la mise à jour de leurs systèmes d’information. Plus vite vous aurez rassemblé tous les éléments, plus vous pourrez prendre votre décision sereinement, sans subir de pression vis-à-vis du délai qui se rapproche. La FDSEA 71 a fait un vrai travail de synthèse et a créé un outil efficace. Utilisez tous ces supports, ils sont faits pour vous ! », conseille-t-on à la FDSEA de Saône-et-Loire.

* Le groupement d’achat nécessite l’engagement des producteurs, alors que la centrale de référencement laisse le choix aux producteurs de souscrire ou non à l’offre retenue (moins de poids dans la négociation)




Qui est concerné ?


Tous les détenteurs de contrats en tarif jaune et vert supérieurs à 36 kva devront passer en offre de marché avant la fin de l’année. Il en va de même pour les contrats avec option EJP.
Les contrats en tarif jaune et vert inférieurs ou égaux à 36 kva ne sont pas concernés, tout comme les tarifs bleu.




Prix de l’électricité
De quoi parle-t-on ?


En tarif réglementé, le prix de l’électricité est composé de l’acheminement et de la fourniture de l’électricité, sans compter les taxes.
En offre de marché, il est possible de choisir un contrat unique (acheminement + fourniture) ou CARD (uniquement acheminement). Dans le cas du CARD, il faut ensuite choisir un contrat fourniture, ce qui fait au total deux contrats (situation peu adaptée en agriculture). Pour comparer deux devis en contrat unique, il faut le faire uniquement sur la fourniture. L’acheminement (assuré par ERDF) est refacturé en totalité par le fournisseur sans prendre de marges, mais son montant (identique pour tous les fournisseurs) n’apparait pas toujours sur les devis.








Fin des tarifs réglementés de vente de l’électricité
Une opportunité à saisir


Le 1er janvier 2016, les tarifs réglementés de vente (TRV) des contrats dont les puissances souscrites sont supérieures à 36 kVA disparaîtront. Si vous êtes concernés, n’attendez pas pour contracter une nouvelle avant cette date. Il existe une bonne quinzaine de fournisseurs proposant des offres de marché pouvant correspondre aux profils de consommation des agriculteurs et à leurs puissances souscrites.
Ce mouvement de libéralisation du marché de l’électricité permet aux fournisseurs de proposer des offres diversifiées, dont les caractéristiques pourront varier en fonction des besoins de leurs clients. La libéralisation n’est cependant que partielle, car la plupart des composantes de la facture d’électricité restent sous contrôle des pouvoirs publics : taxes diverses, part "Acheminement" facturée par le gestionnaire de réseau (ERDF ou ELD), et le prix de l’énergie nucléaire.
Malgré tout, la fin des TRV reste une opportunité pour les agriculteurs qui vont reprendre la main sur leurs dépenses d’électricité pouvant les optimiser et accéder à de nouveaux services (mode de facturation…). En effet, au-delà des négociations sur le prix ces services (gratuits ou payants) auront aussi leur importance, et permettra aux fournisseurs de se différencier. Les prestations proposées devront donc être considérées dans leur ensemble.

Une offre transitoire pour les retardataires


Les agriculteurs qui n’auront pas signé de contrat au 1er janvier 2016 basculeront, par défaut, sous le régime d’une "offre transitoire", d’une durée de six mois. Les modalités de cette offre ne sont pas encore connues, mais elles risquent fort d’être peu intéressantes en termes de prix de l’électricité ou de services associés. Irrigants de France et la FNSEA mènent des actions auprès des pouvoirs publics pour connaître rapidement les modalités de cette offre qui pourraient impacter fortement les exploitations concernées.

Les organisations professionnelles mobilisées


Déjà mobilisés depuis plusieurs années sur la thématique du coût de l’énergie, Irrigants de France et la FNSEA ont rencontré les différents fournisseurs d’électricité souhaitant s’orienter sur le marché agricole.

Cela a été l’occasion de présenter à ces nouveaux acteurs du marché de l’électricité les activités agricoles et leurs enjeux, mais aussi leurs spécificités en termes de consommation, afin qu’elles puissent les intégrer dans les offres.

La FDSEA de Saône-et-Loire dispose d’un recueil rassemblant les offres proposées aux agriculteurs par les fournisseurs. Il permet de comparer facilement les différentes options.