Les livreurs face à Sodiaal
Un besoin de visibilité

Le 12 octobre, les responsables livreurs à la coopérative rencontraient des administrateurs de Sodiaal. Représentant la Fédération régionale des producteurs de lait (FRPL), Pascal Girin dresse un bilan de cet échange.
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« Depuis plusieurs années, c’est un peu une tradition d’organiser une rencontre entre responsables de la coopérative Sodiaal et ceux de la filière laitière régionale », indique Pascal Girin, éleveur dans le Rhône et membre de la fédération régionale des producteurs de lait (FRPL). « L’occasion de faire un point de conjoncture et de discuter des orientations stratégiques de l’entreprise. La coopérative est le prolongement de nos exploitations, nous sommes donc concernés et il est important de garder le contact ».
Le 12 octobre, rendez-vous était ainsi donné à la Tour-de-Salvagny. « Alors que la conjoncture est on ne peut plus morose, que l’ambiance n’y est pas franchement et que, parfois, on se décourage parce qu’on a l’impression qu’on ne peut pas faire grand-chose, une soixantaine de responsables avait quand même tenu à participer à cet échange », note le syndicaliste. Du côté de la coopérative Sodiaal, trois administrateurs étaient présents : Jean-Michel Javelle, Laurent Vial et Sébastien Courtois.

La courbe des prix s’inverse


Au sujet de la conjoncture laitière, au niveau mondial, européen ou national, des signes encourageants apparaissent. « Nous constatons globalement une baisse des volumes, liée notamment à l’effondrement des cours. La mesure de réduction volontaire des volumes devrait aussi jouer dans les mois qui viennent. La courbe des prix des produits industriels (poudre, beurre…) s’inverse et repart à la hausse. Les tendances sont plutôt orientées dans le bon sens pour espérer un meilleur prix payé au producteur », met en avant le responsable.
« Pour l’instant les prix sont au plus bas, 280 € la tonne en moyenne, alors qu’il en faudrait 340 pour un prix payé au producteur qui soit en phase avec nos coûts de production », a plaidé Pascal Girin. Un sujet qui a forcément été vite mis sur le tapis. Les producteurs dénoncent en effet la flexibilité appliquée par Sodiaal sur les volumes en référence A (-2 €/tonne) ainsi que le fait de ne pas tenir compte de la référence nationale pour rémunérer le lait en référence B, qui se traduit encore par une baisse d’environ -15 €/tonne.

Rattrapage d’ici à la fin de l’année ?


Reste que « le prix payé par la coopérative fait office de référence au niveau national. Sodiaal devrait montrer le bon exemple », réaffirme Pascal Girin pour qui, ce n’est pas toujours le cas… Si le prix payé par la coopérative s’aligne plus ou moins avec celui de Lactalis, il est en dessous de celui octroyé par Danone.
« Nous avons bien sûr discuté des éléments à prendre en compte pour déterminer le prix du lait et de la façon dont on pourrait intégrer le coût de production. Nous avons aussi abordé la répartition des marges et la façon dont on pourrait s’organiser pour qu’une partie revienne de façon légitime jusqu’au producteur de lait. Nous avons bon espoir d’y arriver, grâce notamment à la loi Sapin 2 qui inscrit le principe d’indiquer dans les contrats commerciaux entre industriels et distributeurs le prix payé au producteur ». Lors de la rencontre, les administrateurs de Sodiaal ont tenu à rassurer les producteurs, annonçant que « d’ici la fin de l’année, il y aura un rattrapage sur le prix du lait pour que la coopérative se situe au même niveau que les autres entreprises ».
« On fait le pari ! », lance Pascal Girin. « Les administrateurs de Sodiaal montrent un certain volontarisme à vouloir développer l’entreprise, à investir pour une meilleure valorisation des produits et saisir des opportunités sur les marchés à l’export. C’est une entreprise qui va de l’avant, qui recherche et prend encore des producteurs ».

La mobilisation, ça paye !

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Pour retrouver vraiment la confiance, les producteurs souhaiteraient « ne plus naviguer à vue ». « Nous avons besoin de davantage de visibilité à moyen terme », plaide le responsable syndical pour qui, « c’est important de savoir où l’on va lorsque l’on veut investir ou que l’on doit faire des travaux de mises aux normes ».
Au final, même si la situation est et demeure critique pour beaucoup d’éleveurs et que certains se découragent, Pascal Girin veut croire en un avenir meilleur. « Bien sûr, les prix ne sont pas à la hauteur, mais ils sont encore plus bas chez nos collègues des autres pays européens. En France, nous avons mieux résisté certainement parce que nous savons jouer la solidarité et parce que notre capacité à nous mobiliser est bien présente et finie par payer. Alors, oui, on est au plus bas, mais les jours meilleurs sont devant nous ».